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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte : la musique instrumentale en Allemagne de Beethoven à Schubert.

Sonate pour violoncelle et piano opus 69 (no 3), de Ludwig van Beethoven

La musique de chambre de Ludwig van Beethoven.

Sonates pour violoncelle et piano : opus 5 (nos 1-2) ; opus 69 (no 3) ; opus 102 (nos 4-5).

beethoven

Chef-d’œuvre de la période « héroïque » et médiane (1807-1808), l’opus 69 en la majeur reste un peu la favorite des violoncellistes comme du public. C’est une période faste dans la création beethovénienne, celle qui voit naître notamment les 4e, 5e et 6e symphonies, les deux derniers concertos pour piano et le concerto pour violon. Remarquable par la qualité des idées musicales comme par l’équilibre obtenu entre les deux instruments, cette sonate « a la force, l’économie et l’invention originales des œuvres de la maturité » (Claude Rostand).

À l’inverse des deux précédentes, elle « s’ouvre directement par un allegro, et lui fait défaut un véritable mouvement lent. Elle abandonne également le discours pathétique des deux premières sonates ainsi que les conflits thématiques, en faveur d’une respiration plus naturelle, d’un lyrisme tendre qui lui confèrent son cachet particulier. »179

Le ton de l’œuvre est donné d’entrée, avec l’énoncé par le violoncelle seul d’une sublime mélodie. C’est le premier des trois thèmes sur lesquels vont se fonder les développements du magnifique allegro ma non tanto initial, mouvement dont on peut dire « qu’entre bien d’autres premiers mouvements de Beethoven celui de cette sonate s’est fondu en un monologue expressif de la plus poignante beauté » (Jean Witold). Lui succède un scherzo tout à fait original, qu’on pourrait prendre pour un quasi menuetto. Vient ensuite un très bref adagio cantabile, aux effusions très retenues, qui n’est guère plus qu’un interlude avant le superbe allegro vivace final où, à côté du brio de l’écriture, et conformément à l’esprit général de l’œuvre, dominent les qualités mélodiques. Sous la dédicace du premier exemplaire imprimé de cette sonate opus 69, Beethoven avait « inscrit : « Inter lacrymas et luctum » (« Dans les larmes et la douleur »), sans doute une allusion à son état d’âme, car ces mots sont impropres pour décrire une œuvre d’une calme solennité et d’une expression émotionnelle si complexe et si modérée à la fois ».180 C’est dire que si l’œuvre cache un drame, elle le fait décidément bien…

Ludwig van Beethoven, Sonate pour violoncelle et piano opus 69 (no 3), 1. Allegro ma non tanto, 2. Scherzo. Allegro molto, 3. Adagio cantabile, 4. Allegro vivace, par Antonio Meneses et Maria Joao Pires (enregistrement de concert).

 

plumeMichel Rusquet
26 novembre 2019

© musicologie.org

 

Notes

179. Tranchefort François-René, Guide de la musique de chambre, Fayard, Paris 1998, p. 62.

180. Szersnovicz Patrick, dans « Le Monde de la musique » (265), mai 2002.

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