Symphonie no 4 en ut mineur Tragique », D 417
« Si Haydn, et surtout Mozart, se profilaient derrière les trois premières symphonies, c’est à Beethoven que fait penser la quatrième, achevée en 1816 et baptisée plus tard « tragique » par le compositeur lui-même (un qualificatif qui laisse perplexe, malgré une gravité à laquelle la période pessimiste que traverse Schubert n’est sans doute pas étrangère). Ne serait-ce que par la tonalité choisie, ut mineur, Beethoven est présent : c’est, en effet, la tonalité de la cinquième Symphonie. »123 C’est également la tonalité de l’ouverture de Coriolan. « C’est donc une tonalité marquée du sceau de l’affrontement héroïque dans l’œuvre symphonique de Beethoven ; c’est ainsi que Schubert l’a perçue, et c’est le sens qu’il a probablement voulu donner à son œuvre en choisissant cet ut mineur. »124
Et parallèlement, par l’adoption d’un effectif renforcé (avec quatre cors), il a voulu une œuvre plus ample orchestralement qu’à l’accoutumée. Voilà pour les ambitions, et en effet l’œuvre « révèle une vigueur accrue, plus de personnalité, un grand souci de la construction et un essai d’unité. Mais on devine que Franz ne possédait pas encore en 1816 ni assez de savoir ni assez de maturité spirituelle pour exécuter son dessein. C’est du Beethoven hâtivement assimilé, imité avec une application touchante, mais avec une science formelle qui défaille. »125
On pointe en effet du doigt quelques faiblesses, principalement dans les deux derniers mouvements, mais l’œuvre demeure attachante et atteint une certaine grandeur. Surtout, elle ouvre des perspectives intéressantes sur les compositions à venir, en particulier dans un andante qui retient l’attention par ses qualités de construction, ses alternances d’atmosphères et ses transformations harmoniques.
Franz Schubert, Symphonie no 4 en ut mineur « Tragique », D 417, I. Adagio Molto, II. Andante, III. Menuetto, IV. Allegro, Chicago Symphony Orchestra, sous la directrion de Carlo Maria Giulini.Michel Rusquet
10 mai 2020
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123. Parouty Michel, dans Tranchefort François-René (dir.), « Guide de la musique symphonique », Fayard, Paris 2002, p. 691.
124. Massin Brigitte, Franz Schubert, Fayard, Paris 1977, p. 731.
125. Schneider Marcel, Schubert, « Solfèges », Ed. du Seuil, Paris 1957, p. 144.
Symphonies nos 1 (D 82), 2 (D 125) et 3 (D 200).
Symphonie no 4, en ut mineur, « Tragique », D 417.
Symphonie no 5, en si bémol majeur, D 485.
Symphonie no 6, en ut majeur, D 589.
Symphonie no 8, en si mineur, « Inachevée », D 759.
Symphonie no 9, en ut majeur, D 944.
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