6 juillet 2011
______________________________ Y-a-t-il
encore une place pour les « petits » de la culture à
Lyon ? Lettre ouverte du Jeune Orchestre des Lumières au maire
de Lyon.
Lyon, le 4 juillet 2011
Monsieur le Maire,
Le Jeune Orchestre des Lumières,
créé en avril 2009 et destiné à proposer une saison
musicale dense portée sur le travail de jeunes musiciens, passe par une
vision fondamentale : le plaisir. Il accueille des musiciens de tous horizons,
de tous niveaux, qui expriment leur passion pour la musique en dehors de toute
institution, et qui se retrouvent avant tout dans cette notion de plaisir. Ainsi,
il s'est avéré que les musiciens du JOL auront été
en majorité des « amateurs » (par définition toute
personne qui pratique
Une activité artistique
bénévole et qui tire ses moyens habituels d'existence de salaires
ou de revenus étrangers à cette activité), qui se retrouvent
véritablement dans le projet, qui expriment un réel besoin de
musique, et qui ne trouvaient pas jusqu'à la réation du JOL ce
lieu d'expression qui est essentiel à leur équilibre personnel
(et souvent professionnel). Ceci étant, plusieurs jeunes musiciens des
écoles de musique et Conservatoire du Grand Lyon ont également
apprécié le JOL comme un espace de rencontre et d'épanouissement
qu'ils n'auraient pu trouver dans le contexte de l'apprentissage de leur instrument,
mais qui forme au contraire une occasion de travailler tout au long de l'année
et non en courtes sessions ponctuelles, dans un répertoire varié
et toujours ambitieux.
Les saisons 2009-2010 puis 2010-2011
furent de belles réussites, et nous sommes très heureux d'avoir
pu partager ces moments intenses avec un public nombreux, notamment lors de
la Fête des Lumières 2010.
Malheureusement, nous nous sommes
vus contraints en avril 2011 d'annuler la dernière session de la saison,
par manque de moyens financiers et logistiques, remettant ainsi totalement en
cause le fonctionnement de l'orchestre, voire son existence même.
Cette annulation forcée
mais certainement inéluctable survient alors que le JOL aura tenté
de développer à court terme des initiatives telles que la mise
en valeur d'un répertoire méconnu (J. M. Kraus, G. Onslow, etc.),
des tarifs très attractifs voire la gratuité lors de la Fête
des Lumières 2010 afin de coller au mieux à l'esprit de l'évènement,
la 1re édition de son concours de création musicale afin de révéler
les compositeurs de demain, et des partenariats pédagogiques avec les
Universités lyonnaises, le Secours Populaire ou encore la librairie Decitre.
Par ailleurs, l'orchestre a toujours mis un point d'honneur à mettre
en valeur le travail de ses musiciens en leur offrant l'opportunité de
se produire à Paris à deux reprises, mais aussi à Grenoble,
Annonay, et Dijon.
Aux vues du dynamisme et de l'audace
dont a tenté de faire preuve le JOL depuis ses débuts, il était
primordial qu'un appui significatif de la ville de Lyon se dessine rapidement,
particulièrement dans la recherche d'un lieu de répétition
fixe et de financements. Mais malgré un premier rendez-vous encourageant
avec la direction des affaires culturelles, puis un courrier adressé
à M. Képénékian, adjoint à la Culture à
la Mairie de Lyon, en octobre 2010, le silence lourd de conséquences
de la ville de Lyon atteint son paroxysme au printemps 2011, lorsque nous apprenons
qu'aucune subvention ne sera versée au JOL. Nous écrivions pourtant
en octobre 2010 à M. Képénékian : « le soutien
de la ville de Lyon va ainsi, maintenant, conditionner l'avenir de l'orchestre,
et nous epérons que vous répondrez positivement à notre
appel ». Celui-ci n'a absolument pas été entendu, et la
ville de Lyon n'aura donc soutenu le JOL ni Financièrement, ni logistiquement,
ni en termes de valorisation ou d'appui auprès des grandes institutions
pour les saisons 2010-11 et 2011-12. Et près de 50 musiciens, consternés
par la disparition possible du JOL, courent maintenant le risque d'être
sans orchestre à partir de septembre 2011.
Seul l'Opéra de Lyon fut
un soutien fidèle et précieux, en mettant à notre disposition
une salle de répétition lorsque cela leur était toutefois
possible. A la création du JOL, l'Auditorium de Lyon a refusé
d'héberger des répétitions de l'orchestre sous prétexte
qu'il y avait concurrence avec l'Académie de l'ONL, alors que celle-ci
ne se rassemble que quelques jours durant les vacances de Toussaint, puis de
Printemps. L'Auditorium qui est, soulignons-le, la seule salle de concert de
qualité à Lyon équipée pour accueillir naturellement
un orchestre de type symphonique… De même, en septembre 2010, après
seulement un an d'aide logistique, le Conservatoire de Lyon (CRR), a décidé
de ne plus soutenir le JOL, indiquant qu'il « ne souhait[ait] pas que
[leur] matériel soit utilisé à d'autres fins que des évènements
relatifs au CRR ». Il rappelle « qu'il existe des loueurs d'instruments
et que le CRR n'a pas vocation à concurrencer ce champ d'activités
». Dans le même temps, le Conservatoire lançait un orchestre
amateur.
Celui-ci ne verra jamais le jour
pour la saison 2010-2011, mais son principe renie toute opportunité de
coopération et de mutualisation de moyens, et démontre parfaitement
l'écrasante suprématie d'une telle institution.
De trop nombreux conservatoires
français tendent ainsi à créer des élites de musiciens
en méprisant la notion de plaisir de jouer ensemble et en ne les encourageant
pas à explorer d'autres univers, découvrir d'autres mentalités,
rencontrer de nouvelles personnes, différentes et riches à leur
manière. C'est pourtant ainsi que chaque serviteur de la musique doit
se sentir connecté au monde qui l'entoure, et encore plus intimement
aux autres acteurs de la musique, quelles que soient leurs origines et leur
formation.
La solidarité, la diversité
et l'ouverture d'esprit intrinsèques à l'exercice d'une pratique
artistique riche et vivante sont négligées par les grandes institutions
au détriment des « petits », que la ville de Lyon elle-même
délaisse.
Il est évident que le mécénat
d'entreprise touche principalement ces institutions qui ont une image à
offrir à la société qui les soutiendra, mais le danger
actuel est que l'art ne devienne plus une fin en soi, mais un moyen d'oeuvrer
seulement en faveur de la cohésion sociale, qui doit certes en découler,
mais pas l'occulter. Christophe Monin, responsable du mécénat
au Musée du Louvre, note d'ailleurs dans un article du journal Le Monde
du 24 mars 2011 que « le discours auquel sont sensibles les entreprises
aujourd'hui ne passe plus par la beauté de l'art mais par la culture
comme facteur d'équilibre de la société ».
La politique culturelle de la ville
de Lyon ne saurait être pérenne et valorisante si elle repose uniquement
sur ses institutions et les réseaux qui les relient. Elle ne peut également
se contenter de faire valoir des Grands Évènements comme l'a illustré
l'échec de Lyon 2013 (candidature à l'attribution du titre de
Capitale européenne de la culture). En marge de dispositifs largement
inadaptés pour des projets de grande envergure (mais qui ne rentrent
pas dans un cadre dit « professionnel » tel qu'il est reconnu par
le Ministère de la Culture ou par la Région Rhône-Alpes),
il serait donc essentiel de créer un maillage dense entre institutions
et associations culturelles, qui sont les relais directs des besoins des citoyens
de la ville.
Le Jeune Orchestre des Lumières
est aujourd'hui une des victimes de cette politique, et nous espérons
que cet appel, rédigé sous l'impulsion des musiciens et de l'équipe
administrative et artistique du JOL, sera cette fois entendu par la ville de
Lyon.
Vous remerciant de l'attention
que vous saurez porter à cette lettre, nous vous prions d'agréer,
Monsieur le Maire, l'expression de notre haute considération.
6 juillet 2011
______________________________ «
Thanks to my eyes », un opéra de chambre contemporain,
ouvre le Festival d'Aix
Premier opéra pour le compositeur
et première mise en scène d'opéra pour l'auteur-metteur
en scène, la création mondiale "Thanks to my eyes" ouvre
mardi le Festival lyrique d'Aix-en-Provence où voisinent créations
contemporaines et grands classiques de l'art lyrique.
"Thanks to my eyes" -
du compositeur italo-suisse Oscar Bianchi et de l'auteur-metteur en scène
Joël Pommerat -, et "Austerlitz", une pièce théâtrale
et musicale contemporaine, font la part belle aux jeunes artistes pour cette
63è édition du festival prévue jusqu'au 25 juillet.
Ces oeuvres voisinent avec le célébrissime
opéra de Verdi, "La Traviata", chantée pour la première
fois en Europe par la soprano Nathalie Dessay, et "La Clémence de
Titus" de Mozart, sous la direction de sir Colin Davis, un opéra
de facture classique aux passions contenues.
"Thanks to my eyes",
un opéra de chambre dont le coeur est une famille "vivant entre
ciel et terre", a été créé sur un livret de
Joël Pommerat, d'après sa pièce "Grâce à
mes yeux".
Parti de cette pièce qu'il
avait écrite et mise en scène, Joël Pommerat a condensé
son oeuvre, passant de 80 à 12 pages, pour en faire un livret, "une
sorte d'épure" de l'ouvrage initial, selon l'auteur.
Puis, le livret a été
traduit en anglais à la demande du compositeur Oscar Bianchi, qui signe
avec "Thanks to my eyes" son premier opéra.
"J'ai choisi un instrument
que je connais bien et qui pouvait garder une certaine neutralité: l'anglais",
explique-t-il. "En changeant de langue, j'ai pu apporter une forme de hiatus,
une rupture par rapport à ce que la parole représente du point
de vue sonore", ajoute-t-il.
Cet opéra de chambre, pour
quatre chanteurs, deux comédiens et un orchestre de douze instrumentalistes
l'Ensemble Modern, est dirigé par Franck Ollu, spécialiste de
la musique contemporaine. Pour lui, l'intérêt de l'oeuvre est "ce
matériau musical qui semble fourmiller dans tous les sens mais qui est
en même temps doté d'un lyrisme puissant".
A son habitude, Joël Pommerat
a souhaité qu'un noir complet sépare les 24 scènes: un
noir qui signifie, pour lui, "une plongée dans une indétermination,
une incertitude, dans un espace sans repères" propice au développement
de l'imaginaire. D'où la nécessité pour les musiciens d'utiliser
des partitions imprimées blanc sur noir, éclairées par
des lumières fluorescentes.
"Thanks to my eyes" est
une fable onirique et amère d'une grande complexité malgré
sa simplicité apparente, dont certains personnages restent mystérieux,
comme issus de l'imaginaire d'Aymar, le Fils, que son père veut initier
à l'art d'être acteur comique.
6 juillet 2011
______________________________ Coups
de coeur et affluence record au Festival de Jazz de Montréal
Le Festival international de jazz
de Montréal (FIJM), le plus important du genre, a enregistré un
taux d'occupation record en salle pour sa dernière édition magnifiée
par une série de coups de coeur, ont indiqué mardi ses organisateurs.
La grand-messe du jazz a attiré
près de deux millions de spectateurs lors de sa 32e édition qui
s'est terminée dans la nuit de lundi à mardi dans les bars de
la métropole québécoise après le concert de clôture
par le groupe américain B-52s.
Le festival, qui mélange
concerts gratuits à l'extérieur et payants dans différentes
salles, a enregistré le "meilleur taux d'occupation en salle"
de son histoire avec plus 85% des billets vendus, ont indiqué ses organisateurs
lors d'une conférence de presse.
"C'est d'abord et avant tout
un succès musical sans précédent. Il y a tellement eu de
beaux spectacles. Souvent les gens nous demandent comment on fait pour se renouveler.
En fait ce sont les musiciens qui font la plus grande partie du travail...",
s'est félicité le président du festival, Laurent Saulnier.
Et le budget d'environ 30 millions
de dollars du festival, qui se déroule sur dix jours dans le centre montréalais,
a été à "l'équilibre", a-t-il assuré.
La cuvée 2011 a été
marquée par le succès de GRUBB, troupe de jeunes Roms de Serbie
mélangeant danse, hip-hop et cuivres endiablés, les trois concerts
en trois soirs de l'oudiste tunisien Anouar Brahem, la prestation du Français
Ben l'Oncle Soul, les trois spectacles solos de la sirène Diana Krall,
Prince et Esperanza Spalding.
La Suissesse Sophie Hunger, révélée
il y a trois ans en Europe mais peu connue du public nord-américain,
les jeunes pianistes arménien Tigran Hamasyan et français Thomas
Enhco, ont moissonné des succès critiques et populaires au festival
laissant ainsi présager de futures prestations au grand festival montréalais.
Le concert du saxophoniste français
Jean-Pierre Zanella "frôlait la perfection", ont souligné
les programmateurs qui ont fait état de leurs coups de coeur parmi les
quelques 700 spectacles à l'affiche lors du festival qui n'hésite
pas à déborder des frontières conventionnelles du jazz.
"Il y a eu (aussi) un gros
+buzz+ autour de Theophilus London. Je pense qu'il a confirmé tout le
bien qu'on pense de lui", a déclaré le vice-président
à la programmation, Laurent Saulnier, à propos du new-yorkais
mélangeant hip-hop et musique électro.
Le festival, qui attire de nombreux
touristes américains, est aussi réputé pour ses "boeufs",
concerts improvisés dans de petites salles tard le soir.
6 juillet 2011
______________________________ A
Arles, les images choc du photographe de faits divers Enrique Metinides
Le photographe de presse mexicain
Enrique Metinides a écumé pendant plus de 50 ans les rues de Mexico
pour saisir dans son viseur les accidents, les incendies, les suicides, les
scènes de crimes. A 77 ans, il présente son travail aux Rencontres
d'Arles. Des images choc.
L'homme des catastrophes, qui a
peur de prendre l'avion, n'a pas fait le voyage mais il se raconte dans l'exposition
"101 tragédies", qui se tient jusqu'au 18 septembre au Parc
des Ateliers.
Metinides a procédé
lui-même à une sélection de ses images de faits divers et
les commente une à une sur les cartels.
Né en 1934 à Mexico,
dans une famille d'immigrants grecs, Enrique Metinides reçoit son premier
appareil photo à l'âge de dix ans. L'enfant photographie la rue,
déjà à l'affût des accidents.
A onze ans, il publie sa première
photographie et devient l'assistant d'un photoreporter du journal La Prensa.
On le surnomme "El nino". Il se faufile partout, se perche sur les
épaules des pompiers pour prendre ses photos.
Les films de gangsters américains
le fascinent. Enfant, il allait au cinéma tout seul et se plantait au
premier rang. "Je pense que c'est avant tout la photographie et la lumière
de ces films qui m'ont influencé", explique Metinides dans son avant-propos.
"Il travaillait pour un tabloïd
mais ses photos sont bien composées et parlent de survie et d'humanité",
déclare à l'AFP Trisha Ziff, co-commissaire de l'exposition. "Cela
leur donne de la classe", ajoute-t-elle.
L'une des images les plus fortes
est celle, en couleur, d'une journaliste mexicaine renversée par une
voiture dans les rues de la capitale en 1979. Coiffée, maquillée,
elle sortait d'un salon de beauté, raconte Metinides. Sa vie s'est arrêtée
là. Les yeux grand ouverts tournés vers le ciel, le bras entourant
un lampadaire, elle reste magnifique. Un léger filet de sang coule de
sa bouche.
Le récit de Metinides rend
parfois l'image encore plus terrible. Comme celle de la pendaison d'une femme
à un grand arbre (1977). Cette mère séparée de sa
fille avait demandé peu avant à un policier de lui indiquer où
se trouvait l'arbre le plus ancien. C'est cet homme qui a retrouvé le
corps et a raconté l'histoire à Metinides.
Travaillant sur le vif, Metinides,
qui a pourtant le vertige, prend des risques. "J'ai eu de nombreux accidents,
19 en tout (...) mais j'ai toujours réussi à prendre des photographies
en pleine action", souligne-t-il.
L'expParfois une lueur d'espoir
brille dans cet océan de malheurs. Un petit garçon accidenté,
hospitalisé depuis des semaines sans que l'on connaisse sa famille, a
pu retrouver sa mère grâce à la publication de sa photographie
dans La Prensa (1965). "C'est l'une des rares occasions où l'une
de mes images a empêché une tragédie", relève
Metinides.
Il a tout vu: accident de bus,
de train, d'avion, de voitures, fusillades, assassinats, meurtres. Mais il se
dit surtout fasciné par les badauds qui viennent au spectacle. "Un
bel accident ça ameute les foules et c'est toujours une bonne chose pour
les marchands de glace", dit-il avec humour.
Metinides démissionne de
son journal en 1997 lorsque celui-ci est revendu. Ces dernières années,
son travail a été exposé dans plusieurs galeries notamment
aux Etats-Unis et sa reconnaissance internationale va grandissant.
A Arles, son exposition, assortie
d'un avertissement sur le fait que des images peuvent choquer la sensibilité
du public, fait son effet.
"Oh, my God!", s'exclame
une visiteuse avec un mouvement de recul devant une photo de crime. "Je
ne peux pas regarder des trucs pareils. Je trouve ça atroce", lâche
une femme devant une autre image.
6 juillet 2011
______________________________ Le
peintre Cy Twombly est mort
L'artiste américain Cy Twombly,
83 ans, l'un des plus grands peintres abstraits du XXème siècle,
est mort mardi dans un hôpital de Rome, a annoncé à l'AFP
le directeur de la collection Lambert en Avignon, Eric Mézil.
Hospitalisé il y a quelques
jours, le peintre, qui vivait en Italie, souffrait depuis plusieurs années
d'un cancer, selon M. Mézil.
Une exposition consacrée
à ses photographies venait de s'ouvrir à la mi-juin au sein de
la collection Lambert.
"C'était un tel roc",
disait mardi soir Eric Mézil, qui fut le premier marchand de Twombly
en Europe.
M. Mézil, qui le connaissait
depuis 20 ans, ajoute qu'il avait pris un billet de train pour aller le voir
la semaine prochaine. Il lui avait rendu visite en mai encore : "Oui il
allait bien, comme un vieux monsieur".
Il était aussi prévu
que Cy Twombly, qui abhorrait les interviews, vienne en Avignon en septembre
pour y voir l'exposition, intitulée "Le temps retrouvé, Cy
Twombly photographe et artistes invités", dont il était co-commissaire
avec M. Mézil.
Ami et compagnon de Jasper Johns
et Robert Rauschenberg, artiste américain parmi les plus reconnus de
sa génération, Cy Twombly, installé en Italie depuis plus
de 50 ans, vivait à Gaeta, ville côtière entre Rome et Naples.
"Il souhaite être enterré
à Rome, ville qu'il chérit depuis 50 ans", a précisé
à l'AFP M. Mézil.
Edwin Parker Twombly, affublé
par son père du surnom de Cy, est né en 1928 à Lexington
(Virginie). Il passera notamment par le célèbre Black Mountain
College (Caroline du Nord), pépinière de l'avant-garde new-yorkaise,
avant de s'installer en Italie, où il épouse en 1959 l'Italienne
Tatiana Franchetti.
Célèbre pour ses
graffitis, qui laissent transparaître la force du geste, il avait acquis
une renommée mondiale et, en 1994, le MoMA de New York avait organisé
une rétrospective de ses peintures, dont les prix s'envolent.
Toujours secret, l'homme a acquis
une vraie reconnaissance en Europe, en France notamment où il a réalisé
l'an dernier pour le Louvre un immense plafond d'un bleu méditerranéen
bordé de cercles colorés, surplombant des bronzes grecs et romains
rassemblés dans une des ailes les plus anciennes du musée.
En 2007, lors d'une exposition
à Avignon où le peintre était venu montrer ses toiles "pivoines",
une visiteuse avait posé ses lèvres sur un des tableaux, laissant
une marque de rouge.
L'affaire avait passé devant
les tribunaux et la cour d'appel de Nîmes avait condamné l'auteur
de la dégradation, Rindy Sam, à payer 18.840 euros à la
collection Lambert, au titre des frais de restauration de la toile.
Mardi soir, le ministre de la Culture
Frédéric Mitterrand a salué cet artiste "ni figuratif,
ni abstrait. Seulement génial".
"Aussi bien dans sa peinture,
ses dessins que sa sculpture, Cy Twombly s'est constamment tenu à l'écart
des grandes oppositions qui auront agité la scène artistique du
XXe siècle. Il n'était d'aucune chapelle. Moderne, mais étranger
à tout discours de rupture avec la tradition", a estimé le
ministre dans un communiqué.
"Il y a encore quelques mois,
a-t-il rappelé, j'avais eu la joie d'inaugurer en sa présence
le plafond peint qu'il avait réalisé pour la salle des Bronzes
du musée du Louvre. Une oeuvre magnifique que Cy Twombly avait tenu à
offrir pour marquer sa grande amitié pour la France".
6 juillet 2011
______________________________ Cent
documents des Archives secrètes du Vatican, exposés au
Capitole
Cent documents des Archives secrètes
du Vatican, d'une bulle papale déposant un empereur au XIIIe siècle
à des documents de Pie XII sur la dernière guerre, sortiront exceptionnellement
du Vatican pour les musées du Capitole, a annoncé mardi le Saint-Siège.
L'exposition Lux in Arcana, qui durera sept mois, s'ouvrira en février
prochain à l'occasion du 400e anniversaire de la création de ces
archives par le pape Paul V dans le palais apostolique à Rome.
Pour souligner le caractère
exceptionnel de ce projet, le numéro deux du Saint-Siège, le secrétaire
d'État Tarcisio Bertone, avait tenu à le présenter en personne
lors d'une conférence de presse : "La richesse intrinsèque
de l'exposition est accrue par le fait qu'elle aura lieu hors du Vatican",
a-t-il dit en exprimant la volonté du Saint-Siège qui est d'exposer
une sélection de ses archives, de contribuer à "l'approfondissement
de l'histoire" par le grand public, pour "la recherche de la vérité
et du bien commun". Mgr Sergio Pagano, préfet des Archives du Vatican,
a expliqué que les quelques documents du pontificat de Pie XII relatifs
à la Seconde Guerre mondiale ne constitueront pas des révélations.
Ce seront quatre à cinq documents, notamment photographiques, "faisant
mémoire" des victimes de la guerre et peut-être aussi des
camps nazis. La secrétairerie d'État a consenti à leur
exposition bien que les archives du pontificat (1939-1958) soient encore fermées,
sans doute "pour trois ou quatre ans encore", a expliqué Mgr
Pagano.
Plusieurs documents qui ont changé
l'histoire du monde franchiront le Tibre pour les musées du Capitole
: le "Dictatus papae" de Grégoire VII au XIe siècle,
dans lequel ce pontife avait affirmé la suprématie des papes sur
tout autre pouvoir, y compris celui de l'empereur, sera l'un des plus anciens.
La bulle d'Innocent IX déposant en 1245 l'empereur Frédéric
II von Hohenstaufen, la pétition adressée à Clément
VII en 1530 par les lords anglais pour qu'il annule le mariage d'Henri XIII
avec Catherine d'Aragon, un document autographe de Michel-Ange, les actes du
procès de l'astronome italien Galilée au XVIIe siècle,
des télégrammes officiels lors de la prise de Rome mettant fin
aux États pontificaux en 1870 seront exposés. Une lettre écrite
en 1650 sur une étoffe de soie par l'impératrice de Chine Wang
annonçant au pape Innocent X sa conversion, ou encore un message écrit
sur une écorce de bouleau par le chef de tribu indien des Chippewa à
Léon XIII en 1887 figureront parmi les clous de l'exposition. D'autres
documents seront de simples témoignages de la vie quotidienne aux siècles
passés.
La sélection à effectuer,
parmi des archives qui, si elles étaient alignées, "feraient
85 kilomètres de long, a été drastique et dramatique",
a dit Mgr Pagano. Les Archives, pour les contemporains, "sont une réalité
mystérieuse, parce qu'inconnue", "sans compter les ambiances
romanesques pseudo-historiques" qui les entourent, a-t-il dit, en faisant
allusion au Da Vinci Code de Dan Brown.
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