Avec Schubert, point n’est besoin d’ouvrir un chapitre spécifique consacré aux œuvres concertantes : voilà en effet un genre auquel le musicien semble ne s’être jamais réellement intéressé. Il connaissait certainement les grands exemples mozartiens ou beethovéniens mais, avec Brigitte Massin, il faut croire que c’est l’esprit même du genre concertant, la virtuosité alliée à la compétition, qui lui est resté totalement étranger toute sa vie, puisque finalement il n’inscrira jamais un seul vrai concerto dans le catalogue de ses œuvres.
Il en va tout autrement de la symphonie, genre auquel il s’est attaqué, avec des ambitions manifestes, dès ses dernières années au Konvikt, y revenant au moins treize fois pour ne laisser que sept œuvres achevées (les symphonies nos 1 à 6 et la « grande » no 9), auxquelles il faut évidemment ajouter l’immortelle no 8 (l’Inachevée) qui a tant contribué à sa gloire. Sur ces huit réalisations, six relèvent des années de jeunesse du compositeur (1813-1818) et seulement deux de sa grande maturité. Le plus frappant ici, un peu comme dans les quatuors à cordes, est de voir à quel point, alors qu’il avait trouvé d’emblée dans le Lied son expression personnelle, « il fallut à Schubert symphoniste beaucoup de temps et d’efforts pour se dégager de l’influence des premiers maîtres qu’il s’était choisis. »116 On sait que, pendant les années passées au Konvikt où on jouait quotidiennement des symphonies, le jeune musicien s’était fortement imprégné des œuvres de ses grands prédécesseurs. Résultat : comme l’écrit Brigitte Massin, dans le domaine symphonique, « la pleine originalité schubertienne ne se découvrira que lentement, tant pèse lourdement et longtemps le poids de sa culture et de ses connaissances. Ce peut être un handicap de grandir dans l’admiration, fertile certes mais inhibante, de symphonistes tels que Haydn, Mozart et Beethoven. »117
Symphonies nos 1 (D 82), 2 (D 125) et 3 (D 200).
Symphonie no 4, en ut mineur, « Tragique », D 417.
Symphonie no 5, en si bémol majeur, D 485.
Symphonie no 6, en ut majeur, D 589.
Symphonie no 8, en si mineur, « Inachevée », D 759.
Symphonie no 9, en ut majeur, D 944.
Michel Rusquet
14 mai 2020
© musicologie.org
116. Schneider Marcel, Schubert, « Solfèges », Ed. du Seuil, Paris 1957, p. 143.
117. Massin Brigitte, Franz Schubert, Fayard, Paris 1977, p. 648.
À propos - contact |
S'abonner au bulletin
| Biographies de musiciens | Encyclopédie musicale | Articles et études | La petite bibliothèque | Analyses musicales | Nouveaux livres | Nouveaux disques | Agenda | Petites annonces | Téléchargements | Presse internationale | Colloques & conférences | Collaborations éditoriales | Soutenir musicologie.org.
Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil, ☎ 06 06 61 73 41.
ISNN 2269-9910.
Jeudi 26 Décembre, 2024 15:23