Mozart et Haydn, on l’a vu, dominaient de la tête et des épaules l’époque précédente. Deux autres « Viennois » vont à leur tour imposer sans partage leur suprématie au moment où la musique fait son entrée dans un nouveau siècle. Ce sera d'abord Beethoven, le troisième (en date) des grands classiques viennois, un « Titan » qui, à travers son art, entendra s’adresser à l’humanité tout entière — présente et à venir — pour exprimer les sentiments et les aspirations les plus nobles du cœur humain, et dont la puissance créatrice va faire exploser les cadres fixés par la tradition, ouvrant des « chemins nouveaux » qui, près de deux siècles plus tard, étonnent encore par leur incroyable modernité.
Ce sera ensuite, et plus modestement, car il faudra beaucoup de temps pour qu’il soit admis au rang qui est le sien, le génial Schubert, un musicien qui, formé lui aussi dans le moule le plus classique, va développer un art infiniment personnel où les préoccupations d’ordre formel s’effaceront le plus souvent au profit de la spontanéité, de l’inspiration pure, de la sensibilité et du lyrisme, dans un esprit qui, à bien des égards, fera de lui la première grande figure du romantisme musical.
A côté de ces deux géants, les musiciens qui ont œuvré à la même époque, et parfois connu la gloire, sont pour la plupart impitoyablement relégués assez loin dans la mémoire collective. Une exception notable : Weber conserve une belle notoriété, liée principalement à son statut de créateur de l’opéra romantique allemand.
Paganini, lui non plus, n’a rien perdu de son aura particulière, qu’il doit surtout à son image de phénoménal virtuose. De son côté, Fernando Sor, privilège du spécialiste, reste un des piliers du répertoire guitaristique espagnol.
En revanche, et bien curieusement, des compositeurs aussi « solides » (voire savants) que Cherubini, Reicha ou Boëly n’ont droit qu’à une place fort modeste ; certains autres, comme Hummel et Field, qui ont pourtant tenu un rôle essentiel dans la chaîne conduisant de Mozart à Chopin, ne sont pas mieux lotis ; et il y a ceux, comme Arriaga et Pinto, disparus l’un et l’autre à l’âge de vingt ans, ou encore Jadin, qui promettaient beaucoup et n’ont pu que laisser un aperçu de leurs possibilités. Tous ceux-là, et bien d’autres encore (Spohr, Vorisek, Onslow …), entre tenants de la tradition classique et précurseurs du romantisme, méritent d’autant plus d’être évoqués qu’ils nous réservent de bien belles surprises musicales et enrichissent substantiellement notre perception de cette période charnière de l’histoire de la musique.
Juan Crisostomo Arriaga (1806-1826)
George Frederick Pinto (1785-1806)
Bernhard Henrik Crusell (1775-1838)
Michel Rusquet
14 juillet 2019
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