Sans prétendre à une totale exhaustivité, nous ferons ici mention de trois pièces qui, bien que non essentielles, nous montrent un autre Bach, dans des genres qu'il n'a pas souvent servis au clavier.
Il s'agit d'abord des deux Capriccios de ses toutes jeunes années à Arnstadt : le BWV 993 en mi majeur, intitulé Capriccio in honorem Johann Christoph Bachii, dans lequel, à travers une vaste fugue riche en passages virtuoses, un musicien de vingt ans rend hommage à son frère aîné et maître à qui il devait tant ; et, beaucoup plus connu grâce à son touchant « programme », le BWV 992 intitulé Capriccio sopra la lontananza del suo fratello dilettissimo (« sur le départ de son frère bien-aimé ») que Bach aurait écrit au moment où un autre de ses frères, Johann Jacob, s'engageait comme hautboïste dans l'armée du roi Charles XII de Suède. « C'est sans aucun doute dans les Sonates bibliques de Kuhnau, publiées en 1700, et qui racontent en musique divers épisodes de l'Ancien Testament avec un sens réel de l'imitation et du pittoresque, que Bach trouva ici son inspiration. »87 En effet, dans les six mouvements qui, entre tendresse et humour, déroulent le programme, on voit les amis tenter de détourner le partant de son projet, lui représenter les dangers qui l'attendent à l'étranger, sombrer dans un « lamento » désolé, puis lui dire adieu et l'accompagner jusqu'au départ du postillon, le tout se concluant — en fugue bien entendu — dans une atmosphère de gaieté et de bonne humeur.
Capriccio BWV 992, parRinaldo Alessandrini.Puis, composée quelque cinq années plus tard à Weimar, nous avons l'Aria variata alla maniera italiana BWV 989, les seules variations que Bach ait écrites pour le clavier en dehors des fabuleuses Variations Goldberg. « L'air est suivi de dix variations qui appartiennent au style italien, ornant et transformant la ligne mélodique. Certaines annoncent les Inventions à deux voix ; une autre est une tendre cantilène (n0 6) ; une autre une gigue animée à 12/8 (no 7) ; une autre, enfin, est prétexte à déploiement de virtuosité (no 9). »88
Enfin, avant de tourner la page finale sur l'œuvre pour clavier de Bach, comment ne pas rappeler les petits joyaux que constituent les quatre duettos BWV 802 à 805 relevant de la troisième partie du Clavierübung ? Certes, le compositeur les destinait a priori à l'orgue, mais puisque la preuve a été faite que ces pages sonnent merveilleusement au clavecin, voire au piano, on aurait grand tort de s'en priver.
Duetto en fa majeur BWV 803, par Scott Ross.87. De Place Adelaïde, dans François-René Tranchefort, « Guide de la musique de piano et de clavecin », Fayard, Paris 1998; p. 68.
88. Ibid., p. 69.
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Vendredi 5 Avril, 2024