D'un caractère proche de l'improvisation, ces six fugues que Haendel publia à Londres en 1735 et qu'il destinait aussi bien à l'orgue qu'au clavecin, exposent naturellement le compositeur à une comparaison qui ne peut que lui être fatale. Dans ce genre où Bach nous emmène si souvent sur des sommets, « Haendel ne remue ni science ni conscience, étale aussi peu son savoir que ses sentiments ; comme beaucoup de ses collègues (et mieux que la plupart), il se déclare satisfait si, au bout de quelques pages de trot sur des sentiers faciles, il a ramené à l'écurie ses motifs (plus souvent deux qu'un : car il aime à coupler d'emblée sujet et contre-sujet, et à celui-ci lâche souvent la bride). »6
On aurait cependant tort de mépriser ces pièces dont la plupart séduisent immédiatement l'auditeur dépourvu d'a priori, ne serait-ce que par leurs qualités mélodiques. Il n'est d'ailleurs pas surprenant que le musicien en ait repris deux — la première et la cinquième - dans les chœurs de son oratorio Israël en Egypte. Et parfois, Haendel parvient à nous surprendre, comme dans cette « cinquième fugue, en la mineur, qui nous force à nuancer notre impression générale : ce thème si étrange, avec ses chutes de septième, ce chromatisme omniprésent, cette harmonie âpre et audacieuse, ces accents poignants montrent, du compositeur, un visage douloureux qu'au clavier on ne lui connaît guère. »7
Georg Friedrich Haendel, 6 fugues, HWV 605-610, par Roberto Loreggian (clavecin).NOTES
6. Sacre Guy, La Musique de piano. Robert Laffont, Paris 1998, p. 1312.
7. —, Ibidem.
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Dimanche 31 Mars, 2024