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Mélodrame

Jean-Jacques Rousseau, Pygmalion, sl. sn. 1775, illustration.

On nomme « mélodrame » une œuvre mêlant musique et texte récité ou déclamé, musique et texte pouvant être alternés ou superposés.   La musique prend en charge la dramatisation du texte.

On nomme également mélodrame, un drame populaire, qui peut être accompagné de musique ou non, sur une intrigue compliquée et accumulant des situations violentes, pathétiques, retournements de situations, etc.  Et toute situation théâtrale ou réelle caractérisée par l’outrance de sentiments et l’exacerbation des relations entre les personnes. Voire le grotesque.

C’est une figure courante dans la liturgie, l’opéra, l’opéra-comique, le théâtre, la comédie en musique, les vaudevilles sous l’Ancien Régime, quand il était interdit, hors privilèges, de présenter des œuvres lyriques chantées. Voire un procédé très ancien, dans les rituels ou les mystères moyenâgeux.

La dénomination « mélodrame » de la forme associant texte déclamé ou récité et musique date de Pygmalion de Jean-Jacques Rousseau sur une musiuqe d'Horace Coignet, en 1762, une pièce en un acte comportant des soulignements musicaux. La pièce fut créée à l'Hôtel de Ville de Lyon le 19 avril 1770, en présence de Rousseau. Elle sera donnée à Paris en octobre 1775, à la Comédie française.

Dans ses Fragments d’observations sur l'Alceste italien de M. le Chevalier Gluck, le philosophe justifie la démarche :

Persuadé que la langue française destituée de tout accent n’est nullement propre à la musique, et principalement au récitatif, jʼai imaginé un genre de drame, dans lequel les paroles et la musique, au lieu de marcher ensemble, se font entendre successivement, et où la phrase parlée est en quelque sorte annoncée et préparée par la phrase musicale. La scène de Pygmalion est un exemple de ce genre de composition, qui n’a pas eu d’imitateurs. En perfectionnant cette méthode, on réunirait le double avantage de soulager l’acteur par de fréquent repos, & d’offrir au spectateur français l’espèce de mélodrame le plus convenable a sa langue. Cette réunion de lʼart déclamatoire avec l’art musical ne produira qu’imparfaitement tous les effets du vrai récitatif, et les oreilles délicates s’apercevront toujours désagréablement du contraste qui règne entre le langage de l’acteur et celui de l’orchestre qui l’accompagne; mais un acteur sensible et intelligent, en rapprochant le ton de sa voix et l’accent de sa déclamation de ce qu’exprime le trait musical, mêle ces couleurs étrangères avec tant d’art, que le spectateur n’en peut discerner les nuances. Ainsi cette espèce d’ouvrage pourrait constituer un genre moyen entre la simple déclamation et le véritable mélodrame, dont il n’atteindra jamais la beauté. Au reste, quelques difficultés qu’offre la langue, elles ne sont pas insurmontables ; l’ auteur du Dictionnaire de musique a invité les composteurs français à faire de nouveaux essais, et à introduire dans leurs opéras, le récitatif obligé qui, lorsqu’on l’emploie à propos, produit les plus grands effets.

D’où naît le charme du récitatif obligé, qu’est-ce qui fait son énergie ? L’accent oratoire et pathétique de l’acteur produirait-il seul autant d’effet ? Non, sans doute. Mais les traits alternatifs de symphonie, réveillant et soutenant le sentiment de la mesure que le seul récitatif laisserait éteindre, joignent à l’expression purement déclamatoire toute celle du rythme musical qui la renforce [Collection complète des œuvres, Genève (vol. 8), 1780-1789, p. 563-564.].

En 1768 ; François Arnaud, dans ses Variétés littéraires de 1768, propose un Essai sur le Mélodrame ou Drame lyrique, dont il définit la forme comme une « sorte de drame parlé dont certaines scènes comportent un accompagnement musical ». Eise Carel van Bellen, dans ses Origines du mélodrame de 1788, précise quant à lui, « drame de ton populaire où sont accumulées les péripéties imprévues ».

La création lyonnaise défraya la chronique parisienne, mais l’expérience de Jean-Jacques Rousseau et d’Horace Coignet fit des émules dans les pays germaniques. Pygmalion inspira plusieurs compositeurs : Franz Aspelmayr, à Vienne en 1772 ; Anton Schweitzer à Weimar, où l’œuvre fut aussi jouée avec la musique de Coignet.

Mais c’est surtout Jiri Antonin Benda qui s’intéressa à cette forme, avec Ariadne auf Naxos (Gotha 1775), Médée (Leipzig 1775), Pygmalion (1779), Philon und Theone (Gotha 1779). Il parle de « drame avec phrases musicales intercalées), et nomme monodrama les pièces à un acteur, duodrama, à deux acteurs. Jiří Antonín Benda, Pygmalion, d'après le texte de Jean-Jacques Rousseau, traduit en Allemand par Friedrich Wilhelm Gotter, Norman D. Patzke, Apotheosis Orchestra, sous la direction de Korneel Bernolet.


Jiří Antonín Benda, Ariadne auf Naxos, (1775), sur un livret de Johann Christian Brandes, Jitka Molavcova, Alfred Strejcek, Ludmila Mecerodova, Orchestre de chambre tchèque, sous la direction de Jaroslav Krček.


Wolfgang Amadeus Mozart composa deux mélodrames, des « opéras sans chanteurs », comme il les appelait : Seminaris (1778) et Thamos, König in Aegypten (1779).

Wolfgang Amadeus Mozart, Thamos, König in Aegypten, Holger Kunkel, Kammerorchester Basel, sous la directrion de Giovanni Antonini.

Au XIXe siècle les romantiques utilisent largement cette technique dans leurs opéras ou leurs musiques de scène. C’est surtout sous la forme de ballades, déclamation de poèmes mêlée de musique, principalement de piano, comme une forme issue du Lied que Franz Schubert, Franz Liszt, Robert Schumann, Richard Strauss, Zdeněk Fibich, Engelbert Humperdinck (…) ont composé des mélodrames.

Zdeněk Fibich et  Karel-Jaromir  Erben, Vodník,  Václav Voska, Philharmonie tchèque sous la direction de Karel Šejna.


Franz Schubert, Abschied von der erde, Leif Ove Andsnes (piano) Ian Bostridge (récitant).
Felix Mendelssohn, Le songe d'une nuit d'été, Lucy Crowe, Karine Deshayes, Orchestre national de France, sous la direction de Daniele Gatti, 16 avril 2015 au Théâtre des Champs-Élysées (Paris).


Avec le Sprechgesang (chanté-parlé) Arnold Schönberg a donné un caractère particulier, comme une fusion entre le Lied et le mélodrame

Arnold Schönberg, Ode to Napoleon Buonaparte, Pittman-Jennings (Baryton), Janne-Marie Conquer (violon), Hae Sun Kang (violon), Christophe Desjardins (alto), Jean-Guihen Queyras (violoncelle), Florent Boffard (piano), sous la direction de Pierre Boulez.


Arnold Schönberg, Un survivant de Varsovie, Gottfried Hornik, Chœer de l'Opéra natriponal de Vienne, Wiener Philharmonie.sous la direction de Claudio Abbado.

Ou encore dans le genre conte musical (comme Piccolo et saxo de Sergueï Prokofiev)

Igor Stravinski, L'Histoire du soldat, sur un livret de Charles-Ferdinand Ramuz, Jean Cocteau (récitant), Peter Ustinov (le diable), Jean-Marie Fertey (le soldat), Anne Tonietti (la princesse), Manoug Parikian(violon), Ulysse Delécluse (clarinette), Henri Helaerts (basson), Maurie. André (cornet à pistons), Roland Schnorkh (trombone), Joaçhim Gut (contrebasse), Charles Peschier (contrebasse), sous la direction d'Igor Markevitch, Théâtre de Vevey (Suisse), octobre 1962, dans la cadre du 17e Festival International de Musique de Montreux-Vevey.


Nous concluerons par l'extraordinaire Jeanne au Bûcher d'Arthur Honegger.

 

© Musicologie.org
10 septembre 2022
mis à jour 25 septembre 2023
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Lundi 9 Octobre, 2023.

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