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Jean-Marc Warszawski, 18 août 2025

Les frères Guerchovitch homaginent Maurice Ravel

David Guerchovitch (violon), Slava Guerchovitch (piano), Ravel imaginaire, Sonate pur violon no 2, en sol majeur ; Ma mère l'Oye (pour piano), Tzigane. Odradek 2025 (odrcd 464).

David Guerchovitch (violon), Slava Guerchovitch (piano), Ravel imaginaire, Sonate pour violon no 2, en sol majeur ; Ma mère l'Oye (pour piano), Tzigane. Odradek 2025 (odrcd 464).

Enregistré les 5-9 septembre 2022, auditorium Rainer III, Monaco.

Les frères Guerchovitch, David le traditionaliste, qui perpétue une dynastie de violonistes, Slava, le rebelle qui s’émancipe avec le piano, reprennent pour cet album, sans le vouloir, je suppose, le titre d’un ouvrage collectif de Karol Beffa, Guillaume Métayer et Aleksi Cavaillez de 2019, « Ravel, un imaginaire musical » (Delcourt), étant entendu, que le « Ravel imaginaire » n’est pas un Ravel qu’ils imaginent, mais à l’imagination duquel ils rendent hommage, à l’occasion de son cent-cinquantième anniversaire dont il a soufflé les bougies le 7 mars dernier.

Il ont enregistré un programme symétrique : La seconde sonate pour violon et piano, Ma mère L’Oye, transcrite pour piano par Jacques Charlot, Tzigane, pour violon, et piano. Trois chefs-d’œuvre, Maurice Ravel n’a d’ailleurs rien composé d’autre.

Dans les notes d’intention, qu’elle a rédigées, on n’est jamais mieux servi que par soi-même, la fratrie déclare avoir décidé de redécouvrir ces trois œuvres en « ignorant les amalgames de tradition et de notes éditoriales du siècle passé, afin d’essayer d’éprouver et de comprendre l’imaginaire de Maurice Ravel, en toute pureté et en restant fidèle l’esprit du compositeur ».

On pourrait ergoter sur la contradiction qu’il y a, entre cette tentative de comprendre, et la fidélité à un esprit dont on devrait normalement avoir tout compris. Ou sur le bien-fondé d’une telle psychologisation des compositeurs à travers leur musique. Si le défaut d’humilité est bienvenu, la naïveté l’est moins : le rôle de l’interprète comme passeur du génie du compositeur et de sa vérité est une vieille histoire qui date du début du métier d’interprète non compositeur de son programme.

Cela augure d’une certaine approche intellectuelle, une impression renforcée par les photographies du livret, représentant les deux frères devant une belle bibliothèque ancienne dans une attitude pensive, regards dans le lointain, le menton entre pouce et index…

Malgré ces notes d’intention, il faut le dire, un peu téléphonées, et l’image passéiste du graphisme du livret, c’est là une belle prestation qui fait honneur au génie musical et à la virtuosité d’écriture unique de Maurice Ravel. Un piano magnifié par sa clarté, son aisance dans les traquenards virtuoses, sa superbe sonorité. Un violon qui n’est pas en reste, mais qui, quant à nos attentes, est un peu trop obéissant à la note.

En fait, quand une œuvre est offerte au public, elle appartient à son imaginaire et à celui des interprètes, qui la défendent d’autant mieux, qu’ils ont quelque chose à en montrer, d’eux-mêmes.

David et Slava Guerchovitch, Sonate pour violon no 2, en sol majeur , II. « Blues », Bakou, Festival Uzeyir Hajibeyov 2022.

plume_07 Jean-Marc Warszawski
18 août 2025


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Dimanche 17 Août, 2025 20:12