L'Opéra des gueux, chansons et airs originaux, Patricia Kwella (soprano), Paul Elliot (ténor), The Broadside Band : Jeremy Barlow (flûtes, clavecin), Alastair McLachlan (violon, rebec), Rosemary Thorndycraft (basse de viole, cornemuse), George Weigand (luth, guitares, cithare, mandoline), sous la direction de Jeremy Barlow. Harmonia Mundi 1982.
Face A : Cold and Row, Over The Hills And Far Away, Oh,The Broom, Would You Have A Young Virgin, What Shall I Do To Show How Much I Love Her.L'Opera des gueux n'est pas un opéra au sens moderne du terme, mais une pièce de John Gay (1685-1732) entremêlée de plus de soixante courtes chansons. Il fut d'abord produit à Londres en 1728 en réaction contre l'opéra italien händélien et contient de nombreuses piques satiriques contre les mœurs corrompues sous le gouvernement de Robert Wal pole.
Les chansons de l'Opéra des Gueux sont de simples chants populaires de l'époque, choisis par John Gay qui en changea les paroles. Elles furent harmonisées et arrangées pour cette œuvre par le directeur musical de la pièce, le compositeur d'origine allemande (et naturalisé anglais), Johann Christoph Pepusch (1667-1752). La partition et les parties vocales ont été perdues, mais les harmonisations de Pepusch ont été conservées comme ligne de basse des mélodies dans la troisième édition de l'opéra (1729).
Gay combine un don poétique pour écrire des textes de premier ordre et un excellent goût musical. Les airs proviennent de sources très variées, mais ils sont presque tous de grande qualité. Certains ont pu être attribués à des compositeurs bien connus tels que Purcell (Face 1 no 5) et Händel, ou à d'autres moins importants comme Clarke, Eccles et Leveridge. Il est beaucoup plus difficile de déterminer l'origine des airs anonymes. Certains semblent avoir été relativement nouveaux à l'époque (Face 1 no 4, Face 2 no 2) ; d'autres, comme Greensleeves (Face 2 no 4), remontent à l'époque élisabéthaine et ont souvent subi un fascinant processus de développement et de modification au cours des ans. Il y a de nombreux airs que l'on suppose écossaises (Face 1 nos 1 à 3, Face 2 no 3), reflétant la mode de la musique et de la poésie écossaises dans l'Angleterre de cette période, et aussi quelques mélodies françaises (Face 2 no 1). Ce disque illustre l'évolution de neuf airs ; les titres des sections, à l'exception de « Charming Billy », sont ceux que Gay donna aux chansons dans les éditions imprimées de l'opéra1.
Cette pièce montre un procédé de réversion· répandu dans la musique folklorique éco aise: un air de danse animé (Stingo) est ralenti, tout en subissant deS' changements mélodiques, pour devenir une chanson lyrique (The Farmer's Daughter ou Cold and Raw), sans reprendre les rudesses instrumentales de la mélodie Stingo. Dans l'Opéra des Gueux, cet air est chanté par Mme Peachum, la femme d'un avocat corrompu. Elle vient de dire à son mari qu'un homme sur le chemin de la potence semble exercer une attirance particulière sur les femmes. La version finale est de William McGibbon qui était connu comme compositeur et comme violoneux à la fois classique (« style élevé ») et folklorique (« style inférieur ») en Écosse au XVIIIe siècle.
Cet air énormément populaire adapté à plusieurs textes différents fut aussi, comme beaucoup d'airs anglais, très aimé en Amérique. La version de l'Opéra des Gueux est chantée au cours d'une scène d'adieu prolongée entre le héros (ou antihéros), le voleur de grand chemin Captain Macheath, et Polly, la fille de Mme Peachum.
Un autre air qui illustre le procédé de ralentissement évoqué plus haut. Comme de nombreux airs de danses écossais, « The Broom » et « Over the Hills » ne se terminent pas sur la tonique et sonnent, de ce fait, non conclusifs. Cette caractéristique peut avoir plusieurs raisons : l'intention d'introduire la répétition de la mélodie, la nécessité de l'harmoniser avec le bourdon de cornemuse qui se situe une quarte au-dessous de la tonique et qui sonnerait non conclusif avec la tonique, et parfois nos oreilles qui, habituées seulement aux modes de majeur et mineur, interprètent mal la tonique. Dans l'Opéra des Gueux, ce chant termine le premier acte et aussi la scène d'adieu mentionnée plus haut.
Cette section offre un exemple inattendu du chemin parcouru dans l'évolution d'un air: une version du poète et compositeur suédois très aimé du XVIIIe siècle, Carl Michael Bellman. L'arrangement utilise l'instrument dont Bellman jouait luimême, le cistre à cordes métalliques. Un autre aspect curieux de cet air est son étroite parenté harmonique avec Over the Hills. Dans l'Opéra des Gueux, c'est l'un des chants où Gay reprend en partie les paroles originales bien connues ; ici, il raffine et adoucit la ballacle de D'Urfey, Would You Have a Young Virgin. Elle est chantée par Macheath qui, après avoir rencontré ses complices, soliloque sur le besoin d'une présence féminine. Pour finir, nous entendons une version écossaise tirée du Caledonian Pocket Companion, importante collection de mélodies écossaises et parfois anglaises, rassemblées et publiées par James Oswald (vers 1711-1769) qui en écrivit maintes variations de qualité. Oswald naquit en Écosse, mais passa la plus grande partie de sa vie à Londres. Ce compositeur talentueux a souvent été supposé être l'auteur de plusieurs « airs populaires » écossais dits « traditionnels».
Gay remplace les paroles de Purcell — expression conventionnelle de langueur — par une vue cynique sur l'importance de la virginité, chantée par la matérialiste Polly Peachum. Bien que Pepusch modifie un peu les harmonies de Purcell, les deux versions restent musicalement semblables.
Face B
Cet air, aujourd'hui connu comme Noël français traditionnel, était probablement familier à Gay dans sa version de Pills to Purge Melancholy (plus de trente airs de !'Opéra des Gueux ont été imprimés dans ce recueil), où il apparaît avec les paroles françaises et anglaises comme « une chanson à boire, à la louange de nos trois fameux Généraux ». Gay a repris les trois premiers mots, « Fill ev'ry glass », pour sa chanson, mais ensuite le texte diffère. Elle est chantée par un membre de la bande de Macheath, Matt of the Mint, durant la réunion qui précède le chant « If the heart of a man is depressed with cares » (Face A no 4).
L'un des quelques chants qui ne portent pas de titre dans l'opéra. La musique semble être apparue quelques années avant la production de l'Opéra des Gueux sous la forme d'une chanson appelée Charming Billy, dans l'une de ces feuilles de chansons imprimées à la va-vite que l'on trouvait à l'époque. Elles étaient les descendantes des Broadside ballads et les ancêtres des pop songs du XXe siècle. La partie de basse était souvent maladroite ou mal imprimée, mais j'ai conservé celle-ci telle quelle, malgré la progression curieuse du cinquième vers de chaque strophe. Après un autre exemple de variations de James Oswald vient la version de !'Opéra des Gueux, chantée par Polly Peachum lors d'une dispute avec sa rivale pour l'amour de Macheath, Lucy Lockit.
À juste titre l'une des chansons écossaises les plus connues en Angleterre au XVIIIe siècle. Les paroles sont de Allan Ramsey dont le recueil The TeaTable Miscellany (1723) contribua largement à populariser ce genre en Angleterre. Ramsey écrivit aussi The Gentle Shepherd, une pièce avec des chansons adaptées à des airs écossais qui précéda et influença la conception de l'Opéra des Gueux. La chanson se situe à un moment émouvant de la pièce : Macheath a été emprisonné et a séduit la fille du geôlier, Lucy Lockit. Celle-ci l'aide à s'évader puis, seule sur la scène, termine le second acte avec « I like the fox shall grieve ». Les harmonisations de Pepusch sont éton namment statiques ; dans d'autres chants également, il semble avoir rencontré des difficultés pour marier les airs traditionnels anglais avec une basse continue baroque.
La version de Greensleeves que nous connaissons aujourd'hui est en fait la plus ancienne version de la mélodie (fin XVIe siècle) qui nous soit parvenue ; elle fut redécouverte au XIXe siècle par William Chappell. À cette époque, Greensleeves, bien qu'étant déjà un air populaire, était mieux connu dans une version semblable à celle de l'Opéra des Gueux. Il donna aussi naissance à de nombreuses variantes populaires, dont les « jigs » irlandaises de cet enregistrement. Dans l'Opéra des Gueux, il est chanté par Macheath, rendu furieux et agressif par sa con damnation à mort.
La version originale de Greensleeves est basée sur une basse obstinée italienne ou suite d'accords, le Passamezzo antico, qui servit de base à des milliers de mélodies traditionnelles à travers l'Europe. Toutes les autres versions de Greensleeves, de cette époque ou légèrement postérieures, sont basées sur une autre basse obstinée très proche, la Romanesca (le premier accord devient le relatif du majeur au lieu de la tonique du mineur). La version la plus familière aujourd'hui peut donc avoir été en fait une variante inhabituelle à l'époque.
Jeremy Barlow
1. Les versions de l'Opéra des Gueux, toutes extraites de la troisième édition de l'opéra (1729) dans des arrangements pour voix et basse Continue de J.C. Pepusch, sont ici accompagnées par le clavecin et la basse de viole.
Cold and Raw the North did blow,
Bleak in the Morning early ;
Ali the Trees were hid in Snow,
Dagl'd by Winter yearly :
When corne Riding over a Knough,
I met with a Farmer's Daughter;
Rosie Cheeks and bonny Brow,
Good faith made my Mouth to water.
Down I vail'd my Bonnet low,
Meaning to shew my breeding ;
She return'd a graceful bow,
A Visage far exceeding:
I ask'd her where she went so soon,
And long'd to begin a Parly ;
She told me unto the next Market Town,
A purpose to sell her Barly.
In this purse, sweet Soul, said I,
Twenty pounds lie fair/y;
Seek no farther one to buy,
For /'se take ail thy Barly :
Twenty more shall buy Delight,
Thy Persan I Love so dearly ;
If thou wouldst stay with me ail Night,
And go home in the Morning early.
If Twenty pound could buy the Globe,
Quoth she, this l'd not do, Sir ;
Or were my Kin. as poor as Job,
Iwo 'd not raise 'em so, Sir:
For should I be to Night your friend,
West get a young Kid together;
And you'd be gone ere the nine Months end,
And where should I find a Father ?
I told her I had Weddded been,
Fourteen years and longer ;
Or else l'd choose her for my Queen,
And tie the Knot much stronger :
She bid me then no farther rome,
But manage my Wedlock fairly ;
And keep Purse for poor Spouse at home,
For some other shall have her Barly.
c. Beggar's Opera version
Mrs. Peachum
If any wench Venus's girdle wear,
Though she be never so ugly,
Lilies and roses will quickly appear,
And her face look wondrous smugly.
Beneath the left ear to fit but a cord
(A rope so charming a zone is !),
The youth in his cart hath the air of a
lord,
And we cry, « There dies an Adonis ! »
d. Up in the Moming Early, set for violin and continuo by William McGibbon (c.1695-1756) in his Collection of Scots Tunes, 1742.
Froid et rude, le vent du nord soufflait,
Désert à l'aube ;
Tous les arbres étaient cachés sous la neige,
Tourmentés chaque année par l'hiver.
Comme je franchissais à cheval une hauteur,
Je rencontrai la fille d'un paysan;
Joues roses et jolie mine,
Ma foi ! Je brûlais de désir.
Je balançai mon chapeau très bas,
Pour montrer ma bonne éducation ;
Elle me répondit par une gracieuse révérence
Qui surpassait de loin tous les saluts.
Je lui demandai où elle allait si tôt,
Et désirai entamer la conversation ;
Elle me dit, au village le plus proche,
Pour y vendre son orge.
Dans ce sac, joli cœur, dis-je,
Reposent tranquillement vingt livres ;
Ne cherche plus d'acheteur,
Je prendrai toute ton orge.
Vingt de plus achèteront le plaisir,
J'aime tant ta personne ;
Si tu voulais rester toute la nuit avec moi,
Et rentrer chez toi tôt le matin.
Si vingt livres pouvaient acheter le globe,
Dit-elle, je ne le ferais pas, Monsieur;
Si mes parents étaient pauvres comme Job,
Je ne leur ferais pas cela, Monsieur;
Car si j'étais ta compagne cette nuit,
Nous engendrerions tous deux un enfant ;
Et tu serais loin à la fin des neuf mois,
Et où trouverais-je un père ?
Je lui dis que j'avais été marié,
Quatorze ans et plus,
Sinon je l'aurais choisie pour Reine,
Et renforcé nos liens :
Elle me demanda de ne plus la suivre,
Mais de prendre honnêtement soin de mon mariage ;
Et de garder la bourse pour la pauvre épouse à la maispn,
Car un autre aurait son orge.
c. Version Opéra des gueux
Mrs. Peachum
Si une jeune fille portait la ceinture de Venus,
Aussi laide qu'elle soit,
Lys et roses apparaîtraient aussitôt,
Et son visage serait merveilleusement embelli.
Sous l'oreille droite, juste une corde nouée
(une corde est un anneau si plein de charme !),
Le jeune homme sur la charrette a l'air d'un seigneur,
Et nous crions, « Ici meurt un Adonis ».
Macheath
Were I laid, on Grèenland's coast,
And in my arms embraced my lass,
Warm amidst etemal frost,
Too soon the halfyear's night would pass.
Were I sold on lndian soil
Soon as the burning day was closed,
I could mock the sultry toil,
When on my charmer's breast reposed.
Macheath
And I would love you ail the day,
Polly
Every night would kiss and play,
Macheath
If with me you'd fondly stray
Polly
Over the hills and far away.
c. Over the hills and far away, melody from an American ms. of country dance tunes c.1780.
d. The wind has blown my plaid away, flageolet tablature in Drexel ms (1700-1750), New York Public Library
Macheath
Si j'étais sur les côtes du Groënland,
Et tenais dans mes bras ma bien-aimée,
La chaleur au milieu du froid éternel,
La nuit de six mois passerait trop vite.
Polly
Si j'étais vendue comme esclave en Inde,
Dès que le jour brûlant serait fini,
Je pourrais me moquer du travail accablant,
Si je reposais sur le sein de mon bien-aimé.
Macheath
Et t'aimerais tout au long du jour,
Polly
Chaque nuit embrasser et jouer,
Macheath
Si tu venais tendrement avec moi,
Polly
Au-delà des collines et bien plus loin.
How blithe was I ilk mom to see
My swain corne o'er the hill.
He leap'd the bum and flew to me ;
1 met him with good will.
Oh, the broom, the honnie, honnie broom,
The broom o' the Cowdenknowes ;
I wish I were wi my dear swaîn,
Wi his pipe and my ewes.
I neither wanted ewe nor lamb,
While his jlock near me lay ;
He gather'd in my sheep at night,
And cheer'd me a' th .day.
Oh, the broom, etc.
While thus we spent our time by tums,
Betwist our jlocks and play,
I envied not the fairest dame,
tho ne'er so rich and gay.
Oh, the broom, etc.
Macheath
The miser thus a shilling sees,
Which he's obliged to pay ;
With sighs resigns it by degrees,
And fears 'tis gone for aye.
Polly
The boy thus, when his spallow's flown,
The bird in silence eyes ;
But soon as out of sight 'fis gone,
Whines, whimpers, sobs, and cries.
Avec quelle joie je voyais chaque matin
Mon aimé chevaucher sur la colline.
Il sautait par-dessus la rivière et se hâtait vers moi ;
Je le retrouvais volontiers.
Oh, le genêt, le joli, joli genêt,
Le genêt des collines de Cowden ;
Je voudrais être avec mon cher amoureux,
Avec sa pipe et mes brebis.
Ni brebis ni agneau ne me manquaient
Quand son troupeau était près de moi ;
Il rassemblait mes brebis à la nuit,
Et me réjouissait tout le jour.
Oh, le genêt, etc.
Tandis que nous passions ainsi notre temps
Entre nos troupeaux et nos jeux,
Je n'enviais pas la plus belle des dames,
Aussi riche et heureuse qu'elle soit.
Oh, le genêt, etc.
Macheath
L'avare regarda ainsi le shilling
Qu'il devait payer,
En soupirant, il le sortit lentement,
Et craignis qu'il parte pour toujours;
Polly
Ainsi l'enfant, quand son moineau s'est envolé,
A regardé l'oiseau en silence.
Mais dès qu'il l'a perdu de vue,
Il gémit, se plaint, sanglote et pleure.
Would ye have a young Virgin of fifteen Years,
You must tickle her Fancy with sweets and dears,
Ever toying, and playing, and sweetly, sweetly,
Sing a Love Sonnet, and charm her Ears:
Wittily, prettily talk her down,
Chase her, and praise her, if fair or brown,
Sooth her, and smooth her,
And teaze her, and please her,
And touch but her Smicket, and all's your own.
Do ye fancy a Widow well known in a Man ?
With a front of Assurance corne boldly on,
Let her rest not an Hour, but briskly, briskly,
Put her in mind how her Time steals on;
Rattle and prattle although she frown,
Rowse her, and towse her from Mom to Noon,
Shew her some Hour y'are able to grapple,
Then get but her Writings, and all's your own.
Do ye fancy a Punk of a Humour free,
That's kept by a Fumbler of Quality,
You must !rail at her Keeper, and tell her, tell her
Pleasure's best Charmis Variety,
Swear her much fairer than ail the Town,
Try her, and ply her when Cully 's gone,
Dog her, and jog her,
And meet her, and treat her,
And kiss with two Guinea's, and all's your own.
Macheath
If the heart of a man is depressed with cares,
The mist is dispellet!, when a woman appears;
Like the note a fiddle, sh'e sweetly, sweetly
Raises the spirits, and charms our ears.
Roses and lilies her cheeks disclose,
But her ripe lips are more sweet than those.
Press her,
Caress her;
With blisses,
Her kisses
Dissolve us in pleasure, and soft repose.
e. Saw ye a Lassie of fifteen years, extemporised, from melody and variation in James Oswald's Caledonian Pocket Companion, c. 1745.
Si tu veux conquérir une jeune vierge de quinze ans,
Tu dois l'attirer par des mots caressants,
Toujours badinant, et jouant, et doucement, doucement,
Lui chanter une chanson d'amour, pour flatter ses oreilles
Persuade-la avec esprit et grâce,
Poursuis-la, fais sa louange, blonde ou brune,
Rassure-la, et apaise-la,
Taquine-la, et fais lui plaisir,
Et touche seulement son corsage, et elle est à toi.
Es-tu attiré par une veuve qui connaît les hommes ?
Aborde la hardiment avec un front assuré ;
Ne lui laisse pas une heure de répit mais vivement, vivement
Fais-lui comprendre que son temps passe;
Parle et bavarde, même quand elle fronce les sourcils,
Secoue-la, décoiffe-la du matin jusqu'à midi,
Puis montre-lui une petite heure, où tu lui permets de partir
Procure-toi alors ses-papiers, et elle est à toi.
Es-tu attiré par une femme facile,
Entretenue par un lourdaud de qualité ?
Moque-toi de son gardien, et dis-lui, dis-lui,
Le plus grand charme du plaisir est la variété,
Jure qu'elle est la plus belle de la ville,
Tourmente-la et poursuis-la quand le nigaud n'est pas là,
Attache-toi à ses pas, épie-la,
Et retrouve-la, et régale-la,
Et embrasse-la avec deux livres, et elle est à toi.
Macheath
Si le cœur d'un homme est accablé de soucis,
Le brouillard se dissipe quand une femme apparaît ;
Comme les notes d'un_violon, doucement, doucement,
Elle apaise les esprits et charme nos oreilles.
Ses joues sont de rose et de lys,
Mais ses lèvres vermeilles sont beaucoup plus douces.
Presse-la,
Caresse-la,
Avec bonheur
Ses baisers
Nous apportent le plaisir et un doux repos.
Polly
Virgins are like the fair flower in its luster,
Which in the garden enamels the ground ;
Near it the bees in play flutter and cluster,
And gaudy butterflies frolic around.
But, when once plucked, 'tis no longer alluring,
To Covent Garden 'tissent (as yet sweet),
There fades, and shrinks, and grows past ail enduring,
Rots, stinks, and dies, and is trod under feet.
What shall I do to show how much I love her ?
How many millions of sighs can suffice ?
That which wins other hearts never can ,nove her ;
Those common methods of love she'Il despise.
I will love more than man e'er lov'd before me,
Gaze on her ail the day and melt ail the night ;
Till for her own sake at fast she'll implore me
To love her less to preserve our delight.
Since Gods themselves could not ever be loving,
Men must have breathing recruits for new joys ;
I wish my love could be always improving,
Though eager love more than sorrow destroys.
In fair Aurelia's arms leave me expiring,
To be embalm'd by the sweets of her breath ;
To the last moment l'll still be desiring :
Never had hero so glorious a death.
Les vierges sont comme la fleur gracieuse, dans tout son éclat
Qui dans le jardin orne le sol ;
Près d'elle les abeilles en s'amusant bourdonnent et voltigent,
Et les papillons multicolores volètent tout autour.
Mais une fois cueillie, elle perd son charme,
Elle est envoyée à Covent Garden (encore fraîche),
Là elle se fane, et dépérit, et perd tout son attrait,
Elle se décompose, empeste, et meurt, et elle est piétinée.
Que puis-je faire pour montrer combien je l'aime?
Combien de millions de soupirs peuvent suffire?
Ce qui gagne les autres cœurs n'arrive jamais à l'émouvoir ;
Elle méprise les marques habituelles d'amour.
Je l'aimerai plus qu'aucun homme n'a jamais aimé,
La contemplerai tout le jour et l'attendrirai toute la nuit.
Jusqu'à ce qu'à la fin, pour elle-même, elle me supplie
De l'aimer moins pour préserver notre plaisir.
Puisque les dieux eux-mêmes ne peuvent aimer sans cesse,
Les hommes doivent prendre l'air pour de nouvelles joies,
Je voudrais que mon amour grandisse toujours,
Bien que l'amour ardent soit plus destructeur que la douleur
Dans les bras de la belle Aurelia laissez-moi mourir,
Pour être embaumé par la douceur de son souffle ;
Jusqu'au dernier moment je désirerai encore:
Jamais héros n'eut mort si glorieuse.
Shepherds, listen to the angelic music
of the Great God's angels.
A Lord, peaceful and gentle,
Is just born in this place.
Let us mingle our voices with the angels and praises
Let us sing to this child :
In a crip he lays
Poorly swaddled in his napkins.
Peace we shall enjoy on earth without war
In a great faith.
Let us follow the Holy Law
Of Gad who throws the thunder.
Matt of the Mint :
Fill ev'ry glass, for wine inspires us,
And fires us
With courage, love, and joy.
Women and wine should life employ.
Is there aught else on earth desirous ?
Bergers, écoutez la musique angélique
Des anges du grand Dieu,
Il vient de naître dans ce lieu
Un Seigneur doux et pacifique.
Mêlons nos voix avec les anges et louanges
Chantons à cet enfant ;
Dans une crèche pauvrement
Il est enveloppé de langes.
La paix nous aurons sur la terre sans guerre
Dans une grande foi
Observons bien la sainte loi,
Du Dieu qui lance le tonnerre.
Remplis tous les verres, car le vin nous inspire,
Et nous enflamme
De courage, d'amour et de joie.
Les femmes et le vin devraient emplir la vie.
Y a-t-il sur terre chose plus désirable?
When the hills and lofty mountains
And the vales were hid in snow,
By a murm'ring crystal fountain
Where the lonely waters flow,
There fair Flora sat complaining
At the absence of her Swain,
Crying Billy, constant Billy,
Must we never meet again.
She who sang so sweet and charming
Made the lofty skys rebound.
Gods in pity hear her ditty
And like Mortals her surround.
Cupid and the Queen of Beauty
Promis'd to bring back the swain,
Saying Flora, love/y creature,
Billy shall corne home again.
When the winter storms are over
He shall then retum to you ;
On the banks of pinks and lilies
You your pleasures shall renew.
To the tabor lambs shall caper,
Larks and linnets they shall sing :
Welcome Billy, charming Billy,
Welcome dearest home again.
Cease your funning ;
Force or cunning.
Never shall my heart trepan.
All these sallies
Are but malice
To seduce my constant man.
'Tis most certain,
By their fiirting
Women oft have envy, shown :
Pleased, to ruin
Others wooing,
Never happy in their own !
Quand les collines et les hautes montagnes
Et les vallées étaient cachées sous la neige,
Près d'une bruissante source cristalline
Où les eaux coulaient solitaires,
La belle Flora s'assit pour se plaindre
De l'absence de son bien-aimé,
Criant Billy, fidèle Billy,
Nous reverrons-nous jamais ?
Elle chantait de façon si douce et si charmante
Que les cieux répondirent.
Les dieux furent apitoyés par sa chanson
Et l'entourèrent comme des mortels.
Cupidon et la Reine de la Beauté
Promirent de ramener son bien-aimé,
Disant Flora, délicieuse créature,
Billy reviendra à la maison.
Quand les tempêtes hivernales seront finies,
Alors il te reviendra ;
Sur les talus couverts.d'œillets et de lys
Vous renouvellerez votre plaisir.
Les agneaux bondiront au son du tambour,
Les alouettes et les linottes chanteront :
Bienvenue Billy, charmant Billy,
Bienvenue, très cher, de retour à la maison.
Laisse tes plaisanteries;
Ni la force ni la ruse
Ne séduiront mon cœur.
Toutes ces boutades
Ne sont que ruses
Pour séduire mon homme fidèle.
Il est certain
Que par leur coquetterie
Les femmes ont souvent montré leur envie :
Heureuses de détruire
L'amour des autres,
Jamais satisfaites du leur !
The Lass of Patie's Mill
So bonny, blyth and gay
In spite of ail my skill
She stole my heart away.
When tedding of the hay,
Bareheaded on the green
Love midst her locks did play
And wanton'd in her e'en.
Her arms white, round and smooth,
Breasts rising in their dawn
To age it would give youth
To press 'em with his hand
Thro' al! my spirits run
An extasy of bliss
When I such sweetness found
Wrapt in a balmy kiss.
Oh ! Had I ail the wealth
Hopeton's high mountains fil!
Insured long life and health
And pleasure at my will
l'd promise and fulfill
That none but bonny she
The Lass of Patie's Mill
Should share the same with me.
I like the fox shall grieve,
Whose mate hath left her side,
Whom hounds, [rom morn to eve,
Chase o'er the cauntry 'wide.
Where can my lover hide ?
Where cheat the wary pack ?
If love be not his guide,
He never will corne back.
La maîtresse du moulin de Patie,
Si belle, gaie et heureuse,
Malgré toute ma ruse,
A volé mon cœur.
En fanant le foin,
Tête nue dans les champs,
Amour jouait dans ses boucles
Et folâtrait dans ses yeux.
Ses bras blancs, ronds et lisses,
Ses seins florissants dans leur jeunesse,
Le vieillard rajeunirait
S'il pouvait les presser dans sa main.
A travers tous mes sens coule
Une extase de ravissement
Quand je trouve tant de bonheur
Dans un baiser délicieux.
Oh ! Si j'avais la richesse,
Caché dans !es hautes montagnes de Hopeton,
Longue vie et santé assurées,
Et plaisir à volonté,
Je promettrais et tiendrais ma promesse
Qu'elle seule, la belle,
La maîtresse du moulin de Patie,
Partagerait tout avec moi.
Je m'affligerai comme la renarde
Dont le compagnon a quitté ses côtés,
Que les chiens, du matin au soir,
Pourchassent à travers la campagne.
Où mon bien-aimé peut-il se cacher ?
Où tromper la meute vigilante ?
Si l'amour ne le guide pas, Il ne reviendra jamais.
Greensleeves was ail my joy,
Greensleeves was my delight,
Greensleeves was my heart of gold,
And who but my Lady Greensleeves.
I have been ready at your hand
To grant whatever you would crave,
I have both waged life and land,
Your love and good will for to have.
Greensleeves etc.
Weil I will pray to God on high,
That thou my constancy may see,
And that yet once before I die
Thou wilt vouchsafe to love me.
Greensleeves etc.
Greensleeves, now farewell ! Adieu !
God I pray to prosper thee !
For I am still thy lover true,
Come once again and love me.
Greensleeves etc.
Macheath
Since laws were made for ev'ry degree,
To curb vice in others, as well as me,
I wonder we han't better company
Upon Tybum tree !
But gold [rom law can take out the sting;
And if rich men, like us, were to swing,
Twould thin the land, such numbers to string
Upon Tybum tree !
Hélas ! Mon amour, tu es injuste envers moi
De me bannir sans pitié,
Je t'ai aimée si longtemps,
Me réjouissant en ta compagnie.
Greensleeves était toute ma joie,
Greensleeves était mon plaisir,
Greensleeves était mon cœur d'or,
Et qui, sinon ma Lady Greensleeves?
J'étais prêt, à ta main,
A satisfaire tous tes désirs,
J'ai risqué ma vie et mon pays
Pour conquérir ton amour et ton attachement.
Greensleeves, etc.
Maintenant je prierai Dieu dans les hauteurs,
Pour que tu voies ma fidélité,
Et qu'une fois encore avant que je meure,
Tu m'accordes ton amour.
Greensleeves, etc.
Greensleeves, adieu maintenant ! Adieu !
Que Dieu te fasse prospérer !
Car je suis toujours ton amoureux fidèle,
Viens encore une fois et aime-moi.
Greensleeves, etc.
Puisque les lois sont faites pour tous,
Pour réprimer le vice chez les autres, comme chez moi,
Je m'étonne que nous ne soyons pas en meilleure compagnie
A la potence de Tybum !
Mais l'or protège de l'aiguillon de la loi ;
Et si les riches, comme nous, étaient pendus,
Cela dépeuplerait le pays, d'en accrocher un si grand nombre
A la potence de Tybum !
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Dimanche 10 Août, 2025