Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 1er février 2025 —— Frédéric Norac.
Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Cosi fan tutti. Photographie © Pascal Cholette.
Après son Orphée et Eurydice d’après Gluck de 2019 (vu à l’Athénée en 2023), L’Ensemble Miroirs étendus a voulu relire le Cosi fan tutte de Mozart et Da Ponte au prisme de nos mentalités contemporaines. Dans cette version réduite d’un bon tiers (à peine plus de deux heures), plus de mascarade. L’échange des fiancés se fait en toute conscience et, comme le montre la conclusion, à la fin de l’épreuve, les hésitations restent. Les amants retourneront-ils à leurs premières amours ? La mise en scène ne tranche pas.
Certes la démarche est stimulante, le résultat souvent drôle, voire hilarant. La mise en scène, le jeu d’acteurs, les surtitres modernisés, tout cela contribue à donner une image pleine de vitalité de l’action. L’arrangement non conventionnel de Maël Bailly pour huit instrumentistes, incluant un riche ensemble de percussions, les ondes Martenot, une guitare électrique et un synthétiseur, flirte avec l’humour à la Spike Jones, et offre un commentaire musical plein d’ironie très savoureux. Mais au fond, cette actualisation change-t-elle quelque chose au propos du livret original, à peine réécrit par le metteur en scène Antonio Cuenca Ruiz et simplement quelque peu chamboulé pour l’ordre des numéros, surtout à la fin. D’évidence non. « Tutte » ou « Tutti », cela ne change rien à l’affaire, mais la modernisation a sûrement le mérite de mettre à portée d’un public nouveau, une œuvre qui dans une version plus classique pourrait paraître moins accessible...
Elle est en tous cas, défendue par un excellent plateau qui ne déparerait pas une distribution sur une grande scène lyrique et où se distinguent particulièrement les éléments féminins. Margaux Poguet (déjà remarquée dans le Don Giovanni de Julien Chauvin en novembre dernier) est une éblouissante Fiordiligi à qui n’est hélas consenti que son dernier air « Per pietà », commencé a capella, et dont on regrette que l’arrangeur n’ait eu l’idée de la faire concurrencer par un instrument à vent sur scène beaucoup trop sonore, qui parasite la délicatesse de son émission. Mathilde Ortscheidt ne lui est en rien seconde avec un mezzo richement timbré qui donne à Dorabella beaucoup de caractère. Marie Soubestre possède tout le piquant voulu pour incarner une Despina délurée et un rien poivrote. Du côté masculin, on ne démérite pas non plus. Ronan Nédelec compose un Don Alfonso magnifiquement timbré et apporte une note plus mature dans cet ensemble jeune. Sahy Ratia blanchit quelque peu les aigus de son « Aura amorosa » mais la chante tout de même sans accompagnement avec beaucoup d’élégance et de sensibilité. Quant à Romain Dayez, il possède le baryton solide que réclame Guglielmo et assume avec aplomb de finir le spectacle en slip, sans doute pour punir son personnage un rien trop machiste et sur de lui. Dans la fosse, Fiona Monbet mène l’ensemble avec toute la maîtrise d’une mozartienne accomplie et le spectacle se taille un beau succès sans réserve d’un public visiblement conquis.
Prochaines représentations les 5, 8 et 9 février.
Reprises au Théâtre Impérial de Compiègne le 22 mai et à l’Atelier lyrique de Tourcoing les 5 et 6 juin .
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Lundi 3 Février, 2025 22:28