La Gazette musicale

musicologie.org —— 26e année,

Le pianiste Julian Travelyan, dix ans après

Jean-Marc Warszawski — Le 14 novembre dernier, le Conservatoire Rachmaninoff Paris et Michel Dalberto, dans le cadre de sa « carte blanche », conviaient le pianiste Julian Travelyan à se produire en récital.
Nous avons entendu, et vu par la même occasion, ou vice versa, Julian Travelyan il y a dix ans, dans un petit concours qui a peu duré, avec tout de même du beau monde au jury (Nikolaos Samaltanos, Nicolas Bacri, Michael Ertzscheid, Jean-Michel Bardez [président], Almira Emiri, Dimitri Tchesnokov, créateur du concours). Il était apparu sur scène très décontracté, voire un brin désinvolte, en tout cas sans maniérisme aucun

◆ Nouveautés oct.-nov. 2025

◆ Petites annonces

Concert « La vie des sons », Jeudi 4 décembre 2025, Paris

L'Echo) La Chapelle Musicale Reine Elisabeth étend ses activités au domaine d'Argenteuil: « Nous entrons dans la troisième dimension »

Les chroniques

Alfred Caron
Alain Lambert
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Jean-Luc Vannier
Jean-Marc Warszawski

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Sexe et opéra (XX.) : sacrilège

Frédéric Léolla — Le sexe sacrilège, c’est à dire celui qui enfreint les règles du sacré, peut sembler une curiosité pour une bonne partie du public actuel, voire une excuse un peu « facile » pour créer le conflit opératique. C’est oublier que les opéras du répertoire sont nés à des périodes où l’emprise de la religion était très forte, les limites imposées par le sacré étant perçues comme les plus infranchissables.
Souvent d’ailleurs, pour éviter le scandale, ce n’était pas à la religion du public (très majoritairement chrétien) qu’il était fait référence, mais à des religions que personne ne pratiquait plus (surtout la grecque ou la romaine) ou à des religions pratiquées bien loin, dans des contrées exotiques (Extrême-Orient de préférence).

La Kreislermania d'Amanda Favier et Élodie SoulardLa Kreislermania d'Amanda Favier et Élodie Soulard

Jean-Marc Warszawski — Nous avons eu l’occasion d’entendre Élodie Soulard en pas vrai dans Les Saisons de Piotr Illich Tchaïkovski, qu’elle a arrangées avec Yuri Shishkin et jouées pour le label Nomad Music, il y a trois ans, comme si c’était hier. Un collègue a eu le plaisir de l’entendre en vrai, dans la Petite messe solennelle de Rossini mise en scène, à Paris, Théâtre de l’Athénée où son accordéon remplaçait l’harmonium de l’instrumentation originale.

Macbeth (Tero Saarinen/Marko Nyberg) : en théâtre dansé et jonglé

Alain Lambert Macbeth d’après Shakespeare bien sûr, adapté en finnois par Michael Baran pour le chorégraphe finlandais Tero Saarinen. On l’avait découvert il y a presque trente ans, déjà dans le cadre des Boréales, le Festival nordique autour de Caen, avec un solo éblouissant sur le Sacre de Stravinsky. Il est revenu deux fois au théâtre de Caen, depuis. Et le revoilà dans cette adaptation jouée par trois comédiens, trois danseurs et un jongleur.

Sexe et opéra (xix. 18) : Lulu

Frédéric Léolla — Lulu, est l’amante du docteur Schön qui l’a rencontrée alors qu’elle exerçait la prostitution pour le compte du vieux Schigolch, premier amant ou père — le doute plane — de Lulu. Le riche docteur Schön l’a mariée au docteur Goll, puis à un peintre. Mais les deux maris successifs meurent à cause des trahisons de Lulu. Elle va forcer le docteur  Schön à se marier avec elle, malgré le rabaissement social que cela représente pour le riche docteur. Une fois mariée, elle va même arriver jusqu’à le tuer en tirant sur lui. Mais sa cohorte d’admirateurs, parmi lesquels Alwa, le propre fils du docteur Schön, va tout faire pour la tirer de prison. Elle sera

(Ministère de ma Culture) « Nouvelle Ère, Nouvel Air » : Rachida Dati, ministre de la Culture, annonce le lancement du concours international d’architecture pour la transformation et l’ouverture des espaces publics de l’Opéra Bastille

(La République du Centre) Inquiet, le monde de la culture du Loiret est suspendu au vote du budget de l'État

(RTBF) La pianiste Elisabeth Leonskaja ne jouera pas à Eindhoven, son concert a été annulé .

Pianiste cherche pianiste (Paris)

Chanteuse lyrique mezzo recrute pianiste bon déchiffrage

Violoncelle 7/8 rallongé, à la sonorité exceptionnelle à vendre (92)

Cours particuliers de piano au Havre

Faust de Gounod à la Wiener Staatsoper Faust de Gounod à la Wiener Staatsoper : lourde dyspepsie scénique

Jean-Luc Vannier — « Tout ce qui est excessif est insignifiant » se plaisait à dire Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord. Il est des metteurs en scène à l’ego surdimensionné — une pathologie assez répandue dans cette profession — et dont le travail scénographique, loin de s’évertuer à embellir l’œuvre comme l’aquarelle rehausse le croquis, s’échine, envers et contre tout, à faire passer leur ambassade personnelle. Pourquoi pas à la condition que cette dernière s’insère avec habilité dans l’ouvrage et qu’elle en devienne même la pointe aiguisée, le piment à l’image, oserons-nous dire, de « la sauce qui fait le rôti » : la communication du message sera d’autant plus réussie qu’elle ne dénature pas l’essence de l’opus.

conservatoire Rachmaninoff Paris Solo et duo au conservatoire Rachmaninoff Paris

Le 21 novembre 2025, le pianiste Ilan Zajtmann proposera un programme d'œuvres de Ludwig van Beethoven en prémisse du Concours international de Bonn en décembre prochain.
Le 5 décembre 2025, ils s'y mettront à deux dans un programme d'œuvres raffinées d'Ernest Bloch, Karol Szymanowsky, Maurice Ravel, avec la violoniste Élise Bertrand, qui jouera également de ses compositions, et le pianiste Gaspard Thomas.
Né en 2001 dans une famille de musiciens, Ilan Zajtmann a commencé l’apprentissage du piano avec son père dès l’âge de 3 ans. Il se familiarisa très tôt avec la scène. En 2014, il intégra le Conservatoire national supérieur de musique et de

Kallirhoe par le Wiener Staatsballett : la beauté et l’émotion à l’état chorégraphiquement purKallirhoe par le Wiener Staatsballett : la beauté et l’émotion à l’état chorégraphiquement pur

Jean-Luc Vannier — C'est à une triple invitation, à l’amour, à la beauté et à l’aventure, que le Wiener Staatsballett nous conviait, lundi 10 novembre, avec Kallirhoe, une pièce antique écrite par Chariton d’Aphrodise — écrivain grec du second siècle de notre ère — dont

Trio Musica humana : Martial Pauliat (ténor), Yann Rolland (contre-ténor), Igor Bouin (baryton) et Élisabeth Geiger (muselaar), From Byrd, messe à trois voix de Wiliam Byrd, interpolée de madrigaux et de pièces instrumentales de William Byrd, Thomas Weelkes, Thomas Tomkins, Giles Farnaby, Thomas Morley, John Johnson. Seulétoile 2025 (SE 12).

Musiques interdites : Acte[Six]Musiques interdites : Acte[Six], Samuel Hengebaert, David Lescot, pour ne pas oublier

Alain Lambert — Un cabaret berlinois dans les années 30, en hommage au Moulin à poivre ouvert en 1933 et interdit peu de temps après. Un pianiste de jazz joue en fond une « musique de papier peint », comme disent les deux meneuses de la revue. Elles vont nous conter l'histoire le roman « Les Amours de Chéréas et Callirhoé » conte l’histoire de deux jeunes amants originaires de Syracuse entraînés par de nombreuses péripéties exotiques jusqu’aux confins de l’Orient. Sous le titre Of Love and Rage, la création mondiale eut lieu en 2020 à New York par l’American Ballet Theatre peu avant que les théâtres ne soient contraints de fermer en raison de la pandémie de Covid 19.

Sexe et opéra (XIX 17.) : Adiós a la bohemia

Frédéric Léolla — orozábal, un des plus notables compositeurs espagnols de zarzuelas, pilier du renouveau du genre dans les années 1920, s’attache ici à deux pauvres êtres, deux jeunes qui ont « mal tourné » : Ramón, le peintre qui n’a pas réussi à faire carrière et Trini, la fille qui a voulu profiter de sa jeunesse et a fini « sur le trottoir ». Comme si le public assistait à une dernière rencontre, une sorte de « 10 ans après », de Musetta et Marcello, les personnages de La Bohème de Puccini et Illica et Giacosa.

Vyacheslav GryaznovLe pianiste Vyacheslav Gryaznov chez Rachmaninoff Paris

Jean-Marc Warszawski — Le 17 octobre dernier, le conservatoire Rachmaninoff de Paris présentait le premier concert d’un nouveau cycle « Cartes blanches », pour la programmation duquel les invités sont proposés par des musiciens éminents proches du Conservatoire. Ainsi, pour cette soirée inaugurale, nous avons découvert le phénomène Vyacheslav Gryaznov. Par ailleurs, Michel Dalberto a proposé le pianiste Julian Trevelyan (14 novembre), Karine Deshayes fera découvrir le baryton-basse Alexandre Baldo (23 janvier 2026).
Une soirée pleine de tiroirs. D’abord parce que nous retrouvons des personnes que nous avions l’habitude de côtoyer à trois kilomètres de là, de l’autre côté de la Seine. Que, depuis notre dernière visite au Conservatoire « russe », tout semble avoir changé, le lieu passé en la propriété de la ville de Paris a été totalement réhabilité, il a pris il est vrai un petit coup de jeunesse et semble habité d’une volonté d’animation conviviale, sous la houlette d’Arnaud Frilley, directeur et Stephan Gaubert, directeur artistique et des études.

Les cédés

Couleurs du baroque, Bach, Vivaldi, Händel, Bononcini, Alexis Vassiliev (contralto),

Couleurs du baroque, Bach, Vivaldi, Händel, Bononcini, Alexis Vassiliev (contralto), Philippe Foulon (viole d'amour), Emer Buckley (clavecin), Olivier Dekeister (orgue), Gaëtan Jarry ...

La Forqueray, François « Movézom » Malandrin (batterie), Jean-Philppe Viret (contrebasse), Boris Blanchet (saxophone), 10 pièces inspirées du Livre pour viole (1747) d'Antoine Forqueray. La troisième voix 2025.

Le grand embrasement, Music for a madking, ensemble à vent Into the Winds, anonymes, Magister Grimace, Johannes Haucourt, Richard de Bellengues (Cardot), etc., Ricercar 2025 (RIC 476).

Martinez Yseult, Händel et ses héroïnes : un imaginaire de la puissance des femmes. « Lire le xviie siècle » (88), Classiques Garnier. Paris 2025 Les héroïnes de Händel dans leur contexte

Frédéric Léolla — La supposée médiocrité des livrets d’opéra est un des lieux communs les plus tenaces et les plus répandus parmi le public. Pourtant les compositeurs que nous admirons ont écrit leurs musiques sur ces livrets et pour répondre aux enjeux que ces livrets mettaient en place.
Ce lieu commun est encore plus coriace quand on parle de l’opéra de la première moitié du xviiie siècle, l’opéra de style napolitain caractérisé par l’alternance d’airs et de récitatifs, dont les livrets sont particulièrement décriés de nos jours. Mais, de par cette conception chaque œuvre risque d’être réduite à une

Eine Kindermusik, die gar nicht so kindlich istEine Kindermusik, die gar nicht so kindlich ist

Jean-Marc Warszawski — Le pianofortiste Florent Albrecht, et les encyclopédistes de l’ensemble l’Encyclopédie qu’il dirige, ont donné, le 20 octobre dernier, Salle Gaveau, un concert intitulé Kindermusik, qu’on prononce, une fois la frontière passée : Musique pour les enfants. Le programme, consacré à Leopold Mozart père et à Wolfgang Wolfgang Amadeus Mozart fils, indique bien qu’il y a un enfant quelque part, ou peut-être le titre fait-il référence à la Symphonie des jouets qui ouvre le concert, œuvre de Leopold Mozart, musicien apprécié et professeur renommé, une symphonie nommée en allemand Kindersymphonie, Symphonie des enfants.

 

L’Iphigénie en Tauride expressionniste de Wajdi Mouawad et Louis LangréeL’Iphigénie en Tauride expressionniste de Wajdi Mouawad et Louis Langrée

Alfred Caron — Commençons par ce qui fâche (ou à tout le moins, agace un peu) :  ce prélude théâtral que le metteur en scène a cru bon d’intercaler entre l’ouverture et la première scène, où il transpose le mythe d’Iphigénie et l’histoire de la récupération par Oreste et Pylade de la statue volée de Diane dans un musée de la Crimée actuelle sous le joug russe. Passons ! Outre qu’il n’est que d’une pertinence limitée, ce prologue a l’inconvénient de briser l’unité de l’œuvre et l’on devine que si la cérémonie funèbre qui clôt le premier acte a été écourtée de sa partie chorale, c’est parce que le temps qui aurait dû lui revenir, a été utilisé par cette relecture tendancieuse.

 

La Damnation de Faust vue par Silvia Costa« Épisodes de la vie d’un artiste » : La Damnation de Faust vue par Silvia Costa

Alfred Caron — Berlioz lui-même ne voyait pas La Damnation de Faust comme un opéra et lui donna du reste le sous-titre de « légende dramatique », la destinant au concert. Le livret n’offre pas de continuité et les scènes qui le composent jouent d’ellipses pour faire avancer l’action. Silvia Costa l’a bien compris et sa mise en scène minimale s’ancre sur une approche dramaturgique où l’on croit percevoir une sorte de vision « autobiographique » du compositeur, en quelque sorte « les épisodes de la vie d’un artiste ». Son Faust est

Jean-Michel Nectoux (éditeur), Lettres à Marie (1882-1924) : la correspondance inédite de Gabriel Fauré avec son épouse. « Correspondances / Musique », Le Passeur, Paris 2024 (576 p. ; ISBN 978-2-38521-019-9 ; 25,00 €].

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Les livres

Brigitte François-Sappey, Clara Schumann : une icône romantique. « Les grandes biographies », Le Passeur Éditeur, Paris 2023 [ 328 p. ; ISBN 978-2-36890-975-1 ; 17 €].

Groupe Culture du Réseau salariat, Pour une sécurité sociale de la Culture. « Les cahiers du salariat », Éditions du Croquant, Vulaines-sur-Seine 2024 [312 p. ; ISBN 978-2-365-12430-7, 15 €].

Cahiers Maria szymanowska (6), hiver-printemps 2025 : « Stéréotypes et préjugés », Société Maria Szymanowska, Paris 2025 [ISNN 2803-4589]

Cahiers Maria szymanowska (6), hiver-printemps 2025 : « Stéréotypes et préjugés », Société Maria Szymanowska, Paris 2025 [ISNN 2803-4589].

 

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