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Frédéric Léolla, 3 novembre 2025

Sexe et opéra (XIX. 13) La Rondine (L’hirondelle)

La Rondine, Center State Theatre , New York 1993.La Rondine, Center State Theatre , New York 1993.

Comédie lyrique en 3 actes de Giacomo Puccini, sur un livret de Giuseppe Adami d’après Alfred Maria Willner et Heinz Reichert, créé le 27 mars 1917 à l'Opéra de Monte-Carlo.

Magda, courtisane de luxe, est soutenue par le riche Rambaldo. N’ayant jamais connu le vrai amour, elle tombe amoureuse du jeune Ruggero et décide de vivre avec lui. Lorsque Ruggero demande à ses parents leur consentement pour épouser Magda, celle-ci s’oppose en raison de la vie qu’elle a eue avant de le connaître et le quitte.

Oui, ici elle s'assume, notre courtisane, et du coup, elle ne fait plus d'histoires. Même pas un drame. Mais un bon prétexte pour mettre en exergue Paris et la France — n’oublions pas que le dernier acte a lieu sur la Côte-d’Azur — comme haut lieu du plaisir, ce qui, dans l’imaginaire du public masculin bourgeois de l’époque était peut-être tout bonnement synonyme de prostitution.

Ce qui est aussi curieux est l’évocation de l’ennui que les trois courtisanes présentes au premier acte ont toutes trois senti dans leurs jeunesses respectives, avant de devenir des « professionnelles ». Serait-il donc « l’ennui » le seul motif pour se prostituer ?

Dans tous les cas, c’est le stigmate de la prostitution qui, encore une fois, est l’obstacle inévitable entre les amoureux. Sauf qu’il n’y a point de tragédie, mais simplement, comme dans la vie, un déchirement. Signe sans doute d’une évolution dans les mœurs, puisque l’évocation de la prostitution n’implique pas la mort de la protagoniste, juste un rejet bourgeois.

Costume pour Doretta (jouée par Carol Neblett) dans La Rondine, par Leo van Witsen, 1973.Costume pour Doretta (jouée par Carol Neblett) dans La Rondine, par Leo van Witsen, 1973.

Avouons-le : malgré des pages remarquables (Chi il bel sogno di Doretta, quelques phrases ici et là, la fin de l’opéra…) nous ne nous trouvons pas devant l’une des œuvres majeures de Puccini. Il est vrai que le livret, sorte de Traviata diluée dans de l’eau d’opérette viennoise, ne l’y incitait guère. Pour le même sujet et les mêmes enjeux, une œuvre contemporaine comme Sapho de Massenet, Cain et Bernède à partir d’Alphonse Daudet (voir « Sexe hors mariage »  ), semble plus fine, plus aboutie, et dans le livret et dans le traitement musical des méandres psychologiques des personnages, entre l’acceptation de la norme sociale et le cri de l’amour.

Giacomo Puccini, La Rondine, « Chi il bel sogno di Doretta », Angela Gheorghiu, Radio Filharmonisch Orkest, sous la direction de Paolo Olmi.
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Frédéric Léolla
3 novembre 2025

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ISSN 2269-9910

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Lundi 3 Novembre, 2025 3:23