Datant des années 1812 et 1813 (Schubert n’a encore que quinze ou seize ans), on a ses Quatuors nos 1 à 6 (D 18, D 32, D 36, D 46, D 68, D 74) ainsi que son Quatuor no 10 (D 87). Mis à part le premier (D 18 en diverses tonalités) qui étonne par son architecture fantasque, ces premiers essais, plus ou moins fructueux, sont de modèle classique, et on y relève sans surprise des quasi-emprunts aux modèles vénérés qu’étaient devenus Haydn, Mozart et Beethoven pour le jeune pensionnaire du Konvikt. On y mesure en particulier l’influence des musiques symphoniques exécutées quotidiennement dans cet établissement. À l’occasion, comme dans le sixième (D 74 en ré majeur), on sent également la patte (contraignante) du professeur Salieri qui corrigeait alors les travaux du jeune Franz. Néanmoins, ces partitions destinées avant tout à la consommation familiale comportent des moments qui ne laisseront indifférent aucun schubertien fervent : ainsi de l’andante du no 3 (D 36 en si bémol majeur), avec son thème d’une énigmatique douceur, ses modulations hardies et ses trémolos passionnés qui jettent le trouble ;
Franz Schubert, Quatuor à cordes en si bémol majeur, no 3, D 36, II. Andante, par le Melos Quartet.ainsi également de l’introduction très romantique, assombrie de chromatismes, du no 4 (D 46 en ut majeur), qu’on ne peut manquer de rapprocher du Mozart du quatuor « Des dissonances » ;
Franz Schubert, Quatuor à cordes en ut majeur, no 4, D 46, I. Adagio, par le Melos Quartetou encore, au sein de ce même quatuor, de la deuxième partie très mystérieuse du menuetto, et du finale où le jeune musicien se lâche dans une danse spontanée et joyeuse sur un rythme de polka.
Franz Schubert, Quatuor à cordes en ut majeur, no 4, D 46, IV. Allegro, par le Melos QuartetEt, tout autant, il faut citer l’andante du no 6 (D 74 en ré majeur) qui frappe par l’usage qu’y fait Schubert des silences, des arrêts soudains, des temps de réflexion, affirmant en l’espèce une tendance déjà sensible dans les quatuors antérieurs.
Franz Schubert,Quatuor à cordes en en ré majeur; no 6, D 74, II. Andante, par le Vienna String Quartet.Enfin, on s’arrêtera tout particulièrement sur le no 10 (D 87, opus 125 no 1 en mi bémol majeur, le tout dernier des quatuors composés en 1813 (et non en 1824 comme on l’a cru longtemps). Schubert l’écrit juste après avoir été autorisé par son père à quitter le Konvikt, ce qui explique peut-être la spontanéité, la sérénité et la bonne humeur d’une œuvre où le jeune homme affirme désormais une certaine maîtrise de la forme. « L’influence de Mozart y est encore perceptible, mais dans son unité et dans la facilité avec laquelle jaillissent les thèmes et les motifs, c’est la véritable inspiration schubertienne qui est aussi bien présente. »73
Franz Schubert, Quatuor à cordes en mi bémol majeur, no 10, D 87, opus 125 no 1, par le Vogler String Quartet, enregistrement en public, 2006. Michel Rusquet
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avril 2020
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Massin Brigitte, Franz Schubert, Fayard, Paris 1977, p. 533.
Les sept quatuors de prime jeunesse, D 18, D 32, D 36, D 46, D 68, D 74, D 87.
Les quatre derniers quatuors de jeunesse, D 94, D 112, D 173, D 353.
Mouvement de Quatuor no 12, « Quartettsatz », en ut mineur D 703.
Quatuor no 13 en la mineur, D 804, opus 29.
Quatuor no 14 en ré mineur « La Jeune Fille et la Mort », D 810.
Quatuor no 5 en sol majeur, D 887, opus 161.
Quintette en ut majeur, D 956, opus 63.
Rondo pour violon et quatuor, D 438.
Trois sonatines, pour violon et piano, D 384, D 385-408, opus 137.
Duo, pour violon et pinao, en la majeur, D 574, opus 162.
Rondo brillant, pour violon et piano, en si mineur, D 895, opus 70.
Fantaisie en ut majeur, D 934, opus 159.
Introduction et variations sur le Lied « Trockne Blumen », pour piano et flûte, D 802, opus 160.
Sonate, pour arpeggione et piano, D 821.
Trios pour piano et cordes, D 898 (opus 99) et D 929 (opus 100).
Quintette pour piano et cordes, « La Truite », D 667, opus 114.
Octuor en fa majeur pour cordes et vents, D 803, opus 166.
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Samedi 7 Décembre, 2024 21:38