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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte —— Les œuvres de Frédéric Chopin

Frédéric Chopin : les polonaises opus 44 et 53 

frédéric Chopin

sans no d’opus ; opus 71 ; opus 22 ; opus 26 ; opus 40 ; opus 44 et 53 ; opus 61.

Une des « plus énergiques conceptions » de son auteur, disait Liszt de la magnifique Polonaise opus 44 en fa dièse mineur, que Chopin avait jugé bon de présenter comme « une sorte de polonaise, mais plutôt dans le genre d’une fantaisie ». En effet, « non seulement il y fait la synthèse des deux danses nationales, en lui donnant pour trio une mazurka, mais, délaissant en partie la structure da capo suivie jusqu’ici, il y pratique déjà cette forme assouplie, libérée, et comme en expansion, qui mène au glorieux chef-d’œuvre final [la fameuse polonaise-fantaisie opus 61]. »17  Energique jusqu’à la véhémence, sombre et rageuse, l’œuvre bascule un long moment, avec son tempo di mazurka, dans une atmosphère étrangement sereine, idyllique même. Génialement préparé, le retour à la polonaise initiale n’en est que plus saisissant.

Frédéric Chopin, Polonaise opus 44, en fa dièse mineur, par Vladimir Horowitz, 1968.

Grandiose, et d’ailleurs indiquée maestoso,  l’opus 53 en la bémol majeurbjustifie pleinement son surnom de polonaise « héroïque ». Impressionnante à tous égards, mettant en œuvre un arsenal pianistique flamboyant, « c’est une page véhémente et solennelle, faite de violences rythmiques et de nostalgie, que Chopin ne voulait pas entendre jouer trop vite ni dans ce fracas de tonnerre avec lequel elle est généralement rendue. Toute précipitation nuit à la grandeur et à la majesté de cette pièce. »18

On y échappe, hélas, trop rarement, et c’est d’autant plus regrettable qu’avec la précédente, et bien entendu la suivante, cette polonaise est l’une des plus géniales, de « celles où s’équilibrent le mieux les violences rythmiques et la solennité, la colère et la nostalgie, les grandes montées chromatiques, les brusques suspensions, le fortissimo et le pianissimo, tout ce pathétique chatoyant, parfois désespéré, souvent prophétique et révolutionnaire, qui n’exclut pas le relief des profondeurs et à certains moments la confidence directe. »19

Frédéric Chopin, Polonaise opus 53, en la bémol, par Maurizio Pollini.


Par Martha Argerich dans les années 1960.

plumeMichel Rusquet
9 septembre 2020
© musicologie.org

Notes

Sacre Guy, La Musique de piano, Robert Laffont, Paris 1998, p. 697.

De Place Adélaïde, dans Tranchefort François-René (dir.), «Guide de la musique de piano et de clavecin», Fayard, Paris 1998, p. 213.

Bourniquel Camille, Chopin, « Solfèges », Éditions du Seuil, Paris 1960, p. 136-137.

Voir : introduction ; Piano : polonaises ; mazurkas ; valses ; Scherzos ; impromptus ; nocturnes ; ballades ; préludes ; études ; sonates ; diverses œuvres pour piano ; musique de chambre ; musique concertante.


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