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Chansonnier de Louvain, Robert Morton, Le souvenir de vous me tue, fo 5v (22)
En 2015, un marchand d’art a approché la Fondation Alamire pour avoir son expertise au sujet d'un recueil de chansons de 95 folios et de toute petite taille.
La fondation Alamire, créée en 1991, établie à Louvain, a pour mission d’entreprendre, de stimuler, de coordonner des recherches sur les musiques, du bas moyen-âge à 1800, des Pays-Bas méridionaux.
Ce chansonnier, certainement compilé dans les Pays de Loire dans le dernier quart du quinzième siècle, ayant appartenu un temps à la bibliothèque des Ducs de Savoye-Nemours, est parfaitement conservé. La couverture est encore couverte de brocart, tout de même pas mal endommagé, surtout au dos, l’intérieur est d’une belle fraîcheur, lettrines enluminées comprises. Quarante-neuf chansons, et un Ave Regina celorum à trois voix de Walter Frye y sont notés. Ces chansons ne sont pas attribuées, mais on a pu recouper avec celles figurant dans d’autres ouvrages. Une bonne partie d’entre elles sont de compositeurs flamands, tels Gilles Binchois, Johannes Ockeghem, Antoine Busnois, Hayne van Ghizeghem, Firminus Caron, mais aussi de l’anglais Robert Morton servant la cour de Bourgogne, ou le français Barbingant. Quarante-quatre sont d’origine, cinq ont été ajoutées au cours des temps, une trentaine de pages réglées ne comportent pas de musique.
Le fonds Léon Courtin-Marcelle Bouché (au sein de la fondation roi Baudouin) a acquis en 2016 ce manuscrit pour le confier à la fondation Alamire. On lui a donné le nom de « Chansonnier de Louvain », selon la domiciliation de la fondation.
Peut-être conservé à paris au début du xxe siècle, cet ouvrage est passé entre les mains de Julien Tiersot, qui fit à partir de 1885 toute sa carrière à la bibliothèque du Conservatoire de Paris, en fut le conservateur à partir de 1909. Il note, sur un feuillet ajouté, que ce recueil de chansons sans noms d’auteurs est du milieu du quinzième siècle, que la musique est difficile à lire, qu’il comporte quelques chansons populaires (la spécialité de Julien Tiersot), mais que la plus grande partie est de facture plus savante à trois parties.
Fac-similé électronique dans le site de la fondation Alamire
À trois voix, sauf indication
1. Walter Fry, Ave regina celorum.
2. Robert Morton, N'araige jamais mieulx que j'ay.
3. Anonyme, Tant est mignonne ma pensée.
4. Robert Morton, Le souvenir de vous me tue.
5. Anonyme, Les trevez d’amours et de moy.
6. Johannes Ockeghem, La despourveue et la bannye.
7. Firminus Caron (actif v. 1460-1475), Le despourveu infortuné.
8. Barbingant / Johannes Sohier dit Fede, L'omme banny de sa plaisance.
9. Johannes Ockeghem, Les desloyaulx ont la saison.
10. Johannes Ockeghem / ? Antoine Busnoys, D’un autre amer mon cueur s’abesseroit.
11. Giles Binchois / Guillaume Dufay, Je ne vis onques la pareille.
12. Anonyme, J'ay pris amours a ma devise.
13. Unique, Helas, mon cueur, tu m’occiras.
14. Anonyme, Aime qui vouldra.
15. Anonyme, Puis qu'a vous servir me suis mis.
16. Hayne van Ghizeghem (v. 1445-v. 1497, De touz biens plaine est ma maistresse.
17. Michelet, S'il advient que mon dueil me tue.
18. Unique, Oublie, oublie, oublie, oublie.
19. Firminus Caron / Antoine Busnoys, Cent mil escuz quant je vouldroye.
20. Giles Binchois, Comme femme desconfortee.
21. Giles Mureau, Je ne fays plus, je ne dys ne escrips.
22. P. Convert, Se mieulx ne vient, d'amours peu me contente.
23. Barbinguant / Johannes Ockeghem, Au travail suis que peu de gens croiroient.
24. Anonyme, Nul ne me doit de ce blamer.
25. Johannes Ockeghem, Ma maistresse et ma plus qu’autre amye.
26. Johannes Ockeghem, Ma bouche rit et ma pensée pleure.
27. Walter Fry / Giles Binchois, Tout a par moy affin qu’on ne me voye.
28. Barbingant, Espérant que mon bien vendra.
29. Antoine Busnoyes, Le corps s'en va et le cueur vous demeure.
30. Unique, Tousdis vous voit mon souvenir.
31. Unique, Donnez l’aumosne, chiere dame (à 4 voix).
32. Unique, Par malle bouche la cruelle.
33. Unique, Escu d’ennuy seme de plours.
34. Unique, Si vous voullez que je vous ame.
35. Johannes Ockeghem, Fors seullement l’actente que je meure.
36. Anonyme, La plus dolente qui soit née.
37. Anonyme, Ce que ma bouche n’ouse.
38. Anonyme, Ha cueur perdu et desolé.
39. Firminus Caron , Hélas que pourra devenir.
40. Unique, Ou beau chastel est prisonnier mon cueur.
41. Antoines Busnoy, Quant j’ay au cueur aulcun contraire.
42. Antoines Busnoy, Est il mercy de quoy l’en sceust finer.
43. Antoines Busnoy / Johannes Ockegem, Quant ce vendra au droit destraindre.
44. Unique, En atendant vostre venue.
45. Anonyme, Helas l’avoy je desservy.
46. Anonyme, Ravy d’amours despourveu de bon sens.
47. Anonyme, Quant je fus prins au pavillon.
48. Unique, Vraiz amans pour dieu suppliez.
49. Unique, J’ay des semblans tant que je vueil.
50. Unique, Henri phlippet le vert me fais porter.
Leuven Chansonnier, Sollazzo ensemble, chansons de la fin du XVe sièle. Passacaille et Ambronay Éditions 2019 (AMY 054 ; PAS 1054).
Enregistré en janvier 2019 à AMUZ, Bruxelles.
© Musicologie.org, 22 avril 2020.
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