mardi 28 avril 2015
Chouette 5e Salon Maria Szymanowska
Les grandes salles des fêtes 3e République des mairies parisiennes, tout en long et haut ne sont pas spécialement bien conçues pour les exigences contemporaines du concert. Celle du 4e arrondissement ne m'a pas laissé des souvenirs impérissables, sinon son beau grand piano Petrof.
Aujourd'hui (28 avril 2015) j'ai l'impression de découvrir le lieu, coupé par un paravent, ses boiseries, ses fresques allégoriques, sa scène haute, au fond arrondi, descendant en escalier dans la salle, et le beau grand piano Graf de 1828. Indéniablement, l'ensemble a du charme, malgré la soixantaine de sièges fonctionnels plastique et tube qui auraient été bien plus joliment chic et couleur locale en pieds bobineaux, dorure et velours rouge. Le public arrive très en avance, mais le récital prévu à 19 heures commence en retard en raison d'une affluence inattendue, il a même fallu ajouter des sièges fonctionnels plastique et tube qui auraient été bien plus joliment chic et couleur locale en pieds bobineaux, dorure et velours rouge. J'ai troqué mon jean et mon sweat contre un joli costume noir qui me rassure, je peux encore entrer dedans, il y a même un peu de large, les baskets contre mes chaussures de ville noires (avec chaussettes de même couleur), et mon maillot gothique à tête de mort contre une chemise à fleurs très colorée en ce printemps. J'ai oublié d'aller chez le coiffeur, même de me coiffer, un léger laisser-aller peut être un raffinement coquet. Dans la loge, la mezzo-soprano Elisabeth Zapolska et le pianiste Alain Roudier papotent tranquillement tout en se concentrant. Il est question du Graf 1828 et de diverses petites choses, du public qui tarde à entrer. Deux bises respectueuses du maquillage à l'une, une poignée de main virile à l'autre. On se réjouit de la présence de Marta Stachowiak, première secrétaire de l'ambassade de Pologne en France.
Un beau programme, très rare en France, peut-être moins en Pologne, avec des mélodies de Chopin et de Maria Szymanowska, agrémentées par des extraits du Voyage d'hiver de Schubert, d'une mazurka de Chopin et de trois Valses de Szymanowska. Le choix et l'agencement des romances sont judicieux, l'exécution d'une belle élégance, conviction et beauté par une artiste qui possède parfaitement les trois langues chantées, à savoir le polonais, le français et l'allemand… Nous avons la traduction des mélodies en mains. Mon voisin pense qu'il vaut mieux se concentrer sur la musique et oublier les paroles qui sont bien trop déprimantes. En fait, c'est un problème cartésien. Mineur, mais quand même. En effet, le spadassin philosophe se demandait comment il était possible que nous prenions plaisir aux tragédies. Renonçant à percer les secrets de l'âme humaine, il nous a laissés sans réponse. Mais il est évident que le public, ravi, a passé un excellent moment de musique en compagnie des amants abandonnés, de la glaciation climatique et amoureuse, de la mort, et d'une musique magnifiquement vivante.
J'ai été très heureux de présenter ce concert, mal coiffé, mais avec un joli costume noir et une chemise à belles fleurs. Il est si rare d'être en une telle bonne compagnie. On retrouvera le texte de cette présentation sur le site de la Société Maria Szymanowska, avec bientôt je l'espère quelques extraits filmés de la soirée. Jean-Marc Warszawski
© musicologie.org 2014 Dimanche 3 Mai, 2015 20:19 |
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