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223 janvier 2025 — Frédéric Léolla

Hors Mariage

Sexe et opéra (X. 8) : Cavalleria rusticana

Honneur paysan

Cavalleria Rusticana, Finale, « Hanno Ammazzato compare Turiddu ! », représentation au Teatro alla Scala, par Antonio Bonamore , 1891.Cavalleria Rusticana, Finale, « Hanno Ammazzato compare Turiddu ! », représentation au Teatro alla Scala, par Antonio Bonamore , 1891.

Pietro Mascagni, Cavalleria Rusticana, finale, Jolana Fogasová (soprano).

Musique de Pietro, sur un livret de Giovanni Targioni-Tozzetti et Guido Menasci d’après une nouvelle de Giovanni Verga, créé en 1890, Rome, Teatro Costanzi.

L’honneur, c’est le sexe de la femme, c’est bien connu. Une femme qui perd sa virginité avant le mariage perd aussi son honneur. Un homme dont la femme couche avec un autre perd son honneur.

Cela exacerbe les passions, autant la sensualité que la haine. Cela crée des remords, des fragilités, des envies insensées de vengeance, des états de colère et de nervosité qui sortent les pauvres humains de leurs gonds.

De là le ton exalté qui parcourt l’œuvre. Et la sensualité du sexe dans tout ça ? À peine dans deux fragments (mais quels deux chefs-d’œuvre !), l’aubade du ténor à rideau fermé (« O Lola chai di latti la camisa ») et dans l’insouciante petite chanson (petit bijou mélodique) de Lola (« Fior di giagiolo »). Le reste c’est du « à bout de nerfs », la pression sourdement exercée par la société sur Santuzza, personnage entre tragique et halluciné, ravagé par cette « perte de l’honneur » qui l’obsède, la culpabilise, l’empêche de vivre et de dormir. De là ses aveux (« Voi lo sapete o mamma ») ses supplications (« Ah non Turiddu »), ses rancunes (« Ho da parlarti ») et ses explosions (« A te la mala pascua »), tous états d’âme que Mascagni sait rendre par l’utilisation des registres vocaux et par une admirable fluidité de sa veine mélodique qui sait trouver pour chaque personnage et chaque situation le motif qui convient.

Pietro Mascagni, Cavalleria Rusticana, « Ad essi non perdono ».

Le livret, tiré d’une excellente et très sobre petite nouvelle de Giovanni Verga, est à son tour assez intelligent et assez concentré. On comprend que le public de l’époque pût s’identifier aux personnages. On comprend que ce fût un triomphe colossal le jour de la première. On comprend, de par le beau portrait de Santuzza, de par les superbes mélodies de Mascagni, de par le ton passionné du tout, que ça continue de soulever l’enthousiasme des salles d’aujourd’hui.

Maquette de costume pour Turridu, par Charles Bétout. Maquette de costume pour Turiddu, par Charles Bétout (1969-1945).

Voir aussi  « Adultère »

plume_04 Frédéric Léolla
22 janvier 2025

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Vendredi 31 Janvier, 2025 5:16