Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : Un parcours découverte. La musique instrumentale entre le temps de Bach et celui de Mozart : Autriche.
Georg Matthias Monn (1717-1750) - Ignaz Holzbauer (1711-1783) - Leopold Mozart (1719-1787)
Grand précurseur du classicisme viennois, ses œuvres — sonates et symphonies notamment — eurent une influence directe sur les premières compositions de Haydn. Compositeur officiel de la cour et Maître de clavecin de l'impératrice Marie-Thérèse, il fut une grande figure de la Vienne musicale de l'époque. On raconte que lorsque Mozart, âgé de six ans, se produisit à Schönbrunn, il joua une oeuvre de Wagenseil, le garnement se permettant même de demander au maître de venir lui tourner les pages ! Son œuvre, considérable, couvre tous les genres, du sacré au profane, de l'opéra à la sonate pour clavier, et seule une fraction de son catalogue instrumental a été réellement explorée et révélèe au public (quelques-unes de ses soixante-trois symphonies authentifiées, certaines de ses nombreuses sonates – ou divertimenti – pour clavier, quelques quatuors, un nombre limité de concertos, dont deux pour harpe…). La musique qu'on y découvre est avant tout destinée à divertir, mais elle est pleine de brio, de piquant, d'énergie et de contrastes, et ne dédaigne pas les incursions dans les tonalités mineures ou dans la pure rèverie, même si les touches de tendresse qu'y glisse le compositeur ne vont pas jusqu'à émouvoir en profondeur. Au milieu de ces partitions qui, souvent, annoncent le jeune Haydn, Wagenseil réserve aux auditeurs curieux une vraie surprise avec ses six quatuors de 1764 : on a là de la très belle musique, dotée de remarquables mouvements lents…[et où les] traits haydniens se décèlent en particulier dans les menuets, mais pas uniquement : même vigueur, même concentration de pensée. »1 De plus, ces quatuors, écrits pour trois violoncelles (ou deux altos et violoncelle) et contrebasse, ont une pâte sonore singulière et ne peuvent qu'être doux aux oreilles de ceux qui, trop sensibles sans doute aux fréquences élevées, avouent être parfois à l'épreuve à l'écoute des quatuors « modernes »…
1. Vignal Marc, dans « Le Monde de la musique » (239), janvier 2000.
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ISSN2269-9910
Références / musicologie.org 2016
Samedi 14 Mai, 2016 18:31