Résumé : Nous retrouvons comme d'habitude deux pianos de Pleyel au square d'Orléans no 9 dans l'appartement de Chopin pendant son séjour à Paris du 28 novembre 1845 au 26 mai 1846.
Il n'y a aucun doute sur l'identité de ces pianos, ce sont :
Le piano à queue PP no 12360, en acajou moiré, au magasin en décembre 1845 pour 1 800 fr. et vendu à Mr Lebrun à Paris le 12 juin 1846 pour 1 650 fr. .
Le piano à cordes obliques PP no 12109, en acajou chenillé, au magasin en septembre 1845 pour 1 100 fr. et vendu au comte de Solère à Paris le 29 juin 1846 pour 950 fr..
Chopin revient du Berry à Paris le 28 novembre 1845 alors que sa compagne le rejoindra le 10 décembre. Ils y resteront jusqu'au 6 mai pour Sand et 26 mai pour Chopin.
Chopin prendra un nouveau piano à queue, le no 11265 de l'hiver précédent étant vendu en septembre 1845 et le piano no 11527 au Berry étant loué en décembre 1845.
On peut d'abord rejeter les pianos suivants : le PP no 11932 est mis à disposition de Mlle Mattmann, le PP no 11991 est prêté longtemps au pianiste Alexandre Goria, le GPA no 12055 est un piano de concert à 7 octaves qui sera envoyé à Barcelone et le PP no 11225 subit une double vente.
Le piano à queue PP no 12321, en acajou chenillé, est au magasin à la fin octobre pour 1 900 fr.. A l'inventaire au 1er juillet 1846 pour 2 000 fr. (!), il est vendu le 10 juin 1847 pour 1575.-. Ce piano a une date de vente bien tardive et il fait partie des derniers pianos à queue à 6 octaves 2/3.
Le piano à queue PP no 12360, en acajou moiré, à 6 octaves ¾, verni au 29 novembre et harmonisé au 6 décembre, est au magasin le même mois pour 1 800 fr.. Il est vendu à Mr Lebrun à Paris le 12 juin 1846 pour 1 650 fr.. Les sept autres pianos à queue de la série, du no 12359 à 12366, sont vendus immédiatement. Il s'agit donc clairement ici d'une mise à disposition de ce piano à un artiste.
Les dates du 12360 sont très pertinentes : à nouveau une harmonisation juste après l'arrivée de Chopin à Paris et une vente peu après son départ de Chopin. Et on tiendra compte qu'il est très probable que le mot sous « Lebrun » soit le nom de notre artiste : après traitement, on peut reconnaître le haut de la lettre h, on distingue clairement la lettre o et le pied de la lettre p et l'autre trait vers le bas est le décoratif de fin de mot fait souvent par Pleyel.
Le piano à queue PP no 12360, en acajou moiré, est sans hésitation le piano de Chopin au square d'Orléans du début décembre 1845 au 26 mai 1846.
La présence d'un piano droit, par un témoignage d'une élève se rapportant à mars 1846, confirme s'il le fallait les propos de Mikuli déjà évoqués :
Au milieu de la pièce se trouvaient deux pianos : un piano à queue, l'autre droit, tous les deux des Pleyel, d'une belle sonorité et d'un beau toucher… de temps en temps il s'asseyait au second instrument et il jouait tout doucement en improvisant un accompagnement48.
Il s'agit d'un nouveau piano car le pianino no 11380 de l'hiver 1844-45 a été loué en juin 1845.
Nous avons une liste de sept candidats. Nous éliminons le pianino no 10920 mis à la disposition d'Escudier, le vertical à cordes droites no 11706 chez Camille Pleyel, les pianos obliques PP no 12105, à disposition d'Onslow, et PP no 12179, qui sont vendus les 7 et 9 mai, ce qui est trop tôt. Les trois restants sont :
Le piano oblique GP no 10747, en acajou chenillé, terminé le 23 août, au magasin en septembre pour 1 600 fr., est vendu le 29 août 1846 à Mr Coivrot à Cosme pour 1 365.-. Cette date de vente est assez tardive.
Le piano oblique PP no 12109, en acajou chenillé, à cylindre recouvrant et ballustre, terminé au 30 août, il est au magasin en septembre pour 1'100 fr.. Sous l'ancien nom de l'acheteur figure le mot Chopin. Il est vendu le 23 juin 1846 à Mr le Comte de Solère à Paris (Louvres) pour 950 fr.. (à noter que la première vente, barrée, était le 25 mai, veille du départ de Chopin pour le Berry).
Le piano oblique PP no 12256, en acajou moucheté, au magasin en octobre pour 1'200 fr. avec l'indication « Inventaire » dont le texte au-dessous au crayon est indéchiffrable (il y a peut-être un « Ch » mais par contre pas de « p »), est vendu le 20 juillet 1846 à Mr Delpiche pour 950 fr..
Quoiqu'il en soit, l'indication « Chopin » assez nette au crayon ne laisse pas de doute : c'est bien le piano oblique PP no 12109 dont l'artiste disposait cet hiver 1845-1846.
48. Rambeau, p. 732, témoignage d'une élève écossaise anonyme tiré de « Chopin », James Cuthbert Hadden, Dent, (Londres, 1903)
Alain Kohler, 2013
Introduction — Chapitre 1 : Méthodologie et caractéristiques générales — Chapitre 2 : Les archives Pleyel — Chapitre 3 : La recherche des pianos par période : Nohant été 1839 et Paris 1839-1841 ; Nohant été 1841 et Paris 1841-1842 ; Nohant été 1842 et Paris 1842-1843 ; Nohant été 1843 et Paris 1843-1844 ; Nohant été 1844 ; Paris 1844-1845 ; Nohant été 1845 ; Paris 1845-1846 ; Nohant 1846-1848 ; Paris 1846-1847 ; Bibliographie sélective.
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Jeudi 30 Mai, 2024 17:48