La musique instrumentale de Felice de Giardini (1716-1796)
Pour changer, voici un Turinois, qui fit l'essentiel de sa carrière à Londres où il connut d'immenses succès, surtout comme violoniste, et finit misérablement son parcours à Moscou. En tant que compositeur, il oeuvra pour le théâtre mais se consacra au moins autant à la musique de chambre, fournissant nombre de sonates, duos, trios, quatuors et quintettes faisant intervenir des distributions assez diverses. Son style, on s'en doute, se nourrit de diverses influences et cette musique entre deux âges passe pour être séduisante sans laisser beaucoup de souvenirs durables. En fait, le malheureux risque fort de rester surtout dans l'histoire pour la vilaine anecdote que voici : « Manifestement plus rugueux, voire plus revêche que sa musique, ce virtuose du violon refusera un jour de recevoir Haydn (à Londres, en 1792) en déclarant qu'il n'a aucune envie de faire la connaissance de ce chien allemand… Lequel lui rendra la politesse en assistant à son concert du 22 mai 1792 et en notant dans l'un de ses Carnets de Londres qu'il a joué comme un cochon ! »1