Pictures, œuvres de Liszt, Debussy, Moussorgski, Juliana Steinbach (piano), Pavane 2015.
Enregistré Salle Molière à Lyon, 18 avril 2011.
Ce cédé est en quelque sorte une reprise, du verbe reprendre, car Juliana Steinbach a déjà enregistré en concert Les tablaux d'une exposition, de Modest Moussorgski, les Estampes et L'isle joyeuse de Claude Debussy (Paraty, 2010). Entre temps, elle a gravé de ce dernier d'autres Images et la Suite bergamasque (Guenuin 2012), avec les Talweg, les trios avec piano de Johannes Brahms (Pavane 2014). Cette fois, il s'agit de l'enregistrement d'un concert public donné dans la mythique Salle Molière de Lyon en 2011.
Les notes d'intention des artistes ne sont pas toujours réussies, d'abord parce que cela rompt un peu le mystère des personnages de et en scène, que souvent elles n'échappent ni à l'anecdote, aux réflexions personnelles sans grand intérêt sur sa personne où aux digressions un peu fumeuses un peu mystiques, ou aux justifications inutiles, l'artiste n'ayant pas à se justifier.
Pour une fois, on a tout intérêt à lire ce que Julia Steinbach écrit de son programme. C'est bien tourné, elle sait utiliser le terme « enregistrement sur le vif », plutôt que la laide et paresseuse anglophonisation de la chose, signe d'élégance et d'un caractère volontaire.
Mais surtout, elle fait un très judicieux rapprochement qui n'est pas nécessairement évident, entre Franz Liszt et Modest Moussorgsky dans la mixture musicale de Claude Debussy, enjeu démonstratif du concert de 2011 et de sa gravure aujourd'hui. Les pluies d'arpègements et de trilles de l'un, les cloches de l'autre. En effet, l'un des caractères de la russophilie musicale réside dans ces cloches, pas seulement leur volée comme dans l'Ouverture 1812 de Piotr Illitch Tchaïkovski, où leur présence dans de nombreuses œuvres de Chostakovitch, mais également dans les sonorités et les thèmes en carillon (ce qu'Arvo Pärt tente d'essentialiser), comme celui des Tableaux dont on retrouve l'esprit dans les Images de Claude Debussy.
Malgré la magnifique acoustique de la salle Molière, on pourra parfois trouver le piano un peu dur dans le médium aigu du piano. Ce n'est peut-être pas pour déplaire à la pianiste, qui joue comme elle écrit, volontaire... mais aussi élégante.
Sortie 1er septembre 2017.
Voir : La pianiste Juliana Steinbach clôt avec exubérance la saison Blüthner Claude Debussy, Images I, « Hommage à Rameau », plage 3, extrait.
Franz Liszt, 1. Jeux d'eau à la Villa d'Este
Claude Debussy 1862-1918, Images I, 2. Reflets dans l'eau, , 3. Hommage à Rameau, 4. Mouvement, Images II, 5. Cloches à travers les feuilles, 6. Et la lune descend sur le temple qui fut, 7. Poissons d'or, 8. L'Isle joyeuse, Modest Moussorgski, Tableaux d'une exposition, 9. Promenade, 10. Gnome, 11. Le vieux château, 12. Les Tuileries, 13. Bydlo, 14. Ballet des poussins dansleur coque, 15. Samuel Goldenberg et Schmuyle, 16. Promenade, 17. Le marché de Limoges., 18. Catacombe, 19. La cabane sur les pattes de poule, 20. La grande porte de Kiev.
Jean-Marc Warszawski
6 juillet 2017
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