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15 octobre 2024 — Frédéric Léolla

Adultère et infidélité

Sexe et opéra (III. 12) : Cavalleria Rusticana

Honneur paysan

Cavalleria Rusticana, Finale, « Hanno Ammazzato compare Turiddu ! », représentation au Teatro alla Scala, par Antonio Bonamore , 1891.Cavalleria Rusticana, Finale, « Hanno Ammazzato compare Turiddu ! », représentation au Teatro alla Scala, par Antonio Bonamore , 1891.

Pietro Mascagni, Cavalleria Rusticana, finale, Jolana Fogasová (soprano).

Musique de Pietro Mascagni, sur un livret de Giovanni Targioni-Tozzetti et Guido Menasci d’après une nouvelle de Giovanni Verga, créé en 1890, Rome, Teatro Costanzi.

Santuzza a couché avec Turiddu et espère donc se marier avec lui. Mais il la trompe avec Lola, qui est mariée avec Alfio. Dépitée, Santuzza révèle l’adultère au mari, Alfio. Celui-ci défie en duel Turiddu et le tue.

J’ai toujours soupçonné que le « compar Alfio » se doutait bien que sa femme le trompait. C’est lui qui le premier avait constaté que Turiddu rôdait près de chez lui (« L'ho visto sta matina vicino a casa mia », « Je l’ai vu ce matin près de chez moi »). Mais il faisait tout pour ne pas s’en rendre compte.

Et paf ! Il y a cette folle de Santuzza qui vient tout lui raconter. Cela donc « se sait », il ne peut plus faire semblant de ne rien voir. Sinon il deviendra « le cocu », le « cornu », figure ridicule et méprisée, presque autant que « l’homosexuel », le « bougre ». C’est pour ça que le pauvre Alfio insiste, menace même Santuzza de mort (« Se voi mentite vo schiantarvi il core »), mais elle persiste.

Et voilà, le joyeux Alfio, lui qui aime les chevaux et la tranquillité, lancé malgré lui dans des hystéries — pardon, non — dans des « histoires » d’honneur, forcé à devenir un assassin.

Pietro Mascagni, Cavalleria Rusticana, « Ad essi non perdono ».

D’ailleurs, sa stretta « Ad essi non perdono », chantée avec Santuzza, est le morceau stylistiquement le plus conventionnel de l’œuvre, bien plus que l’aveu de Santuzza (« Voi lo sapete o mamma ») ou le duo Turiddu-Santuzza ou les deux airs du ténor. Le duo Alfio-Santuzza fait penser à des strette donizettiennes. Le « Ora di morte et di vendetta » du Macbeth de Verdi/Piave, antérieur de quelques lustres, est bien plus sauvage. C’est peut-être parce qu’Alfio chante « ce qu’on doit chanter dans de pareils cas », ce que la pression sociale lui demande de chanter plus que ce qui lui ferait vraiment plaisir. Mais il y a eu sexe entre sa femme et un autre, et ça, c’est impardonnable. N’est-ce pas ? 

plume_04 Frédéric Léolla
15 octobre 2024
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Mardi 15 Octobre, 2024 23:01