jour 22 septembre 2015
Une plaque à Paris à la mémoire d'Henri DutilleuxIci vécurent le compositeur Henri Dutilleux (1916-2013) Grand Croix de la Légion d'honneur et sa femme la pianiste Geneviève Joy (1909-2009). Photographie © musicologie.org. Par Jean-Marc Warszawski —— Enfin, une plaque, certes d'une rédaction assez brouillonne, mais gravée dans le marbre, a été posée 12 rue Saint-Louis-en-l'Isle, où pendant plus d'un demi-siècle le compositeur Henri Dutilleux (1916-2013) et son épouse la pianiste Geneviève Joy (1919-2009) ont vécu. Comme le rappellera Yves Mestre, le neveu du grand compositeur, les plus grands interprètes et chefs d'orchestre ont régulièrement franchi le seuil de l'immeuble. Roland Dumas. Photographie © musicologie.org. Le public était nombreux dans l'étroite rue, du beau monde musical. Dans le couloir de l'entrée de service Emmanuelle Bertrand accorde son violoncelle, certainement quelque peu inquiétée par le temps pluvieux. L'ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas, prend place sur une chaise qu'on lui offre. Yves Mestre est très applaudi quand il évoque les 7000 signatures qui ont imposé la pose de cette plaque à des élus parisiens pédalant dans le yogourt. Le dévoilement est longuement, lui aussi, applaudi. Yves Mestre, neveu d'Henri Dutilleux. Photographie © musicologie.org. Lorsqu'Emmanuelle Bertrand s'empare de son instrument, une grande émotion céleste ouvre les vannes du ciel, qui de pluvieux passe à pluie battante. Heureusement un dais a été dressé, le violoncelle ne prend pas l'eau. Les parapluies s'ouvrent, celles et ceux qui profitent de l'effet de gouttière dont moi, sont encore plus trempés. La célèbre violoncelliste vit sans doute aucun une expérience existentielle intense, plus pas les circonstances que par l'une des Strophes sur le nom de Sacher qu'elle interprète. Bruno Julliard, adjoint à la culture de la Mairie de Paris et Christophe Girard, maire du 4e arrondissement, ont apporté par leurs prises de parole un air de rencontre de quartier un peu au-dessous de la dignité qu'on aurait aimée. Ils étaient surtout venus pour parler d'eux-mêmes, de leur « société d'admirations mutuelles ». 12 rue Saint-Louis-en-l'Isle. Photographie © musicologie.org. Ils ont longtemps insisté sur la trop longue et déplorable polémique, pour faire plus long et plus déplorable je suppose, renvoyant ainsi tout le monde dos à dos et eux au-dessus. On a un temps pensé, enfin au détour d'une phrase j'ai pensé que Girard allait s'excuser d'avoir salit la mémoire d'Henri Dutilleux en le faisant passer pour un collaborateur de l'occupant nazi, en osant même le comparer à Louis Ferdinand Céline. J'ai mal pensé. Il nous a parlé des œuvres de Dutilleux qu'il aimait, un choix très personnel dit-il, expérience personnelle qui s'avère être une lecture fidèle de Wikipédia. « J'ai une idée » s'exclame-t-il à la fin, idée personnelle elle encore puisée dans Wikipédia. Emmanuelle Bertrand. Photographie © musicologie.org. Julliard plus jeune et plus fraîchement roublard faussement spontané, a chanté un couplet dont on connaît le refrain sur le difficile débat entre historiens et spécialistes, en oubliant que ces spécialistes étaient dès le départ favorables à la pose de cette plaque. Il a tout de même dit haut et fort qu'il y avait eu une grosse erreur quelque part, ce que tout le monde sait. En ne précisant pas où et quoi, il laisse planer le doute. Il s'emmêle dans son discours, prononce Gabriel Fauré comme Gabriel Fort (rires dans la rue), et nous apprend alors que son cabinet pense qu'il est meilleur en improvisation qu'en lecture. Nous sommes bouleversés par la confidence de ce grand homme. Malgré le côté un peu bouffonnant des deux orateurs institutionnels, le monde de la musique a dignement représenté sous la pluie les 7000 signatures favorables à la pose de cette plaque et honoré la mémoire d'Henri Dutilleux. jmw
Séverine Ballon : violoncelle et SolitudeSéverine Ballon, Solitude. Séverine Ballon (violoncelle), Mark Knoop (piano), œuvres de Rebecca Saunders, Mauro Lanza, James Dillon, Liza Lim, Thierry Blondeau. Aeon / Outhere 2015 (AECD 1647) Par Flore Estang ——Après avoir commencé sa carrière de soliste, la violoncelliste Séverine Ballon a décidé de concentrer son travail d'interprète sur la musique de son temps. Dotée d'une excellente technique instrumentale (Berlin et Lübeck) et d'un sens de la musique accompli, elle propose à ses auditeurs un voyage musical inédit et rare au disque. Résolument moderniste, le programme du CD est organisé autour de cinq compositeurs, avec cinq œuvres récentes (dont quatre du XXIe siècle) et d'égale durée (entre 11 et 17 minutes chacune), dont les titres évocateurs ne mentent pas sur leur intention de paysages sonores. Encadrant trois pièces plus « anciennes » les deux œuvres de 2013, Solitude et Blackbird, commencent et terminent respectivement le CD. Elles apportent toutes deux une nouvelle approche de l'instrument qui ne sonne plus comme un violoncelle et ouvre le champ de l'imaginaire à des contrées encore inexplorées. (+) lire la suiteMichel Strauss et Maria Belooussova : Un tas de petites choses de violoncelle en pianoUn tas de petites choses, Maria Belooussova (piano), Michel Strauss (violoncelle), œuvres de Fauré, Debussy, Massenet, de Falla, Cassado, Chausson, Janáček, Caplet. Soupir éditions 2014 (S230).Par Flore Estang ——Souplesse incomparable, finesse de jeu, clarté du timbre, expression à la fois douloureuse et retenue : le violoncelliste Michel Strauss est l'un des meilleurs représentants de l'École française du Violoncelle. Dans son récent enregistrement CD, le musicien et sa complice pianiste Maria Belooussova ont construit un programme autour du répertoire français pour violoncelle, programme parsemé avec bonheur de pièces espagnoles et tchèques, essentiellement composées entre deux guerres — celle de 1870 et la Grande Guerre — période importante de l'histoire de la musique inscrite dans un contexte historico-politique développé dans la notice du cédé. (+) lire la suite
©musicologie.org 2015 Mercredi 23 Septembre, 2015 16:56 |
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