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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte : la musique instrumentale en Allemagne de Beethoven à Schubert.

Sonate pour violon et piano opus 96 (no 10), de Ludwig van Beethoven

La musique de chambre de Ludwig van Beethoven.

Sonates pour violon et piano : opus 12 (nos 1-3) ; opus 23 (no 4) ; opus 24 (no 5) ; opus 30 (nos 6-8) ; opus 47 (no 9) ; opus 96 (no 10).

beethoven

Cette superbe sonate opus 96 en sol majeur, que le musicien dédia à son élève et ami l’archiduc Rodolphe, ne vit le jour qu’en 1812. « 1812 : depuis neuf ans Beethoven avait abandonné le genre, et n’y devait plus jamais revenir durant les quinze années qu’il lui restait à vivre. 1812 : année de la septième symphonie (achevée le 13 mai) et de la huitième (achevée en octobre). Eté 1812, enfin : saison de la lettre à « l’Immortelle Bien-Aimée » (sans doute Joséphine von Brunsvik), avec la certitude d’un amour partagé et l’espoir, éphémère, d’une vie commune. Ces éléments aident à comprendre l’esprit de cette sonate qui semble marquer un retour à des formes anciennes, et qui n’est pas la moins belle des dix. »175

Peut-être devrait-on parler de beauté (trop) discrète à propos de cette œuvre dans laquelle on ne trouvera guère de déchaînements dramatiques, ni de charges héroïques, pas plus que de courses échevelées (les mouvements extrêmes sont respectivement un allegretto moderato et un poco allegretto). En fait, avec Vincent d’Indy, on peut y voir « une autre symphonie pastorale » respirant avant tout le charme de la campagne autrichienne. Ainsi le premier mouvement, d’humeur essentiellement heureuse, semble prendre son envol sur un chant d’oiseau qui dominera le morceau tout entier. Suit, dans l’adagio espressivo, une longue et touchante rêverie dans laquelle l’expression va de pair avec une grande économie de moyens, rêverie qui sera interrompue bientôt par le bref et pittoresque scherzo avec ses échos de fête paysanne et de salle de bal des faubourgs. Et ce climat pastoral se maintient dans le poco allegretto : « De veine également populaire, le mouvement final est un rondo de forme très libre, largement constitué par une suite de variations sur un thème du folklore allemand, une simple comptine ressassant le même motif sur deux mesures. »176  Ces variations, où les transformations du thème vont plus loin que dans l’opus 47, « constituent d’ailleurs le point culminant de l’œuvre. Ici, ce n’est plus le contour qui change, mais toute la structure du modèle, dont les relations internes constituent seules le lien entre ses successives interprétations. Les rappels explicites du thème alternent avec ses aspects éloignés ; les changements de tempi, les brusques arrêts et les silences, très beethovéniens, caractérisent l’œuvre, une des plus personnelles de cette époque. »177

Ludwig van Beethoven, sonate pour violon et piano opus 96 no 10), I. Allegro moderato, II. Adagio espressivo, III. Scherzo. Allegro, IV. Poco allegretto, par par David Oistrakh et Sviatoslav Richter (enregistrement de concert, Moscou 1970).

 

Ludwig van Beethoven, sonate pour violon et piano opus 96 no 10), IV. poco allegretto, par Anne-Sophie Mutter (violon) et Lambert Orkis (piano).

 

plume Michel Rusquet
24 novembre 2019

© musicologie.org

Notes

175. Tranchefort François-René, Guide de la musique de chambre, Fayard, Paris 1998, p. 59.

176. Ibid., p. 60.

177. Boucourechliev André, Beethoven, « Solfèges », Éditions du Seuil, Paris 1963, p.77-79.

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