______________________________ appel à contributions : l'expérimentation
en question
Dossier dirigé par Matthieu Saladin IDEAT
(Université Paris 1/ CNRS) Le Quai École
supérieure d'art de Mulhouse
Selon l'une des définitions données
par John Cage des musiques expérimentales, l'expérimentation
aurait pour tâche de poser des questions plutôt
que d'apporter des réponses toutes faites. Ce
numéro de TACET voudrait retourner cet adage
à l'expérimentation elle-même en
interrogeant ses principes, ses manifestations et ses
enjeux aussi bien historiques (pour autant qu'ils questionnent
notre contemporanéité) qu'actuels.
L'expression « musique(s) expérimentale(s)
» sert habituellement à désigner,
du point de vue historique, les pratiques de musiciens
et compositeurs, principalement anglo-saxons, réunis
autour de la musique et des idées de Cage, du
moins s'en réclamant directement ou indirectement.
L'indétermination, le processus et l'intérêt
pour les « nouveaux » sons y constituent
des axes de recherche majeurs. Mais cette expression
renvoie également à des courants musicaux
et/ou artistiques antérieurs (le futurisme avec
Russolo et l'émergence de la poésie sonore,
les premiers travaux de musiques électroniques
en Russie, etc.) qui ont contribué à remettre
sur le chantier les normes qui régissaient la
création sonore. De manière contemporaine
aux premières expériences de Cage avec
le hasard, l'appellation « musique expérimentale
» a pu tout aussi bien être utilisée
par Pierre Schaeffer dans un sens sensiblement différent.
À partir des années 1970, le champ que
recouvre l'expression s'élargit sous la dynamique
des musiques improvisées, d'expériences
menées dans la nébuleuse rock, du minimalisme
et des musiques électroniques. Aujourd'hui, son
application apparaît d'autant plus variée
que son sens n'a plus rien d'évident, rassemblant
finalement, faute de qualificatif approprié,
toute pratique musicale aux bruits « suspects
».
Toujours est-il que cette expression « définit
» un champ de pratiques sonores particulièrement
hétérogènes, voire aux enjeux et
aux modalités quelquefois antagonistes. Si l'expérimentation
a pu chercher à remettre en cause une pensée
progressiste de la modernité, elle a su également
y contribuer dans son exigence de nouveauté.
De même, alors qu'une certaine tradition expérimentale
réclame le retrait de l'individu dans son projet,
d'autres formes visent, aussi bien chez les musiciens
que chez les auditeurs, l'expérience des limites,
ou encore s'attachent à questionner les rapports
au collectif. Mais les ambitions de l'expérimentation
se retrouvent également dans le vœu de troubler
les frontières entre l'art et la vie – sinon
entre les arts (dimension polyartistique) –, d'investir
les possibilités offertes par les nouvelles technologies,
tout comme de questionner leur domination et d'en exploiter
les failles. À cette diversité insaisissable
répond pourtant l'aspect situé et local
de l'expérimentation en tant que telle, à
même d'interroger la prétention d'une expérimentation
générale ou continue, voire l'ontologie
de courants musicaux définis en soi comme expérimentaux.
Où se situe alors l'expérimentation dans
les musiques expérimentales comprises dans leur
diversité ? Quand y a-t-il expérimentation
? Quels sont les procédés utilisés
? Quelles peuvent être les différences
et les tensions entre les multiples usages du terme,
qui varient en outre selon les cultures et les contextes
sociohistoriques ? Quelles sont les formes de l'expérimentation
sonore aujourd'hui ? Quels déplacements peut-on
observer, d'une génération à l'autre,
dans les problématiques musicales, mais aussi
sociales et politiques, que pose l'expérimentation
?
Prendre comme point de départ pour la réflexion
l'hétérogénéité des
musiques expérimentales implique également
de repenser l'étendue des pratiques qu'elles
peuvent concerner. En effet, si l'expérimentation
est bien souvent identifiée, au moins pour la
modernité, comme relevant des musiques d'avant-garde,
elle ne saurait s'y réduire et peut tout aussi
bien être repérée dans des pratiques
qui ne sont pas d'emblée « rangées
» sous l'étiquette « musiques expérimentales
» et en premier lieu dans les musiques populaires.
Quelles formes d'expérimentation se trouvent
à l'œuvre dans ces musiques ? Quels dispositifs
mobilisent-elles ? Quelles sont les influences des musiques
populaires sur les musiques dites expérimentales
et inversement ?
Une autre perspective de recherche pourrait interroger
les discours qui justifient les pratiques. Nombre de
musiciens voués à l'expérimentation
ont pu, notamment dans les années 1960, s'inspirer,
de manière plus ou moins critique, de courants
de pensée philosophiques et/ou spirituels, comme
la philosophie de l'expérience, les théories
de l'information ou encore les philosophies orientales.
Quels usages les musiciens peuvent-ils faire de ces
théories dans leur pratique ? En quoi ces lectures
peuvent-elles nous renseigner sur les enjeux et les
postulats des expérimentations entreprises ?
Quelles sont celles qui circulent dans les pratiques
contemporaines ? De telles lectures dépassent
bien souvent le seul champ de l'expérimentation
et révèlent, dans leurs préoccupations,
des phénomènes culturels plus larges :
de quoi, dès lors, ces discours paramusicaux
qui nourrissent l'expérimentation seraient-ils
le symptôme ?
Enfin, alors que l'on insiste souvent sur les processus
de création que mettent en œuvre les musiques
expérimentales, la réception de l'expérimentation
apparaît peu questionnée. Nombre de performances
historiques se sont pourtant soldées par des
scandales ou ont été accueillies avec
une certaine réserve, tandis que d'autres ont
donné lieu à des expériences collectives
dépassant le seul moment du concert. Quelles
sont les conditions (sociales, institutionnelles, culturelles)
de réception de l'expérimentation ? Qu'implique
l'expérimentation chez les auditeurs ? Qui concerne-t-elle
? Quelles peuvent être les expériences
de l'expérimentation du point de vue de différents
publics ?
D'autres axes de réflexions pourront concerner
:
Les concepts qui définissent l'expérimentation,
mais aussi les apories et les mythes qui entourent les
pratiques.
Les rapports aux technologies, du bricolage et du
détournement à l'intérêt,
parfois proche du scientisme, pour les nouvelles technologies
; les différences et similitudes entre l'expérimentation
scientifique et l'expérimentation sonore.
L'analogie politique de l'expérimentation
; les ambitions sociales et critiques de certaines pratiques
musicales expérimentales, leur récupération
potentielle ou effective ; les modalités et les
enjeux d'une expérimentation collective.
Le problème des catégories et des distinctions
dans les musiques expérimentales. Les remises
en cause qu'elles occasionnent et les nouvelles cartographies
et généalogies qu'elles dessinent.
L'impact et le développement des musiques
expérimentales en dehors de l'Occident. Et en
retour, les influences d'autres traditions musicales
sur les musiques expérimentales occidentales.
Les rapports à la subjectivation et à
l'identité qui se jouent dans l'expérimentation.
La question du genre dans des traditions et des courants
musicaux encore largement masculins.
Les manières dont des subcultures, des communautés,
des scènes ou des réseaux peuvent se solidariser
et se forger autour d'une ambition expérimentale
(le bruit et les volumes extrêmes dans la noise,
les rencontres impromptues dans l'improvisation libre,
etc.)
Ce prochain numéro de TACET voudrait aborder
ces questions dans une perspective interdisciplinaire
(esthétique, philosophie, musicologie, histoire
culturelle, cultural studies, gender studies, sociologie,
sciences politiques, littérature, psychanalyse,
etc.) et entend réunir un ensemble d'études
où l'expérimentation sera interrogée
dans la diversité de ses formes et l'hétérogénéité
de ses problématiques. Sont attendues des analyses
générales, de cas particuliers comme des
études transversales.
Les questions proposées par cet appel à
contributions ne sauraient être exhaustives. Elles
représentent quelques pistes de recherche d'ordre
général suggérées aux potentiels
contributeurs. Elles souhaitent néanmoins rappeler
que la revue TACET attend des études de fond
nourries d'un propos argumenté. Le comité
de rédaction sera de plus particulièrement
attentif à la qualité rédactionnelle
des contributions, estimant que les dimensions littéraire
et poétique ont toute leur place dans l'articulation
et la transmission d'une pensée. Il est également
rappelé aux auteurs que la revue s'adresse à
un lectorat élargi.
Les auteurs doivent informer au préalable
le comité de rédaction de TACET de leur
projet d'article par courriel en précisant le
titre de leur contribution et en joignant un résumé
de leur proposition. Les articles sont quant à
eux à envoyer par courriel avant le 15 avril
2012 aux adresses suivantes : redaction@tacet.eu et
matthieu.saladin@gmail.com
Il convient de joindre à l'article, un résumé,
quelques mots-clés et une biographie succincte
de l'auteur. Nous prions les auteurs de suivre les instructions
(format des articles, normes bibliographiques) disponibles
à l'adresse suivante ; leur respect facilitera
le processus éditorial et écourtera ainsi
les délais.
Vous pouvez télécharger l'appel à
contribution en français et en anglais à
l'adresse : https://www.tacet.eu/2
N'hésitez pas à le faire circuler,
en n'oubliant pas qu'il s'agit d'une parution bilingue
(FR/EN) https://www.tacet.eu
dimanche 15
avril 2012
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L'album posthume d'Etta James
The Dreamer, un disque d'Etta James, vient de paraître chez Universal. Depuis l'enregistrement d'un disque, cette légende soul est décédée le 20 janvier à 73 ans des suites d'une leucémie.
Née à Los Angeles, d'une mère tombée enceinte à l'âge de 14 ans et d'un père inconnu, Jamesetta Hawkins avait rencontré à 14 ans l'impresario Johnny Otis, qui lui donna son nom d'artiste et la lança avec les Peaches. Son morceau d'anthologie demeure « At Last » enregistré en 1960.
Elle était connue pour ses attitudes provocantes sur scène. Avec ce disque elle reprend des classiques soul et rhythm'n blues, tels « Cigarettes & Coffee », d'Otis Redding, « Dreamer », de Bobby Bland, « Misty Blue », de Bob Montgomery, où elle atteint des sommets d'émotion.
dimanche 15
avril 2012
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Chick Corea & Gary Burton en
tournée
Chick Corea et Gary Burton fêtent le 40e anniversaire de leur collaboration avec Hot House, leur septième album studio en duo.
Ces complices musicaux seront en concert à Amiens le 16 avril, Salle Pleyel de Paris le 17, Mulhouse le 18 et Metz le 21.
dimanche 15
avril 2012
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Daniel Guichard à l'Olmympia
pour ses 40 ans de carrière
Daniel Guichard est jusqu'au 22 avril sur la scène de l'Olympia, avant une tournée en France et en Belgique. Il fêtera ainsi ses quarante ans de carrière.
Accompagné par vingt musiciens dont un ensemble de cordes et de cuivres, Daniel Guichard, qui a toujours défenduson indépendant par rapport aux maisons de disques, interprétera ses chansons les plus célèbres et 14 nouveaux titres.
Ils seront réunis dans son prochain album — le premier depuis 20 ans — Notre Histoire.
« La Tendresse», chanson refusée par l'imprésario de Mireille Mathieu, a été son premier grand succès. En 1974, « Mon Vieux », titre mis en musique par Jean Ferrat, l'installe définitivement parmi les grands chanteurs français.
dimanche 15
avril 2012
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Christophe Rousset et l'humanité de la musique baroque
Cclaveciniste et chef d'orchestre, Christophe Rousset dirige depuis 20 ans des Talens lyriques.
Pour lui, ma musique du xviiie siècle cherche la conversation avec le public, tandis que celle du xixe cherche le surhumain.
Il vient d'enregistrer deux albums, des airs de Purcell, et des oeuvres pour clavecin de Louis Marchand et Jean-Philippe Rameau.
Après un concert à l'Opéra Comique avec Véronique Gens, il sera à Toulouse du 4 au 15 mai, pour une nouvelle production des Indes Galantes, de Rameau.
Il participera au festival Mozart au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris, avec Diana Damrau, le 25 mai, donnera Alcina, en juin, au Festival Haendel de l'Opéra Royal de Versailles. Il jouera Monteverdi au festivals de Namur (Belgique) et de Sorèze, puis interprétera Phaéton de Lully à celui de Beaune.
dimanche 15
avril 2012
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Concert de rock au chantier naval
du Titanic
Environ 16.000 personnes se sont réunies vendredi soir à Belfast, sur la cale de lancement du Titanic pour assister à un concert gratuit, pour la commémoration du 100e anniversaire du naufrage du paquebot.
Parmi les musiciens figuraient le Jamaïcain Sean Paul et la chanteuse londonienne Katy B.
Le Titanic a sombré dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 après avoir heurté un iceberg lors de son premier voyage transatlantique.
dimanche 15
avril 2012
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Revue de presse musicale, culturelle et citoyenne du 15 avril 2012