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lundi 10 mars 2014

Feuilleton (24). Le voyage au Castenet. La carnette de Van Der Reynet (1)

 

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Transmettre l'histoire de la famille a toujours être une charge sacrée pour un Van Der Reynet. Nous sommes appelés à ouvrir les chemins des émancipations. Nous sommes dépositants du plus formidable macération intellectuelle de tous les tempses. Nous sommes depuis neuve générationen à l'affût des tous les signes précursants d'une nouvelle Création. Les Van Der Reynet ont l'obligation de parler française en plus de la hollandaise. Je le fais mieux un petit peu que les autres. Non de Dieu, moins bien que les français et les hollandais eux-mêmes. Éparpillées sur toutes les territoires du planisphère, les branches du famille se ramifient et rencontrent pour cultiver son culture particulier. Mais depuis longtemps, des désaccordes nous plombent joie de vivre. Personne n'a le vérité sauf nous on dit. Mais c'est évident on a perdu la sleutel, la clef. Moi je cherche la clef. Eux disent que chercher la clef c'est montrer qu'on ne l'a pas. En vérité on l'a jamais avoir. On se boude. On ne se connaît plus. Mais je cherche et je pense. Ils admirent les philosophes, ils agitent beaucoup des grandes phrases à plein les mains. Ils me trouvent trop intellectuel. Sont-ils cons les cons. En plus ils ne savent pas ce qu'ils racontent. Plus personne n'est capable de raconter le véritable histoire des Van Der Reynet.

Il faut relever les aléas de la vie des histoires. Tous les histoires à force se couvrent de patine corruptivique. Je veux dire le temps est acide rongeur. On se le chante en disant que ça fait noble le vieux. Tu parler ! Des chancis rongent les coins. Les mots sont déchirés, les couches sémantiques se soulèvent. Les contours s'estompent. Les bordages sont écorchés. Les structures se délitent et les supports se fragilisent. Les glacis ternissent. Les vernis jaunissent, les couleurs tournent au pisseuse. Les trames sont usées, même dans le cas d'armures solides. Les cadres s'ils ne cassent pas se déforment. Les châssis se voilent. Trop de lacunes, trop des zones fragiles. Toutes les histoires deviennent grises et salopeses. À la fin elles sont furonculeuses et sentent comme les pieds de porc du bouc.

Tout le monde le sait sans le savoir. On ne se rend pas compte qu'on les bricole sans arrêt. Ici un redit largement recouvrant. Là une remise à niveau par masticage. On refait un cadre, on cache les ternis par des bronzageszures à quat sous, on réintègre illusoirement, on superpose des strates narratives, on pulvérise du vocabulaire. On ragrée les décollements. Tous ces rajouts aboutissent à des récits à double ou triple composition. On déplace sans vergogne et on réintègre d'autres déplaçages. On taille dans les vernis, mais on fait des coulures sur le temps. On sauve le lisibilité par une empâtement grossière qui écrase la matière.

Rien ne peut empêcher les craquèlements d'une histoire qui vieillit, rien ne peut éviter le processus de dégradage. Les mots n'ont pas assez d'adhérence. La colle à radicaux n'est pas assez puissante pour rassembler la déchirure des joints. Les nettoyages sont les pires choses. Une fois qu'on a raclé les coulures, remplacé les traverses, assemblé les lés, rehaussé les contours, découvert les attritions et les fonds affleurant, ajouté des angles, on a simplement additionné du temps au temps. Il vaut mieux chercher à comprendre pour travailler son propre histoire. Par les poils du bouc cornu j'ai de sacrées idées sur le question.

Pour les Van Der Reynet, tout commence au temps des réinventeurs de la poudre perlimpinpinesque verte et grise, poudre à cervelle qui a la couleur espérancielle dans la fin des ans 1400. D'abord Pietro Pomponazzi. Un sacré bougre qui enseigne en Italie. À Ferrare, à Bologne. Mais c'est à Padoue que le jus de pensée mijote dans les cornues. Comme maintenant, les enseignants ne sont pas écrasés par les heures de travail... Enfin travail ??? Aujourd'hui pareil. Il a le temps d'écrire trois livres. De immortalitate animae c'est encore Aristote recuite. Mais il restaure aussi la pureté d'Averroès qu'il mélange à Alexandre d'Aphrodise. Il dit que l'âme, inséparable du corps est mortelle. Dans ces ans là c'est assez fort courragé. Obligé de tendre une main servile aux dangereux papoteux papistes. Il dit que tout le monde le sait. Mais l'Église a raison de défendre l'immortalité de l'âme à cause des mauvais penchants de l'homme et à la masturbation qui rendait sourd à cette époque (pas prouvé). La vérité cède à l'honnêteté. Faut une morale. C'est dans le fond encore pire. Le pape est ulcéré et développe des crampes acides à l'estomac. Il charge un godasse (godillot ?) du nom de Nifo de mixturer une bonne remède. Par la cornette du pape, Pompo est prudent. Il accepte de dire que la raison n'a jamais raison dans les questions de la foi. Sauve sa peau. Tout juste. Mais il remet ça avec deux autres bouquins. Il réfute le caractère surnaturel des miracles et des prodiges. Il faut dire qu'après lui il y en a encore des mirages. Et pour couronner tout, critique l'intervention divine, soumet Dieu aux lois universelles de la nature. Pompo est un grand homme puissamment protégé. Peut-être il a sa propre garde. Il meurt dans son lit, le cher aïeul.

Son élève Cremoni en rajoute. Son marmite est aussi à Padoue. Il envoie les théologiens sur la rose, parce qu'on est dans un monde de la raison. Ils n'ont rien à y faire. Il a chaud à les fesses. Les jésuites veulent son peau. Venise l'accueil et le protège. Pour berniquer le pape, on lui octroie un salaire au double de celui de Galilée qui en fait une jaunisse. Cesare Cremoni a de nombreux élèves et disciples dans toute l'Europe. Il meurt dans son lit pépère. Je chérir son nom petit-nom surnom et mémoire.

On s'inquiète autour du pape. L'élève préféré de Cremoni, Lucilio Vanini a moins pas grand chance. Mais lui il exagère carrément trop beaucoup. Bien entendu, toujours Padoue. Lui aussi trempe son plume dans l'encre d'Aristote et d'Averroès. Il voyage beaucoup. En Bohème, en Allemagne, très important pour mon famille en Hollande, revient en Italie. Il est cul de chemise avec Marie la Médicis. Très grand prince, il foudroie les idées hérétiques et libertines. Il peut bien faire, ce sont les siennes. Il séduit une femme dont il assassine le père qui est commandeur. Un vrai opéra. Il fuit en Angleterre. Dans le but d'entrer en Italie, il publie des ouvrages de ferveur droit dans le ligne des Jésuites. Malin. Il a protection. Du solide. À peine entré en Italie, il publie un livre qui explique comment il faut lire ses ouvrages pieux. Du délire. Tout est à double sens. Les jésuites dupés lancent un appel au meurtre contre lui. Il fuit à Toulouse sous un de ses multiples noms empruntés. Il mène la grande vie cuve pleins feux sa poudre verte et aussi les choses à alcool. Mais il défie la hiérarchie civile en racontant partout les histoires de fesses cul d'un seigneur de ses amis. Il n'échappe pas à l'arrestation. On lui arrache la langue et on le brûle. Au dernier moment, alors que les graisses commencent à suinter sous la chaleur, il repousse le crucifix qu'un moine chenu lui tend à baiser (lui il baisait autre chose). C'est par ce magnifique geste que termine le tempse des inventeurs de la poudre de cervelle verte comme avenir. Vous pas croyez que c'est pour bourrer les pipes en porcelaine. Cette poudre pas du tabac.

Mon aïeul, Méziriac Van Der Reynet est né en 1619, à Voorburg en Hollande au temps des poseurs de bombes vertes qui suit naturellement celui des inventeurs de la poudre. Une chose après l'autre ! Enfin, il s'agit de bombes qui écrivent des majuscules à la civilisation. Pas de celles qui lui explosent au nez et tuent. Mais on a compris les dangers. Le père Garasse se déchaîne. Il éructe des ordures contre les athées, les libertins, les suppôts de Satanie. Il est tellement grossier qu'il se fait virer par les jésuites. Mais ils le soutiennent de autres manières. Dans les rangs des semeurs de troubles on devient prudent, Méziriac y veille. On provoque ainsi des lacunes dans l'histoire. Les choses sont moins certaines.

Méziriac étudie à Leiden, où il rencontre un jeune fransouze qui deviendra célèbre : Théophile de Viau a définitivement pris ses aises avec Dieu. Il passe ses vacances à Voorburg sa ville natale. Non de Dieu, on ne sait pas ce qu'il a raconté, un jour en y achetant des saucisses chez le boucher. Il se retrouve dans l'arrière-boutique et fait la connaissance de Spinoza. Rencontre qui bouleverse la vie de ma famille. Mon ancêtre devient un militant acharnu dans Conspiration des Hommes. On sait que ce terme est de Regius, le disciple de Descartes. C'est même à ce sujet qu'ils se fâchent. Méziriac fait tellement bien ses preuves qu'on le nomme premier cachottier. C'est certainement à lui et à son alliance avec Dame la prudence (c'est image allégorique, elle n'existes pas), que l'on doit les vastes lacunes de l'histoire. En 1677, peu avant de mourir, Spinoza lui confie d'importantes clefs. On ne sait pas si ce sont de vraies clefs, des idées majeures, ou des codes. Il lui demande de les mettre en sûreté, avec sa propre personne si possible. On pense aux jeunes Amériques. Il emmène avec lui une libertine dont il est amoureux, Madame Deshoulières. Les clefs sont cachées dans le double fond d'une malle. Le système se déclenche quand on appuie sur le nez de Descartes, peint dans le couvercle. Ils s'installent à Salem-Village. Au bout du grand rue. Jolie maison. Ils ont le temps de donner au monde une descendance. Madame Deshoulières meurt en 1684. En croyant l'Amérique une terre de liberté, ils se mettent le doigt dans l'œil. Méziriac est brûlé avec son ami Samuel Parris en 1692, à l'âge de soixante-treize ans. Il a le temps de mettre le reste de sa famille à l'abri. La malle double fond à secrets a disparu.

La plupart des intellectuels de ce temps travaillent à la mise au point définitive des idées matérialeuses dans l'ombre de maître Spinoza. Ça va de la simple et timide contribution à la plus franche affiliation. Géographiquement on peut suivre les semences de Cremoni et de Vanini. Hobbes en Angleterre, c'est clair. Le groupe Bayle, Fontenelleet et van Dalle agissent en France et en Hollande. Ils défendent les huguenots et pensent qu'une cité sans Dieu est tout à fait envisageable. Ils dressent même un tribunal pour juger les crimes de David. Bizarre. Cyrano de Bergerac à qui on attribue bêtement le physique et les humeurs de Descartes est un lieutenant très actif. Il est assassiné. On peut y mettre sans trop risque de se tromper la Mothe le Vayer, sceptique indécrottable. La Mothe fait d'ailleurs partie de la Tétrade, un groupe de choc, avec Gabriel Naudé, ancien élève de Cremoni à Padoue. Comme on se retrouve. Il y a aussi Gassendi et Diodati. Ceux-là sont terribles. Face à Gassendi, Descartes ne fait pas le poids. Sans aucun doute Mydorge, Roberval, Villebressieu, Desargues. Mais lui, il en veut à mort à Descartes. Kepler bien sûr et Herbert de Cherbury. Kepler perd beaucoup de temps à batailler avec l'anglais Robert Fludd qui a pris très au sérieux la farce du manifeste de Kassel des Croix Roses et leurs fumées alchimistes. Et Boulliaud, Peresc, Fermat, peut-être Mallebranche, plus certainement Maupertuis.

Contrairement à ce qu'on a pu dire, il faut écarter Velasquez, le peintre, qui ne pense qu'aux honneurs de la cour de Madrid où il reçoit la très haute charge d'huissier. Leibniz à mal tourné. Il s'enfonce dans la politique. Descartes n'a pas le profil. On a pris de lui le portrait qu'on attribue à Cyrano. Un grand nez, de caractère soupe au lait. Militaire qui tire facilement sa rapière pour les dames. Il se fâche trop facilement pour des vétilles. Fait appel aux princes pour museler ses contradicteurs. Ça fait mauvais effet. Cafeteur dans les juponnés de maman. Le pire est qu'il rencontre Desargues à Ulm, le 10 novembre 1619. Desargues est comme lui militaire. Mais grosse peer pouarre poire de matheux. Il confie ses projets à Descartes, autour du poêle. Descartes lui pique toutes ses idées. Descartes est aussi reçu par Bérulle, le nonce du pape. Quand le prélat meurt en célébrant la messe, René chante à qui veut l'entendre qu'il est responsable de l'exécutoire. Mais les dates ont deux ans d'écart. En plus ce ne sont pas les méthodes de la Conspiration.

Les membres de la Conspiration communiquent aisément entre eux. Ils se connaissent par une sorte de chaîne. Ils correspondent beaucoup. Se rencontrent dans des salons, ou chez des personnages importants, comme le père Marin Mersenne à Paris, qui fait d'ailleurs office de boîte aux lettres. On se rencontre aussi dans l'arrière-boutique d'un boucher ou d'un libraire à Voorburg où habite Spinoza.

Voilà pour l'histoire du Conspiration des Hommes dont mon famille a charge. Il en existe autres versions. J'ai moi-même copié celle-ci dans la carnette de mon père avant son mort. Cet carnette a été enterrée avec lui. C'est la tradition. Respecte. Mais les bombes ont éclaté avec les philosophes des lumières et la Révolution française. Je pense que les van der Reynet peuvent reprendre propre histoire. Je suis au bord de parvenir à de grandes découvertes. Je n'ai pas le temps de ravauder les franches lacunes de ce récit. Par les poils du bouc troiné je me consacre à moi.

À suivre...

Alexander Bone lauréat du premier prix jeune musicien de jazz de la BBC

Alexander Bone a été nommé lauréat du premier Prix jeune musicien de jazz de la BBC, sur la scène du Collège royal de musique et d'art dramatique de Cardiff. La finale sera diffusée par le BBC vendredi 23 mai.

Le jury qui a départagé les cinq finalistes accompagnés par le Gwilym Simcock Trio, était composé par Julian Joseph, Django Bates, Jason Yarde et Trish Clowes.

Ce nouveau Prix de la BBC est une annexe au Prix du jeune musicien initié en 1978.

Source BBC

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Lundi 17 Mars, 2014 3:48

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