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3 janvier 2011, par Jean-Marc Warszawski ——

Les Danzas Cubanas d'IGnacio Cervantes

Don't Touch Me : Ignacio Cervantes, Danzas Cubanas. Donna Coleman (piano). Disques Out Bach CN001, 2010.

1. Zigs-Zags ; 2. Un requerdo ; 3.La encantadora ; 4. Siempre sì ; 5. Amén! ; 6. La celosa ; 7. No bailes más! ; 8. Ilusiones perdidas ; 9. Vuelta al hogar ; 10. Adiós a Cuba ; 11. El velorio ; 12. Decisión ; 13. Se fué y no vuelve más ; 14. ¡Lejos de tì! ;  15. La Cortesana ; 16. Intima ; 17. Homenaje ; 18. Mensaje ; ¡19. Te quiero tánto! ; 20. No me toques ; 21. Picotazos ; 22. La glorieta ; 23. Interrumpida ; 24. Los tres golpes ; 25. Invitation ; 26. ¡PSR! ; 27. Duchas frias ; 28. Pre Qué, Eh? ; 29 ; Cri-Cri ; 30. Improvisada ; 31. La carcajada ; 32. Almendares ; 33. Gran Señora ; 34. Amistad ; 35. Tiene que ser ; 36. No Llores Más ; 37. Soledad - La solitaria.

Enregistré entre juin 2006 et juin 2007, avec entre temps, dit la pochette, un pouce cassé. La dernière plage a été enregistrée en décembre 2009.

Le plaisir, tous les plaisirs sont avant tout une question de diversité et de prolixité. Le plaisir s'épanouit dans le brouillonnement des hasards qui s'offrent à nous, qui étendent nos goûts et nos envies.

On peut être tiraillé entre nos expériences goûteuses et les normalisations qui au confessionnal, à l'école, dans la critique de disques, normalisent et hiérarchisent, en distribuant bonnes et mauvaises notes, et même les coups de cœur, comme si une telle chose était communicable.

Bien entendu, dans les diversités qui murissent le goût, découvertes et surprises ont les grands rôles. Il n'y a donc en fait, rien d'écrit d'avance qui permettrait ainsi la cotation de supposées valeurs musicales.

Du coup nous voici en manque de discours pour dire combien l'enregistrement des Danzas Cubanas d'Ignacio Cervantes par Donna Coleman est bel événement discographique.

Ignacio Cervantes est né en 1847 à La Havane, et se met au piano, instrument européen qui enthousiasme les bourgeoisies mélomanes du monde entier, mordues de virtuosité et de musiciens hors du commun. Liszt et Chopin brillent au firmament, mais encore Sigismund Thalberg ou Alkan  ont leur place au panthéon céleste.

Les professeurs d'Ignacio Cervantes sont aussi des musiciens célébrés, notamment Louis Moreau Gottschalk, originaire de Nouvelle-Orléans, né de père allemand et de mère créole de Saint-Domingue. Comme son maître, Cervantes passe plusieurs années à Paris, où il étudie au Conservatoire avec Antoine-François Marmontel. Il prend aussi des cours avec Charles Valentin Alkan, personne énigmatique à la virtuosité ébouriffante, qui partage avec Chopin les élèves les plus fortunés de Paris.

Cervantes revient à La Havane, et mène une belle carrière de pianiste compositeur, essentiellement hors de son île, où il est indésirable en raison de ses sympathies pour les indépendantistes.

Donna Coleman, pianiste américaine vit en Australie. Professeure recherchée, elle enseigne à l'Université de Melbourne. En 1990, elle a, depuis son continent perdu du fin fond de la terre, envoyé une magnifique ambassade au monde, avec l'enregistrement de pièces pour piano de Charles Ives, dont la Condord Sonata (Ecetera Records).

Quant au piano, ce n'est pas un produit de la grande tradition de facture occidentale, comme le Pleyel de Chopin, le Érard de Liszt, le Steinway de tout le monde, ou le Fazioli des marginaux raffinés, voire un piano historique cubain d'époque, mais un C 7 Yamaha, fleuron de la technologie industrielle japonaise.

Le catalogue de la maison de disques « Out Bach » (jeu de mots sur Out-Back, région désertique d'Australie) semble de limiter pour le moment à ce seul enregistrement.

J'avais écrit diversité et découverte : le tout est une réussite musicale rare, pour l'intérêt et la curiosité que suscitent ces compositions, la majesté sereine de l'interprétation, le son, la présentation.

Je ne dis rien de la musique, parce que j'ai écrit « découverte » (les œuvres de Cervantes ont déjà été enregistrées... mais c'est tout de même assez très confidentiel, bien que le compositeur soit célébré à Cuba). C'est donc un cas où il est préférable de faire d'abord l'expérience sensible des oreilles avant celle des mots de l'intelligible.

Seulement un mot : si vous pensez « musique du monde », vous avez tort. C'est ici tout le contraire de la fabrication industrielle internationalisante qu'on nomme ainsi aujourd'hui. La musique de Cervantes n'est pas dans la soumission à une norme type meuble Ikéa dont sont meublées toutes les séries B pour passer partout chez soi. On serait plutôt dans la récupération sensible et locale d'une grande tradition pianistique qui de l'Europe, s'impose alors au monde... mais aussi, tout comme en Europe, qui se tourne vers ses traditions dites populaires.

Je suis sûr que vous entendez déjà quelque chose !

Biographie d'Ignacio Cervantes

Jean-Marc Warszawski
3 janvier 2011


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