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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte. III. Le temps de Bach [ Allemagne ; France ; Italie ; autres nations]

L'œuvre pour clavier de Johann Sebastian Bach

Johann Sebastian Bach

Après l'œuvre pour orgue, voici cet autre massif, tout aussi impressionnant, que Bach dédia aux autres instruments à clavier, ce qui, en attendant le piano-forte et le piano moderne, désignait à cette époque le clavecin ou le clavicorde.

« La majorité des œuvres de Bach pour le clavier fut composée au cours de sa maturité. Bach lui-même les estimait beaucoup, puisque, parmi les quelques compositions qu'il fit imprimer, les œuvres pour clavier occupent une si grande place. Pour les générations suivantes, il fut avant tout le maître de la composition pour clavier, tandis que ses grandes œuvres vocales, de chambre et de musique orchestrale ne furent redécouvertes qu'au cours du XIXe siècle.»44

On a peine à croire qu'une bonne part de cette production obéissait d'abord à des visées pédagogiques, et pourtant, plus encore que dans son œuvre d'orgue, Bach a répondu ici à « son irrépressible besoin de former, d'éduquer, de transmettre. »45   Qu'une fois de plus, ce travail ait abouti chez lui à la production d'absolus chefs-d'œuvre, ne saurait étonner : non seulement il y a mis toute sa science et toute sa puissance, mais en plus il y a inclus les plus pures de ses pensées, les plus secrètes manifestations de sa sensibilité, et son humanité la plus profonde. Qui plus est, et c'est sans doute ce qu'il y a de plus touchant dans sa musique pour clavier, Bach y livre « des pensées de solitaire, adressées à une autre solitude, qu'il espérait confusément proche de la sienne »46, avance Guy Sacre pour qui « tout l'art des préludes, des fugues, des suites de Bach est tendu vers l'émotion intime, partagée en petite connivence, qu'elle soit joie ou chagrin, ardeur ou prière. »47

L'œuvre pour clavier de Bach, ce sont d'abord les grands recueils, des Inventions aux Variations Goldberg, en passant par les diverses Suites (les « Anglaises », les « Françaises » et les Partitas), avec au beau milieu l'immense Clavier bien tempéré ; ce sont aussi de nombreuses autres pièces, parfois livrées en recueils, souvent plus ou moins isolées, parmi lesquelles émergent à nouveau de vrais chefs-d'œuvre comme le Concerto Italien et la Fantaisie chromatique et fugue.

Notes

44. Geiringer Karl, Bach et sa famille : sept générations de génies créateurs (traduction par Marguerite Buchet et Jacques Boitel). Buchet Chastel, Paris 1955, p. 293.

45. Sacre Guy, La musique de piano. Robert Laffont, Paris 1998, p.150.

46.  Ibid., p.150.

47.  Ibid., p.149.


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Samedi 22 Janvier, 2022

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