Nice, 14 décembre 2013, par Jean-Luc Vannier ——
Stéphanos Thomopoulos. Photographie © Alexis Machairas.
C'est dans les salons du Palais de la Méditerranée à Nice que la Communauté orthodoxe grecque organisait, vendredi 13 décembre sans superstition, les célébrations de leur fête patronale, en présence de Sa Sainteté le Patriarche œcuménique Bartholomée et de l'Ambassadeur de Grèce en France. Après un verre d'Ouzo offert en guise de bienvenue, les trois cents invités gagnaient leur place pour entendre, pas toujours dans le silence requis pour un concert, leur enfant prodige : Stéphanos Thomopoulos, l'incarnation d'un « phénomène » pianistique relevé lors d'un récent concert à l'Institut hongrois de Paris . Au programme de celui qui enseigne et coordonne désormais le Département de piano au Conservatoire à Rayonnement Régional de Nice, figuraient Le vent (opus 15, no 2, 1837), une œuvre de Charles Valentin Alkan dont on célèbre cette année le bicentenaire de la naissance , des Chansons grecques du compositeur plus contemporain Iannis Xenakis et, dans un registre nettement plus romantique, Après une lecture de Dante de Franz Liszt, joué sans partition sur un piano Julius Blüthner.
Stéphanos Thomopoulos. Photographie © Alexis Machairas.
Un répertoire qui a permis de montrer et d'apprécier, à condition — hélas de tendre un peu l'oreille, toute l'éblouissante virtuosité du soliste, dont les mains, aussi aériennes qu'une plume, virevoltent au long des acrobaties chromatiques du premier morceau avec d'incessants mouvements impressionnistes de houle. Dans le second, la sensation prévaut de pouvoir discerner, au-delà de certaines atonalités et arythmies caractéristiques des inventions « métamusicales » de Xénakis, des fantaisies ludiques et entraînantes similaires à des comptines de l'enfance. Délicatesse d'un doigté dilatant les sons d'une touche de piano au point d'en laisser découvrir d'innovantes potentialités.
La Communauté orthodoxe grecque de la Côte d'Azur. Photographie © Alexis Machairas.
Plus passionnée fut l'interprétation de la Fantasia quasi Sonata lisztienne, notamment les mesures lentes, d'une remarquable sensibilité : les notes deviennent des soupirs d'une rare élégance, ensorcelante harmonie aspirant l'humain vers des sommets inexplorés de spiritualité. Les bénédictions ecclésiales accompagnant les nourritures terrestres servies à l'issue du concert en auraient presque fait pâle figure.
Nice, le 14 décembre 2013
Jean-Luc Vannier
« Pas croisés » entre Gaëtan Morlotti et Éric Chapelle au musée Marc Chagall de Nice (Nice, 7 février 2013)
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Mardi 11 Octobre, 2022