bandesu_texte musicologie_840

Hôtel de ville de Versailles, 18 juin 2023 — Frédéric Norac

Une soirée chez Offenbach

Une soirée chez Offenbach. Photographie © musicologie.org.

Offenbach est cher au cœur de Nicolas Rigas. On se souvient de sa version très réussie de La Vie parisienne en 2019 et de son étonnant morphing théâtral et musical de L’École des femmes de Molière avec Les contes d’Hoffmann de 2018. Cette année, après son irrésistible Médecin malgré lui revisité par Gounod (qui sera repris les 1er et 2 juillet prochain aux Grandes écuries du château), c’est à son complice, le comédien Martin Loizillon, qu’il a confié l’écriture et la mise en scène de cette saynète en un acte, intitulée « Une soirée chez Offenbach », prétexte à une revue de fond des grands airs du compositeur.

Le spectacle d’une bonne heure fait défiler dix-sept airs (si nos comptes sont bons) des plus célèbres opéras bouffes du compositeur des Contes d’Hoffmann à La Vie parisienne en passant par La Grande-Duchesse de Gérolstein et La Belle Hélène, s’offrant même un petit détour par Pomme d’api et son Trio du grill. Si les démêlés du compositeur, aux prises avec son domestique Justin et une Princesse « étrangère » tombée chez lui au milieu d’une crise théâtrale aiguë, paraissent parfois un peu tirés par les cheveux, les associations entre les numéros musicaux et les situations fonctionnent plutôt bien. La Princesse fait son entrée sur l’air de la Griserie de La Périchole, se fait séduire par le valet dans le Duo du rêve de La Belle Hélène et tente avec Offenbach de convaincre Justin de remplacer le ténor défaillant de son dernier spectacle, dans une parodie du Trio patriotique de La Belle Hélène. Nicolas Rigas se taille la part du lion dans le rôle-titre où son baryton large et sonore s’impose, dessinant une figure crédible du compositeur, même sans favoris ni lorgnon. Christine Tocci prête toute sa fantaisie et son soprano brillant à la Princesse. Quant au Justin de Pierre-Antoine Chaumien, difficile de croire qu’il puisse refuser un premier rôle dans une opérette d’Offenbach tant son ténor souple et bien timbré semble le prédestiner aux grands rôles lyriques du répertoire français. Tous trois, soutenus par le piano de Marie-Christine Goueffon font preuve d’une verve et d’une énergie méritoires pour porter ce spectacle très physique dans la touffeur de cet après-midi orageux au milieu des élégants lambris xviiie de la salle des fêtes de l’hôtel de ville de Versailles, et sous l’œil d’une Marianne que leurs facéties laissent de marbre. Ce qui n’est pas le cas d’une salle comble qui leur fait un triomphe.

Spectacle repris à Avignon du 7 au 29 juillet au Théâtre des Corps Saints (dans le cadre du Festival Off).

plume_07 Frédéric Norac
18 juin 2023
norac@musicologie.org

Tous les articles


rect_biorect_texterect_biorect_encyclo

À propos - contact |  S'abonner au bulletinBiographies de musiciens Encyclopédie musicaleArticles et études | La petite bibliothèque | Analyses musicales | Nouveaux livres | Nouveaux disques | Agenda | Petites annonces | Téléchargements | Presse internationale | Colloques & conférences | Collaborations éditoriales | Soutenir musicologie.org.

Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil - ☎ 06 06 61 73 41.

ISNN 2269-9910.

cul_22_05

Mardi 12 Décembre, 2023 13:52