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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte.

II. Le xviie siècle baroque.

La musique instrumentale de John Jenkins (1592-1678)

À côté de Lawes, Locke et Purcell, s'il est un nom à faire émerger des brumes anglaises de ce xviie siècle, c'est bien celui de John Jenkins (1592-1678) : fils d'un charpentier mélomane, ce luthiste et violiste demeura longtemps éloigné de Londres, au service de diverses grandes familles du nord de l'Angleterre, puis se retrouva un temps en poste à la cour de Charles II. Toute sa vie, il composa pour des consorts de violes (à 4, 5 et 6 parties), puis pour des ensembles réunissant deux violons, une basse de viole et un continuo, voire des associations originales incluant la lyra-viole. Sa musique « possède des vertus délicates, de celles qui peuvent combiner muscs puissants et fragrances secrètes, rigueur d'écriture (dans le contrepoint des Fantaisies par exemple) et richesse mélodique, le tout exalté par les sonorités parfois veloutées parfois âpres des violes. »1

Des Consorts de sa première époque, fortement ancrés dans le style ancien, jusqu'à ses Fantaisies-airs et autres œuvres plus tardives, où la polyphonie est allégée et les contours mélodiques plus affirmés pour se rapprocher des derniers modèles importés, on comprend que ce provincial ait pu gagner une vraie reconnaissance de ses contemporains, et que sa musique puisse aujourd'hui encore susciter des commentaires poétiquement enflammés tels que celui-ci : « La musique de John Jenkins fait penser à un ciel lugubre, celui d'un orage prêt à éclater avant de changer d'avis, de s'éclaircir ou de s'éloigner. Voilà en effet une musique dense, pleine, au rythme lent, placide, apaisante en surface, mais incroyablement torturée. Son impact émotionnel paraît ainsi découplé de ce qu'on entend. En transformation perpétuelle, transportant l'auditeur à des endroits inattendus sans qu'il s'en aperçoive, avec souplesse et lyrisme, voilà une musique dont on ne s ‘étonnera pas qu'elle ait vu le jour sous le ciel anglais, lui aussi tellement changeant. »2

Fantasia a 5 en majeur et Fantasia a 6 en la mineur, Fretwork et P. Nicholson (orgue).
Fantasia Suite en la mineur, pour 2 violons, 2 violes et continuo, Masques (Olivier Fortin).
Fantasia-Air sets n° 8 en ut majeur, The Locke Consort.

Notes

1. Jean-Luc Macia, dans « Diapason » (407) septembre 1994. 

2. Sephan Vincent-Lancrin, dans « Classica Répertoire » (67) novembre 2004.

Voir également

William Lawes (1602-1645)

Matthew Locke (v.1622-1677)

Henry Purcell (1659-1695)

John Blow (1649-1708)

Christopher Simpson (v.1605-1669)

Jeremiah Clarke (v.1673-1707).


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Lundi 1 Avril, 2024