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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte —— La musique instrumentale de Beethoven à Schubert.

La symphonie no 2, en re majeur, opus 36, de Ludwig van Beethoven

Symphonie no 2, en re majeur, opus 36, 1. Adagio molto - Allegro con brio, 2. Larghetto, 3. Allegro, 4. Allegro molto, composée en 1801-1802, créée le 5 avril 18031 au Theater an der Wien, sous la direction du compositeur, dédicacée au prince Carl von Lichnowsky.

Composée en 1801-1802, et terminée entre l’été et le début de l’automne 1802, donc juste avant le fameux « testament d’Heiligenstadt », la deuxième symphonie ne porte aucune trace des tourments du musicien à cette époque. C’est « l’œuvre d’un maître consommé qui règle ses comptes, ou prend congé, avec la tradition symphonique classique avant de s’embarquer pour un voyage musical sans précédent. Cette page où éclate la puissance du rythme beethovénien, ce fut la symphonie de Beethoven préférée de Debussy, regarde à la fois vers le passé et vers l’avenir. Solidement ancrée dans les dernières symphonies de Haydn et de Mozart, elle anticipe sur le développement ultérieur de Beethoven par ses contrastes dynamiques, ses modulations inattendues et son mouvement propulsif — l’attaque « folle », électrisante, de son premier Allegro après quelques mesures d’introduction lente — le tout contrôlé par un classicisme sûr de lui.

Le plus éloquent dans cette deuxième symphonie est l’opposition quasi systématique de trois « blocs » de l’orchestre, les cordes, les bois et les cuivres et le tutti qui les réunit. Chaque thème, chaque développement est ainsi animé de violents contrastes intérieurs. Les oscillations, très rapprochées, des nuances dynamiques sont sous-tendues en permanence par un balancement souvent accusé entre ces blocs. »218

C’est dire qu’après avoir déjà affirmé dans la premièreles voies propres de sa pensée orchestrale, Beethoven inaugure ici, avant même la symphonie « héroïque », son véritable style symphonique. À cet égard, le larghetto, très intense, est un exemple hautement caractéristique de mouvement lent beethovénien ; le scherzo, qui passe comme un éclair avec ses contrastes abrupts, supplante définitivement le « menuet » ; et surtout, il y a cet allegro molto final, d’une fougue et d’une force irrésistibles : « finale jugé « monstrueux » par les contemporains, et qui résout en fait, admirablement les multiples tensions accumulées dans les trois premiers mouvements, en accuse les reliefs, en concentre les énergies, à la manière, déjà, des mouvements terminaux des futures symphonies. »219

Ludwig van Beethoven, Symphonie no 2, en re majeur, opus 36, par la Gewandhaus Leipzig, sous la direction de Kurt Masur

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plumeMichel Rusquet
19 décembre 2019
© musicologie.org

Notes

218. Szersnovicz Patrick, dans « Le Monde de la musique » (270), novembre 2002.

219.  Tranchefort François-René, Guide de la musique symphonique, Fayard, Paris 2002, p. 54.

Les symphonies : no 1, en ut majeur, opus 21 ; no 2, en majeur, opus 36 ; no 3, « héroïque », en mi bémol majeur, opus 55 ; no 4, en si bémol majeur, opus 60 ; no 5, en ut mineur, opus 67 ; no 6, en fa majeur, « Pastorale », opus 68 ; no 7, en la majeur, opus 92 ; no 8, en fa majeur, opus 93 ; no 9, en mineur, opus 125.


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