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16 juillet 2011

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Le trompettiste de jazz Arturo
Sandoval, de Gillespie à la musique
de films

Le trompettiste et pianiste de jazz américain d'origine cubaine Arturo Sandoval, ancien protégé du légendaire Dizzie Gillespie et mû comme lui par « l'amour de la musique », a quitté Miami pour Los Angeles, où il espère se consacrer pleinement à la musique de films.

Le musicien, aussi à l'aise dans le répertoire classique que dans le jazz, la musique afro-cubaine ou la pop — il a joué avec Barbra Streisand, Alicia Keys et Justin Timberlake — apparaissait récemment dans la bande originale du film d'animation « Rango », dont le DVD sort vendredi aux Etats-Unis.

C'est le compositeur de la musique du film, Hans Zimmer, qui a appelé Arturo Sandoval pour lui proposer de jouer avec le groupe Los Lobos dans « Walk don't Rango », l'un des titres de la bande originale.

Si certaines parties de la chanson « étaient écrites très précisément et je devais les jouer telles quelles », Arturo Sandoval a aussi eu l'occasion de « faire quelques improvisations ou d'autres choses qui n'étaient pas sur la partition », comme tout bon interprète de jazz, déclare-t-il à l'AFP.

Lauréat de 4 Grammy Awards, Sandoval est né à Cuba en 1949. C'est dans son pays de naissance qu'il fonda le groupe Irakere avec Chucho Valdés et Paquito D'Rivera, avant d'obtenir l'asile politique aux Etats-Unis en 1990 et de prendre la nationalité américaine en 1999.

De son « idole » Dizzie Gillespie, qui le prit sous son aile au début de sa carrière, il dit avoir appris « l'amour de la musique ».

« Le plus important pour un musicien, c'est d'être amoureux de ce qu'il fait, avoir cette passion, ce désir et cette envie de partager, et remercier Dieu à chaque minute. C'est cela qui rend heureux », dit-il.

Après 20 ans passés à Miami, le coeur battant de la communauté cubaine aux Etats-Unis, Arturo Sandoval a décidé de s'installer à Los Angeles.

« Le cinéma est l'une des choses qui me passionnent et que j'aime », explique-t-il. « L'une des raisons pour lesquelles je suis venu ici, à Los Angeles, c'est pour me rapprocher de cet univers. Je veux écrire davantage de musiques de films », ajoute-t-il.

Jusqu'ici, Arturo Sandoval a surtout participé à des bandes originales comme interprète (« Rango », « The Mambo Kings », « Mr Wrong ») mais n'a signé les musiques complètes que de quelques documentaires et téléfilms, dont l'un consacré à sa propre vie, interprété par Andy Garcia (« For love or country », 2000).

« Le cinéma offre la possibilité d'écrire de la bonne musique », dit-il. « Moi, j'aime toute la musique tant qu'elle est bonne, sans discrimination ».

Pour lui, le cinéma est aussi une façon d'élargir son audience. « Nous autres compositeurs, nous n'avons pas beaucoup d'opportunités de voir notre musique jouée pour un large public. Le cinéma est l'une d'elles », observe-t-il.

Ses compositeurs fétiches sont « les romantiques et les impressionnistes. Je suis un fanatique de Ravel, Debussy et Rachmaninov », dit-il.

Et s'il devait avoir un modèle de compositeur de films, ce serait John Williams, qui a signé la plupart des bandes originales de Steven Spielberg. Les deux hommes se connaissent bien. « J'ai travaillé avec John plusieurs fois, j'ai enregistré avec lui son concerto pour trompette », rappelle le musicien.

16 juillet 2011

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Le Forestier  revient à son mythique
premier album

Quarante ans après, Maxime Le Forestier confie dans un entretien avec une journaliste de l'AFP qu'il avait « quasiment effacé de sa mémoire » certaines chansons de son mythique premier album, qu'il interprètera samedi dans son intégralité aux Francofolies de La Rochelle.

L'album, publié en 1972 et qui ne porte pas de nom, comporte des chansons aussi célèbres que « Mon frère », «  Comme un arbre », « Parachutiste » ou « San Francisco ».

Avec sa musique folk et ses textes écolos et antimilitaristes, le disque a profondément marqué l'époque et propulsé dans la lumière le jeune chanteur barbu, alors âgé de 23 ans.

L'engouement du public est tel que Maxime Le Forestier avouera dans son autobiographie, « Né quelque part » (éd. Don Quichotte), être resté longtemps fâché avec cet album, jusqu'à ce qu'il renoue avec le succès dans les années 90.

« Il y avait des chansons que j'avais quasiment effacées de ma mémoire : Mourir pour une nuit, Ca sert à quoi, Marie, Pierre et Charlemagne, des chansons que je ne chantais plus depuis des années », dit-il aujourd'hui.

C'est sa maison de disques historique, Polydor (Universal), qui l'a conduit à se replonger dans ses souvenirs.

« Ils se sont aperçus que ça faisait 40 ans que j'étais chez eux et ils ont mis en route le ré-enregistrement de l'album par de jeunes artistes, puis ils se sont dit on va rééditer l'original. Et chaque fois qu'ils me demandaient quelque chose, moi je disais oui : c'est tellement gentil qu'ils me fassent un cadeau pareil... comme pour un départ en retraite ! », plaisante-t-il.

« la nostalgie, je ne connais pas »

De fil en aiguille, les initiatives se sont multipliées : la journaliste Sophie Delassein, co-auteur de son autobiographie, a retrouvé la fameuse maison bleue — qui avait été repeinte en vert ! — et a fait en sorte qu'elle retrouve sa couleur initiale.

De leur côté, les Francofolies ont proposé à Maxime Le Forestier de venir y jouer son premier album en intégralité.

« Au départ, il pensait que c'était une très mauvaise idée, on s'est pris un vent clair et net. Et finalement ça a dû faire du chemin dans son esprit et il est revenu », se souvient le directeur des « Francos », Gérard Pont.

« La nostalgie, j'adore l'écouter dans les chansons de Souchon, mais moi c'est un sentiment que je n'ai pas vraiment, j'ai toujours eu le sentiment que le meilleur était à venir », explique le chanteur.

Maxime Le Forestier porte d'ailleurs un regard sans concession sur son mythique album, estimant que certains traits ont « vieilli »: le « solo de trompette de Mon frère », le gospel de « Ca sert à quoi » « pas crédible », le final de « La Rouille », « un peu excessif sur le plan musical »...

« Quand j'ai entendu l'album hommage, ça m'a fait redécouvrir des chansons. Je me suis dit tiens ! Elle n'est pas si mal foutue que dans ma mémoire celle-là », s'amuse-t-il.

Pour sa fête aux Francos, il compte laisser le devant de la scène à ces nouvelles interprétations et a invité une dizaine d'artistes ayant participé au disque (Ayo, Féfé, Emily Loizeau, Juliette, François Morel...).

« Je vais les accompagner à la guitare, en faisant des deuxièmes voix, en chantant un couplet à leur place ou la chanson entière pour ceux qui ne peuvent pas être là, en faisant le présentateur aussi. Je vais essayer de me ré-infiltrer dans cette histoire », explique-t-il.

Et après ? « J'ai encore des chansons dans le stylo. Pour le prochain album, donnez-moi encore un an et demi-deux ans », dit-il en plissant ses yeux malicieux.

16 juillet 2011

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Jazz à Juan : le guitariste australien
Alex Stuart, lauréat des
« Révélations » 2011

Le guitariste australien Alex Stuart a remporté jeudi soir le Grand Prix du jury des 8e « Jazz à Juan Révélations » qui se sont déroulées en ouverture de la 51e édition du festival « Jazz à Juan » d'Antibes/Juan-les-Pins.

Originaire de Canberra où il est né il y a 28 ans, le jeune musicien habite la France, et plus particulièrement Paris, depuis une douzaine d'années. Très influencé par des pairs comme Wayne Krantz, John Scofield et Kurt Rosenwienkel, sa musique se place résolument dans une démarche jazz, mêlant rock et funk, propre à la nouvelle génération.

Le leader s'est produit à la tête de son quartet qui comprenait Guillaume Perret (saxophone-ténor), Juan-Sébastien Jimenez (guitare basse) et Yoanne Serra (batterie).

Le prix de Radio France est allé au trio du pianiste alsacien Grégory Ott (Franck Bedez, contrebasse ; Matthieu Zirn, batterie).

Enfin, le prix spécial du public a été attribué au quartet azuréen de saxophoniste-soprano Jean-Christophe Di Costanzo, professeur du conservatoire de Cannes.

« Jazz à Juan » commencera véritablement vendredi avec une soirée exceptionnelle destinée à commémorer le 20e anniversaire de la disparition de Miles Davis, avec le groupe « Bitches Brew Beyond », emmené par le trompettiste Wallace Roney, et un trio d'anciens et historiques accompagnateurs et complices du trompettiste, Herbie Hancock (claviers), Wayne Shorter (saxes) et Marcus Miller (basse).

16 juillet 2011

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L'anglais aux Francofolies de la
Rochelle

Les Francofolies ont offert jeudi au public de La Rochelle un feu d'artifice anglophile, en consacrant entièrement la grande scène du festival à de jeunes groupes français chantant dans la langue de Shakespeare : AaRON, The Do, Yodelice, Cocoon et Lilly Wood & The Prick.

« C'est dingue de n'avoir programmé que des groupes chantant en anglais pour le 14 juillet. C'est bien, ça montre que ça existe aussi », s'est réjouit Mark Daumail, chanteur et guitariste du duo Cocoon pendant son concert.

Outre le choix de la langue, les programmateurs des Francos ont fait le choix de n'inviter que de jeunes groupes ayant seulement deux (voire un pour Lilly Wood & The Prick) albums à leur actif.

Signe de cette jeunesse, tous ont usé et abusé des ficelles du métier pour chauffer de grandes scènes, invitant les spectateurs à crier, faire les choeurs des chansons voire exécuter les chorégraphies les plus loufoques.

Mais la programmation a attiré un public plus jeune que lors des soirées précédentes, qui s'est prêté avec enthousiasme à ces jeux.

Un cran au-dessus des autres du point de vue artistique, The Do se sont montrés les plus audacieux. Le duo a donné un concert en forme de déluge sonore, quitte à dérouter ceux qui ne connaissaient d'eux que la ritournelle « On my shoulders », le succès qui les a fait connaître.

Poupée désarticulée en tutu rouge, Olivia a focalisé l'attention avec sa voix cristalline, envoûtante et inquiétante. Pendant ce temps, Dan (le « d » de The Do) restait dans la pénombre derrière son clavier, sa guitare ou son saxophone.

Dans une ambiance de cabaret déglingué, le groupe a construit un concert d'une extraordinaire intensité, déployant avec puissance les compositions complexes de son excellent deuxième album « Both ways, open jaws ».

Ce concert à l'allure de cérémonie païenne s'est achevé sur un final hypnotique, deux boules à facettes se réfractant en milliers d'étoiles sur le public alors que s'élevait un mur de décibels.

A peine le silence retombé, débutait le feu d'artifice sur le port.

Tête d'affiche de la soirée, AaRON réunit régulièrement des foules nombreuses dans les festivals où il est programmé cette saison.

Encore une fois à La Rochelle, le duo révélé par le titre « U-turn (Lili) » a attiré de nombreux fans séduits par son pop-rock épique et mélancolique, très inspiré des Anglais de Coldplay.

Auparavant, Yodelice et Cocoon ont également été plébiscités par le public, en explorant pourtant deux styles très différents.

Le premier, grimé et entouré d'objets tout droit sortis de la Vallée de la mort, joue un rock psychédélique et mystique évoquant l'Ouest américain.

Le duo de Clermontois Cocoon est, quant à lui, adepte d'un pop-folk délicat et rêveur, parfaitement en accord avec la douceur de ce 14 juillet.

En tout début de soirée, le duo Lilly Wood & The Prick, Victoire 2011 de la révélation du public, a montré une belle maîtrise de la scène avec sa pop enlevée. Seul faux-pas, la chanteuse Nili Hadida s'est attirée une bouderie du public en situant malencontreusement La Rochelle... en Bretagne.

16 juillet 2011

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Entre splendeur et misère, le
Théâtre du peuple de Bussang
revisite le passé industriel

Utopie culturelle née il y a plus d'un siècle dans une vallée vosgienne, le Théâtre du Peuple de Bussang rend cette année hommage à ses origines à travers une création, « Le brame des biches », à la fois tragi-comédie industrielle et saga familiale.

« Bussang a cette particularité qu'il doit intéresser des gens qui ne vont au théâtre qu'une fois par an, ici: il doit donc être à la fois exigeant et n'exclure personne », résumait le metteur en scène Pierre Guillois, lors de la première, jeudi, dans cette commune de 1.600 habitants.

L'écriture a été confiée à une femme, Marion Aubert, une première en 116 ans d'existence de cette scène.

Il s'agit de l'épopée à la fois glorieuse et misérable de l'industrie textile au XIXe siècle dans les Vosges, portée par une quarantaine de comédiens professionnels mais aussi amateurs, locaux, l'une des traditions du Théâtre du Peuple.

Mis en abîme par un conteur et un « choeur » qui racontent la pièce dans la pièce, le spectacle retrace la vie du village vosgien à cette époque. Les intrigues convoquent, pêle-mêle, rudesse du travail à l'usine, hystérie de la femme du patron, vanité des potentats locaux. Il est aussi question de l'homosexualité ou du socialisme naissant.

La pièce ne déroge pas à la règle de Bussang: l'ouverture de deux portes monumentales en fond de scène qui laissent entrer la forêt environnante comme décor naturel, un moment très apprécié par les spectateurs.

« Derrière une faconde ludique et brillante, je voulais donner aux spectateurs les multiples dimensions de ce texte: mélodrame social, pièce féministe, oeuvre baroque et naïve ou fantaisie érotique », explique le metteur en scène, qui livre sa « dernière pièce à Bussang », après six saisons à la tête du théâtre.

La pièce, qui fait la part belle à l'humour, tranche avec les précédentes créations de Bussang, dont la noirceur avait parfois dérouté le public.

Le Théâtre du Peuple a été fondé en 1895 par le poète Maurice Pottecher, oncle du célèbre chroniqueur judiciaire Frédéric Pottecher. Enfant du pays, le fondateur souhaitait rassembler dans son fief une société villageoise autour d'un projet de « théâtre et de partage »: aujourd'hui Bussang reste un lieu résolument populaire.

« Cette idée de théâtre populaire est toujours là: il faut une lisibilité, quelque chose d'unique dans un lieu unique », souligne Pierre Guillois, qui a également mis en scène le deuxième spectacle de la saison, « Grand fracas issu de rien », dont les représentations commenceront en août.

« Ce sera un cabaret qui réunit des artistes aux métiers variés et complémentaires qui vont produire une série de numéros dont une des vertus doit être de nous impressionner », promet le metteur en scène.

Entre 20.000 et 25.000 spectateurs se pressent chaque année à Bussang, généralement avec couvertures et coussins pour affronter le froid et l'inconfort légendaire des bancs.

La plupart sont des habitués des lieux, car le virus de Bussang se transmet « de génération en génération », affirme Pierre Guillois.

Site Internet: https://www.theatredupeuple.com/site.html

16 juillet 2011

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Avignon: spectacle à l'aube pour la
chorégraphe Anne Teresa De
Keersmaeker

Engagée dans une réflexion sur la lumière, la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker convie dès samedi les festivaliers d'Avignon à un « événement »: la présentation de sa dernière création à l'aube naissante dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes.

Près de 2.000 spectateurs doivent converger à 4H30 du matin vers la Cour d'Honneur, à la couleur ocrée, pour ce spectacle, « Cesena », qui sera donné quatre fois par la compagnie Rosas et l'ensemble vocal anversois Graindelavoix de Björn Schmelzer.

Le spectacle jouera avec des « artifices scénographiques » qui permettent « une réflexion sur la lumière du jour, sa redistribution, l'aveuglement », explique la chorégraphe dans le livret de présentation de son spectacle.

L'an dernier, la chorégraphe avait proposé l'expérience inverse avec « En Attendant » dans le Cloître des Célestins, qui « jouait du paradoxe poétique d'un dévoilement apporté par la nuit, d'une apparition au sein de l'obscur ».

Le spectacle mêle l'architecture du Palais des Papes, qui date du XIVème siècle, le mouvement des corps, principalement la marche, et la musique polyphonique apparu dans le sud de la France également au XIVème siècle, l'ars subtilior. Cette musique, très raffinée, sera uniquement vocale.

« J'espère que le silence de l'aube aidera à partager l'expérience que nous tentons », précise Anne Teresa De Keersmaeker.

« A 4h00 du matin, les voix ne sont pas chauffées, elles sont fragiles. On ne peut pas tricher », ajoute pour sa part Björn Schmelzer.

Des expériences similaires ont parsemé la vie du Festival d'Avignon grâce, par exemple, au metteur en scène libano-québecois Wajdi Mouawad, qui avait présenté en 2009 trois spectacles d'affilée: « Littoral », « Incendie » et « Forêt », pendant 11 heures, de 20H00 au petit matin.

En 1984, Ariane Mnouchkine avait proposé une nuit entière dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes avec trois spectacles de Shakespeare: « Richard II », « La nuit des rois », et « Henri IV », révélant les différentes couleurs revêtues par ces lieux depuis l'obscurité jusqu'à l'aube.

Autre spectacle phare de l'histoire de la Cour d'Honneur et d'Avignon, « Le Soulier de satin » de Claudel, mis en scène dans son intégralité par Antoine Vitez et joué durant toute la nuit dans cette cour, quatre fois de suite. « C'est mémorable », se souvient un fidèle du Festival, Jean Cholet, spécialisé dans la scénographie. « Les gens campaient presque avec des couvertures dans la Cour d'Honneur. Ils dormaient puis se réveillaient et à l'aube ils applaudissaient tous ».

Pour Vincent Baudriller, co-directeur du Festival d'Avignon, « si les spectateurs viennent à Avignon, c'est pour vivre des expériences incroyables », « des expériences sensibles fortes », que permettent les lieux et la disponibilité des festivaliers.

16 juillet 2011

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Les secrets et anecdotes du
tournage des « Demoiselles »
dévoilés à Rochefort

« Nous sommes deux soeurs jumelles... »: à jamais associée au film de Jacques Demy, « Les Demoiselles de Rochefort », la cité charentaise dévoile cet été décors naturels, secrets et anecdotes d'un tournage dont le souvenir, 45 ans après, reste vivace.

Au milieu des années 1960, le choix de l'ancienne ville de garnison, endormie depuis la fermeture de l'arsenal en 1927, ne s'est pas imposé d'emblée au cinéaste nantais. Il pensa d'abord aux « Demoiselles d'Avignon » ou encore aux « Demoiselles d'Hyères », car le jeu de mot lui plaisait.

« Mais aucune des deux villes n'avait de place centrale adéquate », explique Maryse Vila-Cornellas, qui guide chaque semaine pendant l'été touristes et cinéphiles sur les lieux ayant servi de décors à la comédie musicale, entièrement tournée en extérieur.

Finalement la fameuse place Colbert, qui a aujourd'hui perdu son dallage noir et rose, suscita le « coup de foudre » de Demy pour Rochefort. Les 150 membres de l'équipe de tournage s'installèrent au coeur de la ville, du 31 mai au 27 août 1966, avec Catherine Deneuve et Françoise Dorléac en vedettes.

Pourtant, là encore, le choix de Demy ne fut pas immédiat s'agissant de la distribution. Il pensa à Brigitte Bardot pour la blonde, à Audrey Hepburn pour la brune, révèle Mme Vila-Cornellas, au pied du bureau du maire qui fut transformé, le temps d'un été, en appartement des Demoiselles.

La ville a installé pour cet anniversaire une dizaine de panneaux explicatifs évoquant le souvenir du tournage. Où l'on découvre que les boiseries rose lilas de l'ancien Hôtel du Grand Bacha, qui servait de cantine à l'équipe, inspirèrent le décorateur Bernard Evein ; que c'est au Pont transbordeur, qui rappelait à Demy celui de son enfance à Nantes, que fut donné le premier tour de manivelle...

Si de nombreux lieux ont perdu leur aspect d'antan, tel le magasin de musique de « Monsieur Dame », interprété par Michel Piccoli, qui accueille aujourd'hui un marché couvert, le souvenir de « trois mois de fête » flotte toujours dans l'esprit des Rochefortais.

A la suite d'un appel dans la presse, les services municipaux du patrimoine et des archives ont reçu nombre de documents personnels et témoignages: journal de bord d'un gamin racontant son expérience de figurant, coupures de presse et autographes de stars, récits de la coiffeuse ou d'une employée de teinturerie qui devint habilleuse...

« Les +Demoiselles+, à Rochefort, c'est aussi un patrimoine immatériel: les souvenirs de trois mois extraordinaires au milieu de la musique, de la danse et de la couleur », confirme une responsable du service du patrimoine.

Présentés jusqu'au 18 septembre dans l'ancien cinéma Alhambra-Colbert, où le réalisateur visionnait ses prises de vue, les témoignages sonores et visuels des habitants côtoient des documents inédits: la correspondance entre la production et les services municipaux, des ébauches de chansons, les dessins préparatoires des costumes, dont les fameuses robes rouges à paillettes imaginées par Jacqueline Moreau.

En écho à l'implication des Rochefortais pendant le tournage, la mairie a lancé pour toute la durée de l'été des ateliers de danse « participative » qui donneront lieu à une chorégraphie géante — plus de cent participants — le 17 septembre à l'occasion des Journées du patrimoine.

« En tant que danseuse amateur et fan du film, ces ateliers m'ont plu », explique Isabelle Bon, venue suivre la visite, et qui confie s'être installée dans la région « à cause des Demoiselles! »

« La ville s'est beaucoup transformée » depuis le tournage, reconnaît en fin de parcours Mme Villa-Cornellas. « Certainement devons-nous remercier Jacques Demy ».


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