Appel à articles
Les nombreuses œuvres et pratiques qui se plaisent
à tresser littérature et chanson doivent
nous conduire à venir interroger à nouveaux
frais le positionnement des formes littéraires
consacrées, ainsi que les valeurs et fonctions
du recours à la forme-chanson dans des genres
littéraires divers. Dans la lignée des
travaux de « cantologie » initiés
par S. Hirshi (Chanson :
l'art de fixer l'air du temps, Belles Lettres,
2008), et sans s'interdire aucun type d'appréhension
critique, nous souhaitons consacrer un volume collectif
à l'étude des rapports entre la chanson,
la littérature et la performance située
au confluent des deux champs cités.
Voici trois des axes de réflexion qui pourront
être explorés :
1. Quel(s) champ(s) pour la chanson ? quelle(s)
poétiques pour la littérature ?
La chanson entretient bien sûr d'étroits
rapports avec la poésie et l'oralité du
littéraire (cf. notamment Paul Zumthor, Introduction
à la poésie orale, Seuil, 1983
et Dominique Rabaté, Poétiques
de la voix, Corti, 1999). C'est également
en tant que forme populaire que la chanson a pu constituer
un horizon pour la poésie, désireuse de
brouiller le fonctionnement des systèmes de légitimation
du littéraire. Encanaillée, la poésie
du Rimbaud de 1872, par le choix du refrain et du vers
bref, veut ainsi s'ébattre dans « le pré
des sons ».
Désireuse de se distinguer de la variété
à fins commerciales, une tradition de la chanson
française illustrée par Léo Ferré,
tradition ravivée dans les années 1990
par cette nouvelle chanson française dominée
par la figure de Dominique A, s'ancre symétriquement
dans le champ littéraire. Le souci du texte conduit
même les auteurs-interprètes à faire
appel aux textes littéraires déjà
canoniques du xxe
siècle. L'édition 2011 du Festival d'Avignon
accueillait ainsi Jeanne Moreau et Étienne Daho
pour un spectacle autour du Condamné
à mort de Jean Genet. Lors de la dernière
édition du Festival « Les Correspondances
» de Manosque, coutumier de tels croisements,
Bertrand Belin a donné un « concert littéraire
» où ses chansons se frottaient aux textes
de Christophe Tarkos, Philippe Jaccottet ou Herman Melville.
Certains enregistrements issus de cette manifestation
annuelle ont d'ailleurs composé le projet Fantaisie
littéraire, où sont lus et
chantés (par Valérie Leulliot, Thomas
Fersen, Arman Méliès…) des textes de Paul
Celan, Olivier Adam, Richard Morgiève, Georges
Hyvernaud, et bien d'autres.
Arnaud Cathrine et Florent Marchet, proposant un
genre hybride, ont par ailleurs publié un «
roman musical » (Frère
animal, 2008). La chanson vient en effet s'insérer
dans le champ des formes narratives brèves ;
et retour : en 2004, quinze écrivains contemporains
s'emparaient de chansons de Dominique A et s'en inspiraient
pour écrire leurs propres nouvelles (Tout
sera comme avant, Verticales). En quoi de telles
collaborations peuvent-elles déterminer de nouvelles
orientations du texte littéraire en termes de
poétique du récit, par exemple ?
2. Chanson et performance littéraire
Le compagnonnage chanson / littérature
s'incarne également dans un ensemble de pratiques
liées à la performance littéraire.
Tel est le cas, par exemple, des œuvres de Lydie Salvayre
accompagnées par le travail du musicien Serge
Teyssot-Gay (Contre ;
Dis pas ça). La
collection « Minimales » des éditions
Verticales s'est d'ailleurs spécialisée
dans la publication de tels croisements littérature / chanson
qui s'éloignent de la problématique classique
de la simple illustration
d'un texte.
L'auteur-compositeur Rodolphe Burger, fondateur du
groupe Kat Onoma, accompagne de même régulièrement
le travail d'écrivains contemporains porté
à la scène, dont celui d'Olivier Cadiot
(Hôtel Robinson,
2009). Théâtre, arts plastiques, vidéo,
littérature et chanson se croisent ici lors de
manifestations qui revêtent parfois des allures
de célébration d'un texte littéraire
auquel la performance souhaite redonner sa présence
et sa vitalité pragmatiques. L'enregistrement
vient parfois fixer ces événements :
ainsi des lectures-performances des textes du poète
hongrois Attila Jozsef par Denis Lavant et Serge Teyssot-Gay,
publiées au Seuil en 2008. Qu'advient-il alors
au texte littéraire, ainsi relu voire recomposé
dans le cadre de la performance, et ouvert, dans un
nouveau simultanisme, à une pluralité
de médias (images, voix, sons…) ? L'oralisation
du texte vaut-elle comme relecture (cf. Mireille Hilsum
(dir.), La Relecture de l'œuvre
par ses écrivains mêmes, 2 vols.,
Kimé, 2007) ? Les anciens cadres théoriques,
issus des théories de la réception et
de l'analyse de l'énonciation théâtrale,
permettent-ils de circonscrire la relation à
l'auditeur / spectateur / lecteur
de ces performances ? Ces dernières ne sont-elles
qu'une radicalisation de l'actualisation traditionnelle
de la chanson « vivante » comme
instantané ? Faut-il, et selon quelles modalités,
convoquer l'histoire récente du happening et
de la performance artistique pour aborder ces événements ?
3. La chanson et l'infra-ordinaire : le quotidien
en chanté
Jean-Louis Murat, après avoir chanté
Les Fleurs du mal, intitulait
son album de 2009 Le Cours ordinaire
des choses, reprenant le titre de l'essai de
l'historienne Arlette Farge sur le malheur citadin au
xviiie siècle. Mais la chanson
dans laquelle apparaît l'expression se nomme « Comme
un incendie », suggérant la tension
fructueuse entre désir de lyrisme et ancrage
dans le réel immédiat. Christophe Miossec
vient de publier en 2011 un album intitulé Chansons
ordinaires, récit d'une « vie
ordinaire » éloignée des faits
divers. L'auteur-compositeur-interprète, qui
s'était fait connaître avec « Regarde
un peu la France », rejoint ce souci de la
chronique du quotidien, illustré naguère
par la veine politique et sociale du rock : Noir
Désir avait déjà montré
qu'une chanson pouvait se proposer comme objectif de
saisir « Un jour en France » (666.667
Club, 1996).
Peut-on ici parler d'une appréhension sociologique
et politique (voir C. Dutheil Pessin, La
Chanson réaliste. Sociologie d'un genre,
L'Harmattan, 2004) ? La chanson a-t-elle sa place dans
une « histoire du présent » ?
Peter Szendy a ainsi proposé de concevoir le
« tube » comme la possibilité
d'un « accès à soi »,
à l'intime et au singulier, par « l'expérience
de la banalité », de « l'absolument
quelconque » (Tubes.
La philosophie dans le juke-box, Minuit, 2008,
p. 92). Comment l'écriture propre à la
chanson rencontre-t-elle formes et figures littéraires
de l'écriture du quotidien ? Il s'agirait donc
de croiser notamment les méthodologies anthropologique
et littéraire, en prenant en considération
non une anthropologie du lointain, mais du proche voire
du banal. Les deux bornes critiques pourraient en être
côté anthropologie, l'œuvre de Marc Augé
(Pour une anthropologie des mondes
contemporains, Paris, Aubier, 1994, par exemple)
et, côté littérature, l'ouvrage
critique de Michael Sheringham, Everyday
Life, theories and Practices from Surrealism to the
Present (Oxford University Press, 2006). D'autres
jalons s'imposent : L'invention
du quotidien de Michel de Certeau (1980), ou
bien sûr l'œuvre de George Perec (L'infra-ordinaire,
1989).
L'approche de la complexité des relations
littérature / chanson, requiert, au-delà
des considérations littéraires (histoire
des formes, du champ ; poétique ; études
de réception…), des analyses transdisciplinaires,
en provenance des pratiques du spectacle vivant, de
l'histoire, de la sociologie des arts, comme de l'anthropologie.
Merci d'adresser vos propositions (une vingtaine
de lignes) accompagnées d'un bref CV avant le
15 janvier 2012 à l'adresse suivante : bonnetgilles@wanadoo.fr.
Les articles seront à rendre pour le 1er
septembre 2012.
Retrouvez ce texte sur le site :
https://www.performance-litteraire.net
Gilles Bonnet
Groupe MARGE
Université
Lyon 3
dimanche
15 janvier 2012
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Le chanteur de I Muvrini
condamné pour plagiat
Le chanteur-auteur du groupe de polyphonie corse I Muvrini, Jean-François Bernardini, condamné pour plagiat, mais le tribunal rejette une grand epartie de la plainte.
En 2008, Mme Pereney a assigné le chanteur en justice, s'estimant spoliée de ses droits sur des traductions en langue française de chansons de I Muvrini reproduites dans les livrets des albums du groupe. Elle reprochait également à M. Bernardini de s'être attribué plusieurs textes, parus dans des livres, dont elle serait l'auteur.
Concernant les allégations de plagiat d'une trentaine de textes signés par le chanteur de I Muvrini dans trois ouvrages ayant fait l'objet de publication, la justice, pour la plupart d'entre eux, souligne que les brouillons produits par la plaignante, non datés, ne constituent pas une preuve suffisante de la contrefaçon.
Le tribunal ne reconnaît la contrefaçon que pour un seul texte, paru en 2002 aux éditions du Seuil dans un ouvrage baptisé « Umani ».
Le tribunal a condamné Jean-François Bernardini et les éditions du Seuil à payer à la plaignante 500 euros de préjudice patrimonial et 1.000 euros de préjudice moral.
Pour huit chansons, le tribunal reconnaît que l'absence de crédit attribuant la traduction des paroles à la plaignante dans le fascicule des CD constitue pour cette dernière une violation de (son) droit moral, qui justifie de lui allouer 2.000 euros de dommages et intérêts. C'est la société AGFB, responsable de la production des disques, qui est condamnée à payer cette somme.
L'avocat de Mme Pereney a indiqué dans un communiqué qu'elle faisait appel du jugement.
dimanche
15 janvier 2012
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Les adieux de Guy Bedos : « Sarkozy fait dans l'hystérie
alors que d'autres chefs d'État ont
fait dans l'historique ».
Pour ces seconds adieux à la scène, Guy Bedos entre en campagne contre Nicolas Sarkozy. Il appelle de ses voeux une « révolution de velours en mai ».
« Rideau ! » est son dernier spectacle, dernier « coup de gueule » : « Le sarkozisme est primaire. On lui répond dans sa langue ! » déclare l'humoriste.
Qualifiant successivement le chef de l'Etat de « Mister Bling Bling », « Nabot-Léon » ou « Litte Big Man » [là, ce serait plutôt un compliment], le pamphlétaire a démarré sa « revue de presse » actualisée en indiquant « qu'il avait la gerbe de devoir faire du drôle avec du triste ». « la mal-être s'est abattu sur toutes les corporations depuis 5 ans ».
« Votez ! », a-t-il lancé presque solennellement à son public, avant de terminer son spectacle avec une ultime adresse : « Défendez-vous ! Défendez-vous ! ».
En tournée dès le 20 janvier, Guy Bedos se produira le 24 avril à Ajaccio (Corse), deux jours après le premier tour de la présidentielle. La veille du second tour, il jouera à Conflans-Saint-Honorine (Yvelines).
Bedos prolongera encore ses adieux à la satire politique en revenant au théâtre du Rond-Point, à Paris, du 9 au 20 mai. Mercredi, il sera à l'affiche du film « Et si on vivait tous ensemble ? », comédie de Stéphane Robelin, avec Jane Fonda et Géraldine Chaplin, dans lequel il incarne un retraité qui préfère une colocation à la maison de retraite.
dimanche
15 janvier 2012
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Formations légendaires et jeunes ensembles à la 5e biennale de Quatuors à cordes
La 5e Biennale internationale de Quatuors à cordes, se déroule à la Cité de la musique du 14 au 22 janvier.
Dix-neuf concerts sont au programme, dont une intégrale des 13 quatuors de Wolfgang Rihm. Le dernier est une commande de la Cité de la Musique. Il sera créé par le quatuor Arditi.
Le légendaire Kronos Quartet, jouera mercredi en création mondiale une œuvre avec électronique composée d'Alireza Farhang, et la créera en France "WTC 9/11" de Steve Reich .
On entendra des œuvres de Borodin, Haydn, Mozart, Ravel, Debussy, Béla Bartók.
La première partie du Festival est consacrée aux jeunes quatuors comme les quatuors Modigliani, Diotima, Voce et Tetraktys.