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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte : la musique instrumentale en Allemagne de Beethoven à Schubert.

Le quatuor no 10, opus 74, de Ludwig van Beethoven

La musique de chambre de Ludwig van Beethoven.

Quatuors à cordes ; opus 18 ; opus 59 ; opus 74 ; opus 95 ; opus 127 ; opus 130 ; opus 131 ; opus 132 ; opus 135 ; opus 133 ; Autres œuvres en quatuor ; Quintettes à cordes.

beethoven

De deux ou trois ans postérieur aux trois « Razumowsky », le dixième quatuor (opus 74 en mi♭majeur), dédié comme ceux de l’opus 18 au prince Lobkowitz, est parfois désigné sous le surnom « Les harpes » qu’il doit à l’abondance des arpègements en pizzicato dans son premier mouvement. Écrit juste après le concerto « L’Empereur », il rompt quelque peu avec l’esprit d’aventure et de conquète des quatuors précédents, comme si Beethoven avait éprouvé le besoin de se rapprocher de son public à travers une œuvre rassurante et plutôt avenante. De fait, l’œuvre devint rapidement populaire et son succès ne s’est jamais démenti, ce qu’elle doit sans doute au fait qu’elle affirme une émotion neuve, et qu’elle le fait avec plus de charme que de puissance.

C’est déjà vrai du bel Allegro initial qui, comme l’opus 59 no 3, s’ouvre dans le mystère d’une introduction lente. Ce l’est encore plus du superbe Adagio qui constitue un exemple accompli de la grandeur lyrique de Beethoven. Dans ce mouvement, « la variation perpétuelle d’une idée se développe en spirale, sans rupture. C’est cette forme que Beethoven réserve aux instants les plus graves, les plus secrets de sa musique. Elle unit la permanence obsédante et la perpétuelle transfiguration d’une idée, ou d’un rêve. »135  Suit un Presto débridé, proprement emballant, un exemple de plus de grand scherzo beethovénien. Puis vient en guise de finale un Allegretto con variazioni qui, sous des dehors a priori assez innocents, mérite qu’on y tende vraiment l’oreille, car, « dans ces variations,  brusquement Beethoven « décroche » du petit thème populaire qui leur sert de prétexte, et brosse, en six structures, un tableau totalement « non figuratif ». La démarche est radicale, toute ressemblance de surface avec le modèle est abolie », écrit Boucourechliev qui y voit une préfiguration des fameuses variations « Diabelli ».

Ludwig van Beethoven, Quatuor opus 74, en mi ♭majeur « Les harpes », 2. Adagio ma non troppo, par le Julliard String Quartet.

 

Ludwig van Beethoven, Quatuor opus 74, en mi ♭majeur « Les harpes », 4. Allegretto con variazioni, par le Julliard String Quartet.

 

plumeMichel Rusquet
25 octobre 2019

Notes

135. Boucourechliev André, Beethoven, « Solfèges », Éditions du Seuil, Paris 1963, p. 79.


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