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« Pas d'adieux » et « Études » ovationnés au gala de l'Académie Princesse Grace

 Michelle Pinelis et Mikhael Kinley Safronoff, In Memoriam. Photographie © Alice Blangero.

D'interminables rappels sous des ovations enthousiastes, au point même de faire hésiter le rideau de scène et ce, jusqu'au bis de l'ultime séquence : le gala de l'Académie Princesse Grace, dont nous rendons compte chaque année avec la difficulté croissante de trouver le laudatif  adéquat, n'aura pas failli à sa réputation d'événement chorégraphique. Sous les lambris dorés de l'opéra de Monte-Carlo, les élèves de l'Académie proposaient samedi 24 juin un programme en deux parties : des couples de diplômés 2017 présentaient des extraits de chorégraphies intitulés Pas d'adieux, avant d'intégrer plusieurs prestigieuses compagnies internationales dès la rentrée prochaine tandis qu'après la pause, l'ensemble des jeunes danseurs évoluait pour Études sur fond de vingt études au piano de Carl Czerny arrangées pour orchestre par K. Riisaker. Six pas de deux d'une saisissante originalité contre la succession rythmée de propositions chorégraphiques plus collégiales : de quoi décliner les multiples facettes d'une exigence de travail et de rigueur pour atteindre ce niveau d'excellence fascinant de beauté. Et à même d'émouvoir toutes les sensibilités du public.

Andrea Marino Gambazza et Giovanni Tombacco, Les Indomptés. Photographie © Alice Blangero.

En ouverture donc : un très classique La Bayadère sur un travail de Roland Vogel en hommage à Marius Petipa et une musique de Ludwig Minkus, par la très délicate, presque diaphane May Nagahisa (Théâtre Mariinsky) et Iacopo Arregui T. Saltini (Zürich Ballet). Marco Goecke signe ensuite un percutant Black Swan sur une musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski avec Lisa Van Cauwenbergh (Royal Swedish Ballet) et Jaat Benoot (Compagnie des Ballets de Monte-Carlo) : nous y retrouvons, méticuleusement synchronisée, la désarticulation si spécifique des corps telle qu'il nous la montrait déjà dans sa création Sigh en juillet 2014. L'auteur nous subjugue néanmoins par sa créativité à même de restituer une expressivité gestuelle en parfaite harmonie avec le thème choisi. Jubilatoire.

Études, Académie Princesse Grace. Photographie © Alice Blangero.

Reprenant un travail créé pour les Ballets de Monte-Carlo en décembre 2004, Sidi Larbi Cherkaoui sollicitait Michelle Pinelis (Zürich Ballet) et Mikhael Kinley-Safronoff (Ballets de l'Opéra national du Rhin) pour interpréter un extrait d'In Memoriam sur une lancinante complainte du groupe polyphonique corse A Filetta : mâle insufflation d'un corps féminin à ressusciter qui n'est pas sans rappeler la mystérieuse manipulation de ses cadavres exquis en décembre 2014 sur le Rocher. La pièce suivante, Carmen de la chorégraphe Sara Lourenco sur la musique de Georges Bizet et dansée par Nicole Conti (Scottish Ballet) et Luca Afflitto (Zürich Ballet) nous aura un peu déçu : peut-être manque-t-il une distinction chorégraphique plus pointue, plus significative entre l'Habanera de Carmen, son hymne universel à l'amour et sa démarche authentiquement séductrice, de vampirisation sur Don José dans l'air « Près des remparts de Séville ». Somptueusement interprété par Andrea Marino Gambazza (Bayerisches Staatsballet München) et Giovanni Tombacco (Bayerisches Staatsballet München), Les Indomptés du chorégraphe Claude Brumachon s'inscrit dans sa tradition de mise en exergue, subtilement érotisée, d'attitudes et de positions très picturales où la rencontre désirante des corps ruisselants, frôlement ou enchevêtrement, recèle de l'inachevé. En fin de cette première partie, nous retrouvons avec plaisir un passage du très romanesque – mais comme toujours empreint de ce réalisme des expressions typique du chorégraphe monégasque — Romeo et Juliette de Jean-Christophe Maillot d'avril 2015, avec cette fois-ci comme interprètes Marina Fernandes da Costa Duarte (doublement primée au dernier concours de Lausanne 2017 et intégrant le Bayerisches Staatsballet München) et Gustavo Ferreira Chalub (Zürich Ballet).

Études, Académie Princesse Grace. Photographie © Alice Blangero.

Sur une mise en scène de Luca Masala, Directeur de l'Enseignement Artistique et de la Pédagogie et sur des arrangements orchestraux des études pianistiques de Carl Czerny, la deuxième partie confie plusieurs chorégraphies à des habitués de la scène monégasque : Eugenio Buratti, remarqué avec son Comunic/Actions en 2014 ou son In-Bilico en 2016, Julien Guérin, danseur des Ballets de Monte-Carlo, avec son Somnia Vertigo, Michel Rahn avec son Donizetti Variations lors du gala de l'Académie Princesse Grace de juin 2014 ou bien encore son Una Piccola Tarentella sur une mélodie de Camille Saint-Saëns de l'année passée. Sara Lourenco, Jean-Christophe Maillot, Roland Vogel et l'inénarrable Jeroen Verbruggen ainsi que des compositions de trois élèves diplômés — Michelle Pinelis, Luca Afflitto et Lisa Van Cauwenbergh — complètent cette brillante distribution chorégraphique.

Monaco, le 25 juin 2017
Jean-Luc Vannier£
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Jeudi 16 Novembre, 2023