musicologie
Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte.

Les suites et les ouvertures pour orchestre de Georg Philipp Telemann

Œuvres instrumentales de Georg Philipp Teleman : Introduction - Tafelmusik - Œuvres pour clavier - Œuvres de chambre en solo, duo ou trio - Œuvres de chambre en quatuor . Concertos pour un à plusieurs solistes - Suites et ouvertures pour orchestre.

Sur les six cents ouvertures (ou suites) écrites par Telemann, seulement (?) cent-trente-quatre nous sont parvenues. Un échantillon qui nous permet largement de mesurer la diversité des contributions de Telemann à ce genre dans lequel il choisit le plus souvent de privilégier l'esthétique française, mais en y introduisant une grande variété dans les ingrédients retenus et surtout dans l'habillage orchestral. Celui-ci va du simple ensemble de cordes à des distributions intégrant divers instruments à vent (jusqu'aux trompes de chasse), en passant par des pages où certains instruments se voient appelés à évoluer en solistes.

Dans tout cela, peu ou pas d'œuvres vraiment essentielles (les meilleures de ces ouvertures sont probablement les trois figurant dans la Tafelmusik). En revanche, ce vaste corpus nous met ouvertement au contact du Telemann porté vers l'humour et l'évocation picturale, un aspect du musicien à ne pas négliger puisque, paraît-il, il affirmait lui-même : « Un compositeur doit être capable de mettre une affiche en musique. » D'où l'intérêt porté à ses nombreuses ouvertures (ou suites) à titres. Des titres souvent français d'ailleurs : La Bouffonne, La Bizarre, La Changeante, La Musette, Burlesque, Burlesque de Quixotte, Les Plaisirs, La Chasse, Le Tintamarre, l'Ouverture tragicomique ou celle des Nations anciennes et modernes, et même La Bourse, où le compositeur entend nous faire participer à l'agitation fébrile (déjà…) des spéculateurs de la Bourse de Francfort. Ajoutons-y, pour faire bonne mesure, la Wassermusik, la Völker-Ouvertüre et la remarquable Alster-Ouvertüre, « brillante partition où, avec le renfort de quatre cors, l'orchestre de Telemann illustre tout un monde naturaliste (cloches, grenouilles, corneilles) ou mythologique (Pallas, Pan, nymphes, etc.) avec humour et de savoureux effets. »14 Dans cette anthologie de pages humoristiques ou picturales, on sera parfois surpris de constater que notre champion de l'alchimie sonore baroque arrive à ses fins avec une grande économie de moyens. Ainsi, certaines de ses ouvertures les plus réussies, comme La Bizarre, La Musette, La Burlesque et (surtout) la Burlesque de Quixotte, ne mobilisent que cordes et continuo.

Suite en fa majeur « La Chasse », Akademie für Alte Musik Berlin.


Suite en fa majeur « Alster-Ouvertüre », 4 cors, 2 hautbois, 2 bassons et cordes, IV. Les Carillons de Hambourg, V. Le Chant des cygnes, VI. Aubade au village des bergers de l'Alster, VII. Le Concert des grenouilles et des corneilles, Akademie für Alte Musik Berlin.


Suite en sol majeur « Burlesque de Quixotte », I. Ouverture, Akademie für Alte Musik Berlin, Stephan Mai (violon).


Malgré l'attrait particulier de ces œuvres à titres, on se gardera d'ignorer un certain nombre d'autres ouvertures qui se signalent par la présence d'un ou de plusieurs instrument(s) soliste(s). On y trouvera des couleurs originales (ouvertures en re majeur pour trompes de chasse et en si bémol majeur pour deux cors de chasse), voire de l'éclat (l'ouverture en re majeur pour deux trompettes et timbales, pompeuse à souhait). Et dans bien d'autres, à la forme près qui est ici celle de la suite à la française, mâtinée de temps à autre d'influences italiennes, on aura l'impression de retrouver le Telemann des concertos : celui qui montre de louables faiblesses pour la viole de gambe (ouvertures – l'une et l'autre en re majeur — pour viole et pour viole et deux hautbois), pour la flûte à bec (ouvertures en la mineur — une des plus justement célèbres — et en fa mineur, celle-ci étant pour deux flûtes), ou encore pour le hautbois (ouvertures pour deux hautbois en re majeur et sol mineur).

Suite en sol mineur pour 3 hautbois, basson et cordes; I. Ouverture, II. Rondeau : Gaiement; The English Concert (Trevor Pinnock); Paul Goodwin, Lorraine Wood, Sophia McKenna, Alberto Grazzi.


Suite en ut majeur, 3 hautbois, 2 violons, alto et continuo, Concentus Musicus Wien (Nikolaus Harnoncourt).


Suite en la mineur, Flûte à bec, cordes et continuo, I. Ouverture, The Orchestra of the Age of Enlightenment (Monica Huggett).


Sans doute faudrait-il faire aussi une petite place à diverses ouvertures à effectif restreint où, peut-être pour des exécutions en plein air, notre musicien choisit de se passer d'orchestre et de continuo, comme ces quelques œuvres dans lesquelles il réunit une paire de cors, une autre de hautbois, en leur associant un basson dans le rôle de basse

continue. Mais, on l'aura compris, une vie ne suffirait pas à faire le tour de Telemann …

Biographie de Georg Philipp Telemann

Notes

14. Macia Jean-Luc, dans « Diapason » (467), février 2000.

Michel Rusquet
2016


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Samedi 27 Janvier, 2024