Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte —— La musique instrumentale de Beethoven à Schubert.

La sonate pour arpeggione et piano D 821 de Franz Schubert

L'œuvre instrumentale de Franz Schubert ; la musique de piano ; L'œuvre de chambre; la musique symphonique.

Voici sans doute la plus populaire des œuvres de chambre en duo de Schubert. Pure composition de circonstance, il l’écrivit, probablement sur commande, à l’intention d’un virtuose de cet instrument éphémère qu’était l’arpeggione, une sorte de guitare-violoncelle dérivée de la viole de gambe, un instrument qui venait de naître des mains et de l’imagination d’un luthier viennois. Aujourd’hui, l’arpeggione est généralement remplacé par le violoncelle, mais il arrive aussi que les altistes s'emparent de cette sonate en la mineur que Schubert composa à la hâte, et en trois mouvements seulement, avec l’unique ambition de démontrer la valeur musicale du nouvel instrument.

S’y succèdent un allegro moderato qui se partage entre deux thèmes nettement différenciés, l’un mélancolique à souhait, l’autre vif et dansant ; un bref adagio de caractère éminemment rêveur, conçu comme un Lied, et visant surtout à mettre en relief les qualités expressives de l’instrument vedette ; puis l’allegretto, qui est un rondo à plusieurs épisodes.

« Ici encore la mise en valeur de l’instrument à cordes est évidente, qu’il s’agisse du refrain à l’allure populaire, ou des intermèdes (le premier en ré mineur, violemment rythmé, le deuxième en mi majeur, beaucoup plus mélodique et du reste beaucoup plus développé) […]. Œuvre de circonstance, de détente, la sonate n’en conserve pas moins, par la saveur de ses thèmes, la succession presque improvisée de ses éléments mélodiques et l'aisance de son déroulement, un charme évident, un peu désuet et nostalgique. »¹⁰² Le verdict du public ne laisse aucun doute à cet égard.