Aix-en-Provence, 10 juillet 2025 — Frédéric Léolla
Concert Stéphane Degout, Quatuor Diotima, 10 juillet 2025, Conservatoire Darius Milhaud,
Festival d'Aix-en-Provence 2025. Photographie © Vincent Beaume.
Un des chanteurs les plus raffinés de sa génération, un quatuor en pleine forme, un programme avec des œuvres aussi délicates que rares, peut-on demander mieux ?
Le concert présenté par Stéphane Degout et le Quatuor Diotima a été sans doute un des plus beaux moments du Festival d’Aix 2025.
Dans la première œuvre, le quatuor no 1 de Giörgy Ligeti, le Quatuor Diotima a fait preuve de sensibilité (quels beaux trilles en pianissimo), de sens de l’humour (Ah, ce tempo de valse de Ligeti !), de fougue et de compénétration.
Puis il s’est lancé dans l’hyperromantisme du premier Ottorino Respighi, dans la peu fréquente Il tramonto. Tant et si bien que parfois il obligeait Stéphane Degout à donner de la voix là où nous aurions peut-être souhaité plus d’intimité, plus de proximité. Sans doute aurait-on eu plus de plaisir à entendre le baryton nous raconter l’histoire assis en bord de scène, comme s’il nous racontait une vieille et tendre histoire de famille, plutôt qu’à le voir derrière les quatre instrumentistes. Il se peut que nous chipotions, mais si la fin de l’œuvre de Ligeti avait été accueillie avec une ovation, celle de Respighi fut honorée d’applaudissements sincères, mais non enthousiastes.
Par contre, arrivée à l’œuvre d'Othmar Schoeck, ce Suisse dont l’œuvre, si personnelle, fut volontairement éloignée des modes musicales de son temps, l’entente entre le quatuor et le baryton semble parfaite. Voix et instruments par moments se fondent. Et les cinq interprètes nous font parcourir l’œuvre avec ses moments de détresse, de peur, de désarroi ou d’ébriété presque mystique, implorante. Le souffle de Degout, son phrasé, sa parfaite intelligibilité, l’art de dire en chantant…
Un très grand moment.
Frédéric Léolla
7 juillet 2025
Aix-en-Provence, jeudi 10 juillet 2025. Conservatoire Darius Milhaud. Giörgy Ligeti : Quatuor à cordes nº 1 ; Ottorino Respighi : Il tramonto (poème de Percy Shelley) ; Othmar Schoeck : Notturno (poèmes de Lenau et Gottfried Keller). Avec Stéphane Degout (baryton) et le Quatuor Diotima, Yun-Peng Zhao (violon), Léo Marillie (violon), Franck Chevalier (alto), Alexis Descharmes (violoncelle).
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