Alexandre-César-Léopold Bizet,
Né le 25 octobre 1838 à Paris, mort le 3 juin 1875 à Bougival.
De son vrai nom Alexandre César Léopold.
Son père, Adolphe-Armand Bizet (1810-1886), d'abord installé comme coiffeur et pérruquier, était au moment de son mariage en 1837 professeur de chant et compositeur, il a édité quelques musiques.
Sa mère, Aimée Delsarte (1815-1861), originaire de Cambrai, est pianiste. Son oncle est un célèbre professeur de chant à Paris, spécialiste de Gluck et d'un classicisme passant de mode. C'est sa mère qui lui apprend à lire la musique, et lui enseigne peut être les premiers rudiments de piano.
En 1848, il est inscrit au Conservatoire dans la classe de piano de Marmontel, et prend des cours privés avec Pierre Zimmermann, le prédécesseur de Marmontel. Au bout de six mois il obtient le premier prix de solfège.
En 1851 il obtient un second prix de piano et un premier prix en 1852. Il est un pianiste brillant et un lecteur à vue exceptionnel.
En 1852 il entre dans la classe d'orgue de Benoist. En 1853 il entre dans la classe de composition de Fromental Halévy. Il obtient en 1854 un second prix d'orgue et de fugue, puis un premier prix en 1855.
Il reçoit les conseils de Gounod qu'il a certainement connu par Zimmermann.
1854, Nocturne pour piano ; Grande Valse de concert. 1855, Symphonie en ut. En 1856, son opérette Le Docteur miracle (livret imposé) obtient le premier prix ex æquo avec l'oeuvre présentée par Lecocq à un concours organisé par Offenbach pour les Bouffes Parisiennes.
En juillet 1857, avec sa cantate Clovis et Clotilde il remporte le Prix de Rome et passe alors trois années à la Villa Médicis.
En 1860, il reçoit une commande de l'Opéra Comique de Paris. Il écrit puis détruit la Guzla de l'émir, sur un livret de Barbier et Carré, laisse inachevé un Ivan le Terrible et crée en 1863 au Théâtre-Lyrique dirigé apr Léon Carvalho les Pêcheurs de perles sur un livret de Carré et Cormon, qui obtient une critique positive de Berlioz dans le Journal des Débats.
Il fait des transcriptions pour piano d'œuvres lyriques à la mode pour le compte des éditeurs Choudens et Heugel.
En 1866, il publie chez Heugel la chasse fantastique, pour piano. La même année, toujours pour le Théâtre-Lyrique, il compose l'opéra la Jolie Fille de Perth, sur un mauvais livret de Vernoy de Saint-Georges et J. Adenis, d'après un roman de Walter Scott.
Bizet par Meyer. « Diogène », 28 septembre1867.
En 1869, il se marie avec Geneviève Halévy. Il achève Noé, un opéra de Fromental Halévy (décédé en 1862). Esquisse un Vercingétorix, Griselidis avant les événements de 1870. Il s'engage alors dans la Garde Nationale, part pour Libourne, puis revient au Vésinet auprès de son père. Après l'écrasement du peuple parisien par les troupes du gouvernement Thiers, il rentre à Paris.
Il compose Djamileh pour l'Opéra-Comique, et deux versions (piano et orchestre) de Jeux d'enfants pour Durand. Il reçoit une nouvelle commande de l'Opéra-Comique, Carmen, d'après Mérimée sur un Livret de Meilhac et Halévy. De Carvalho passé au Théâtre du Vaudeville lui commande une musique de scène pour l'Arlésienne de Daudet.
Le 10 juillet 1871, naissance de Jacque, son fils.
Célestine Galli-Marié (créatrice du rôle titre) en Carmen.
L'Arlésienne est créée le premier octobre 1872 et doit être retirée de l'affiche après 20 représentations. Bizet retravaille aussitôt cette musique selon les recettes éprouvées : une suite d'orchestre et une réduction pour piano à quatre mains. Donnée aux concerts Pasdeloup en novembre 1872, la suite est un cuccès. Dans la foulée pour les concerts de l'orchestre Pasdeloup au cirque d'Hiver, il compose Patrie, autre succès immédiat. Après avoir esquissé un Cid, il s'installe à 1875 à Bougival pour terminer l'orchestration de Carmen qui est créée le 2 mars. Il meurt d'une crise cardiaque dans la nuit du 2 au 3 juin
Catalogue des œuvres pour piano établit par Jean-Sébastien Thomas (fichier PDF) : https://www.musicologie.org/ancien/disco/bizet.pdf
Les opéras et musiques de scène : https://opera.stanford.edu/Bizet/
Vinyle : Carmen de Georges Bizet, London Symphonie Orchestra, sous la direction de Georg Solti (1976)
L'« orchestre n'arrête pas de babiller et de raconter interminablement des choses qu'on ne lui demande pas ». « Nourri de succulences enharmoniques comme tous [+....]
Georges Bizet,Mélodies, Yvi Jänicke, mezzo, Thomas Hans, Piano, ORFEO C 309 931 A, 1993
1. Tarentelle ; 2. Ma vie a son secret ; 3. Guitare ; 4. Pastel ; 5. La coccinelle ; 6. Rose d'amour ; 7. Ouvre ton oeur ; 8. Reve de la bien-aimee ; 9. A une ffleur ; 10. Si vous aimez ; 11. Pastorale ; 12. Vieille chanson ; 13. L'Esprit saint ; 14. Chanson d'Avril ; 15. Adieux de l'hotesse arabe ; 16. Absence ; 17. Douce mer ; 18. L'abandonnee ; 19. Vous ne priez pas ; 20. Chant d'amour
L'Arlésienne,
Texte d'Alphonse
Daudet,
Partition originale de 1872,
Orchestre du Festival Tibor Varga,
Choeur Novantiqua,
Bernard
Héritier dir. Siques GALLO 808 809
ADD, 2 volumes
Bizet, Les Pêcheurs de perles,Opéra en trois actes, sur un Livret de Michel Carré et Eugène Cormon, Orchestre des concerts Lamoureux, Choeurs Elisabeth Brasseur, Jean Fournet dir., Léïla, Pierette alarie ; Nadir, Léopold Simoneau ;Zurga, René Bianco ;, Nourabad, Xavier Depraz. Enregistré en 1954. Philips 434 782, ADD, 2 volumes.
Disque 1 : Prelude ; Sur la greve en feu ; Amis, interrompez vos danses ;Demeure parmi nous, Nadir ;C'est toi. toi qu'enfin je revois ;Au fond du temple saint ;Que vois-je ? ;Sois la bienvenue ; Seule au milieu de nous ... Brahma, divin Brahma ! ; A cette voix ; Je crois entendre encora ; Le ciel est bleu ; O Dieu Brahma . Disque 2 : L'ombre descend des cieux ; Me voila seule dans la nuit ... comme autrefois ; De mon amie fleur endormie ; Leila! Leila! Dieu puissant ; Ah! revenez a la raison ; L'orage s'est calme ; Qu'ai-je vu ? (O ciel! quel trouble) ; Je fremis, je chancelle ; Entends au loin ce bruit de tete ; Des que le soleil ; Sombres divinites ; O lumiere sainte ; Finale, Ce sont eux, les voici.
Bizet, Carmen (suite), L'Arlésienne (suite), Patrie (ouverture),Orchestre de la Suisse romande, Ernest Ansermet dir. DECCA 433 722
Carmen (suite) : 01 Prélude acte 1 ; 02 Prélude acte 4 (aragonaise) ; 03 Prélude acte 3 (intermezzo) ; 04 Prélude acte 2 (les dragons d'Alcala) ; 05 Scène des contrebandiers (acte 3) ; 06 Habanera (acte 1) ; 07 Nocturne (acte 3) ; 08 La Garde Montante (acte 1) ; 09 Danse bohèmienne (acte 2). L'Arlésienne (suite) : 10 Préluse ; 11 Minuetto ; 12 Adagietto ; 13 Carillon ; 14 Pastorale ; 15 INtermezzo ; 16 Minuet ; 17 Farandole ; 18 Patrie
Bizet, Symphonie en do majeur, Jeux d'enfants, La Jolie fille de Perth (suite),[avec : Ravel : Le tombeau de Couperin], Orchestre de la Suisse romande, Ernest Ansermet dir. DECCA 433 721
Symphonie en do majeur (Allegro vivo, Adagio, Allegro vivace, Allegro vivace). Jeux d'enfants : (Marche (trompette et tambour), Berceuse (la poupée), Impromptu (la toupie), Duo (Petit mari, petite femme), Galop (le bal). La jolie fille de Perth (suite) : Prélude, Sérénade, Marche, Danse bohémienne. Maurice Ravel (1875-1937), Le tombeau de Couperin : Prélude, Forlane, Menuet, Rigaudon
La jolie Fille de Perth, Opéra en 4 actes, Livret de J. H. Vernoy de Saint-Georges et J. Adenis, Version établie par Pierre Jourdan d'après les trois versions de Bizet, Direction musicale : Jérôme Pillement, Direction artistique : Pierre Jourdan, Orchestre de chambre de l'Opéra d'état hongrois Failoni, Choeurs Cori Spezzati (Olivier Opdebeeck dir.), Inva Mula, Charles Workman, Jean-François Lapointe, Sonia de Beaufort, Armand Arapian, Christian Treguier, Paul Kirby, Florian Westphal, Théâtre Français de la Musique, Théâtre Impérial de Compiègne, Enregistré en 1998. 2 volumes.
Disque 1 : 1. Prélude ; 2. Acte 1 - Que notre enclume ; 3. Enfin me voilà seul ; 4. Catherine est coquette ; 5. On frappe ; 6. Vive l'hiver ; Ces Plaisirs là ; 7. Deux mots encore ; C'est dans cette maison ; 8. De ce beau seigneur ; 9. Que fait ici cette inconnue ; 10. Vous voudrez bien je pense ; 11. Acte 2 - Bons citoyens ; 12. A ce joyeux signal ; 13. Gais compagnons ; 14. Tout boit, amis ; 15. Sans crainte ; 16. Danse bohémienne ; 17. Je donne en mon palais ; 18. Les seigneurs de la cour ; 19. Tu seras mon bon ange ; 20. A la voix d'un amant fidèle. Disque 2 : 1. Acte 2 - Quand la flamme de l'amour ; 2. Eh, camarade ; 3. Acte 3 - Introduction, Je fais cent pièces d'or ; 4. Tenez depuis hier ; 5. Et tenez... écoutez ; 6. Nous voilà seuls ; 7. c'est donc ici ; 8. Nuit d'amour ; 9. Acte 4 - Smith tu nous connais bien ; 10. Ils verront si je mens ; 11. O ciel ! ; 12. Aux premiers rayons du matin ; 13. Catherine Glover ; 14. Ah ! Echo, viens ; 15. Le jour de la Saint-Valentin ; 16. Ah, Bonjour ma belle Valentine.
Georges Bizet, Intégrale de l'œuvre pour piano,Setrak, Enregistré en 1984. Harmonia Mundi, HMA 1905223-24 2 volumes.
Disque 1 : 1. 1er Nocturne en fa ; 2. Variations chromatiques ; 3. 1er Caprice en do # ; 4. 2e Caprice en do ; 5. La Chasse fantastique ; 6. Romance sans paroles ; 7. Theme "Brillant" ; 8. Valse en do ; 9. Trois Esquisses musicles : Ronde turque, Serenade, Caprice. Disque 2 : 1. Grande valse de concert ; 2. Marine ; 3. Nocturne en ré ; 4. Magasin des familles (Romance sans paroles, Casilda, Méditation religieuse ) ; 5. Les Chants du Rhin (L'Aurore, Le Départ, Les Rêves, La Bohémienne, Confidences, Le Retour) ; 6. Quatre préludes
Bizet, Chants du Rhin [avec Fauré : 6 nocturnes], Jean-Marc Luisada, piano. RCA 74321.
Chants du Rhin : 01 L'Aurore, 02 Le départ, 03 Les Rêves, 04 La Bohémienne, 05 Les Confidences, 06 Le Retour. Fauré, nocturnes : 07 n° 1 en mi bémol mineur, 02 n° 2 en si majeur, 03 n° 6 en ré bémol majeur, 04 n° 7 en do dièse mineur, 05 n° 12 en mi mineur, 06 n° 12 en si mineur
Alphone Daudet, L'Arlésienne, Dans « Les lettres de mon moulin », Charpentier, Paris, 1890
Pour aller au village, en descendant de mon moulin, on passe devant un mas bâti près de la route au fond d'une grande cour plantée de micocouliers. C'est la vraie maison du ménager de Provence, avec ses tuiles rouges, sa large façade brune irrégulièrement percée, puis tout en haut la girouette du grenier, la poulie pour hisser les meules, et quelques touffes de foin brun qui dépassent...
Pourquoi cette maison m'avait-elle frappé? Pourquoi ce portail fermé me serrait-il le coeur ? Je n'aurais pas pu le dire, et pourtant ce logis me faisait froid. Il y avait trop de silence autour... Quand on passait, les chiens n'aboyaient pas, les pintades s'enfuyaient sans crier... A l'intérieur, pas une voix! Rien, pas même un grelot de mule... Sans les rideaux blancs des fenêtres et la fumée qui montait des toits, on aurait cru l'endoit inhabité.
Hier, sur le coup de midi, je revenais du village, et, pour éviter le soleil, je longeais les murs de la ferme, dans l'ombre des micocouliers... Sur la route, devant le mas, des valets silencieux achevaient de charger une charrette de foin... Le portail était resté ouvert. Je jetai un regard en passant, et je vis, au fond de la cour, accoudé, &mdash la tête dans ses mains, — sur une large table de pierre, un grand vieux tout blanc, avec une veste trop courte et des culottes en lambeaux... Je m'arrêtai. Un des hommes me dit tout bas :
— Chut! c'est le maître... Il est comme ça depuis le malheur de son fils.
à ce moment une femme et un petit garçon, vêtus de noir, passèrent près de nous avec de gros paroissiens dorés, et entrèrent à la ferme.
L'homme ajouta :
— ... La maîtresse et Cadet qui reviennent de la messe. Ils y vont tous les jours, depuis que l'enfant s'est tué ... Ah! monsieur, quelle désolation! ... Le père porte encore les habits du mort; on ne peut pas les lui faire quitter... Dia! hue! la bête !
La charrette s'ébranla pour partir. Moi, qui voulais en savoir plus long, je demandai au voiturier de monter à côté de lui, et c'est là-haut, dans le foin, que j'appris toute cette navrante histoire...
Il s'appelait Jan. C'était un admirable paysan de vingt ans, sage comme une fille, solide et le visage overt. Comme il était très beau, les femmes le regardaient; mais lui n'en avait qu'une en tête, — une petite Arlésienne, toute en velours et en dentelles, qu'il avait rencontrée sur la Lice d'Arles, une fois. — Au mas, on ne vit pas d'abord cette liaison avec plaisir. La fille passait pour coquette, et ses parents n'étaient pas du pays. Mais Jan voulait son Arlésienne à toute force. Il disait :
— Je mourrai si on ne me la donne pas.
Il fallut en passer par là. On décida de les marier après la moisson.
Donc, un dimanche soir, dans la cour du mas, la famille achevait de dîner. C'était presque un repas de noces. La fiancée n'y assistait pas, mais on avait bu en son honneur tout le temps... Un homme se présente à la porte, et, d'une voix qui tremble, demande à parler à maître Estève, à lui seul. Estève se lève et sort sur la route.
— Maître, lui dit l'homme, vous allez marier votre enfant à une coquine, qui a été ma maîtresse pendant deux ans. Ce que j'avance, je le prouve: voici des lettres!... Les parents savent tout et me l'avaient promise; mais depuis que votre fils la recherche, ni eux ni la belle ne veulent plus de moi... J'aurais cru pourtant qu'après ça elle ne pouvait pas être la femme d'un autre.
— C'est bien! dit maître Estève quand il eut regardé les lettres; entrez boire un verre de muscat.
L'homme répond :
— Merci! j'ai plus de chagrin que de soif.
Et il s'en va.
Le père rentre, impassible; il reprend sa place à table; et le repas s'achève gaiement...
Ce soir-là, maître Estève et son fils s'en allèrent ensemble dans les champs. Ils restèrent longtemps dehors; quand ils revinrent, la mère les attendait encore.
— Femme, dit le ménager, en lui amenant son fils, embrasse-le! il est bien malheureux...
Jan ne parla plus de l'Arlésienne. Il l'aimait toujours cependant, et même plus que jamais, depuis qu'on la lui avait montrée dans les bras d'un autre. Seulement il était trop fier pour rien dire; c'est ce qui le tua, le pauvre enfant!... Quelquefois il passait des journées entières seul dans un coin, sans bouger. D'autres jours, il se mettait à la terre avec rage et abattait à lui seul le travail de dix journaliers... Le soir venu, il prenait la route d'Arles et marchait devant lui jusqu'à ce qu'il vît monter dans le couchant les clochers grêles de la ville. Alors il revenait. Jamais il n'alla plus loin.
De le voir ainsi, toujours triste et seul, les gens du mas ne savaient plus que faire. On redoutait un malheur... Une fois, à la table, sa mère, en le regardant avec des yeux pleins de larmes, lui dit :
— Eh bien! écoute, Jan, si tu la veux tout de même, nous te la donnerons...
Le père, rouge de honte, baissait la tête...
Jan fit signe que non, et il sortit...
A partir de ce jour, il changea sa façon de vivre, affectant d'être toujours gai, pour rassurer ses parents. On le revit au bal, au cabaret, dans les ferrades. A la vote de Fonvieille, c'est lui qui mena la farandole.
Le père disait: «Il est guéri.» La mère, elle, avait toujours des craintes et plus que jamais surveillait son enfant... Jan couchait avec Cadet, tout près de la magnanerie; la pauvre vieille se fit dresser un lit à côté de leur chambre... Les magnans pouvaient avoir besoin d'elle, dans la nuit.
Vint la fête de saint Eloi, patron de ménagers.
Grande joie au mas... Il y eut du châteauneuf pour tout le monde et du vin cuit comme s'il en pleuvait. Puis des pétards, des feux sur l'aire, des lanternes de couleur plein les micocouliers... Vive saint Eloi! On farandola à mort. Cadet brûla sa blouse neuve... Jan lui-même avait l'air content; il voulut faire danser sa mère; la pauvre femme en pleurait de bonheur.
A minuit, on alla se coucher. Tout le monde avait besoin de dormir... Jan ne dormit pas, lui. Cadet a raconté depuis que toute la nuit il avait sangloté... Ah! je vous réponds qu'il était bien mordu, celui-là...
Le lendemain, à l'aube, la mère entendit quelqu'un traverser sa chambre en courant. Elle eut comme un pressentiment :
— Jan, c'est toi ?
Jan ne répond pas; il est déjà dans l'escalier.
Vite, vite la mère se lève :
— Jan, où vas-tu ?
Il monte au grenier; elle monte derrière lui :
— Mon fils, au nom du ciel !
Il ferme la porte et tire le verrou.
— Jan, mon Janet, réponds-moi. Que vas-tu faire ?
A tâtons, de ses vieilles mains qui tremblent, elle cherche le loquet... Une fenêtre qui s'ouvre, le bruit d'un corps sur les dalles de la cour, et c'est tout...
Il s'était dit, le pauvre enfant: «Je l'aime trop... Je m'en vais... » Ah! les misérables coeurs que nous sommes! C'est un peu fort pourtant que le mépris ne puisse pas tuer l'amour!...
Ce matin-là, les gens du village se demandèrent qui pouvait crier ainsi, là-bas, du côté du mas d'Estève...
C'était, dans la cour, devant la table de pierre couverte de rosée et de sang, la mère toute nue qui se lamentait, avec son enfant mort sur ses bras.
Jean-Marc Warszawski
Modifié le 18 janvier 2004
Modifié le 30 novembre 2008
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Mardi 25 Juin, 2024