Par Jean-Marc Warszawski ——

Beauvais, son festival de violoncelle et Beauvais (1)

Les mauvaises ou beauvaises langues disent que ce temps est typiquement un temps beauvaisien : il pleut de bruine à sceaux versés et dans toutes les nuances intermédiaires. Outre son Festival de violoncelle, Beauvais possède deux moitiés de cathédrales. La Basse-Œuvre du X^e siècle a été tronquée pour faire place à la Haute-Œuvre, construite à partir des années 1230, quant à elle privée de nef, le clergé ayant décidé d'arrêter les frais. Elle est d'une élévation vertigineuse, s'est effondrée une ou deux fois, sa flèche démesurée n'a jamais été relevée. Sans nef pour l'arc-bouter, cette cathédrale, la plus aérienne du monde gothique, toute en largeur, a tendance à tanguer des piliers, et il est bien de disserter sur la stabilisation des sols (des marécages asséchés suite à la baisse de la nappe phréatique), de l'utilité ou de l'inutilité du solide étayage intérieur, du danger ou de l'innocuité des balancements de cet énorme vaisseau. Beauvais possède une extension des ateliers des Gobelins où l'on fait donc tapisserie, une importante tradition de fabrication d'objets en grès et céramique, après avoir été une ville de tanneurs et de teinturiers. Ses remparts antiques datent de la fin du iii^e siècle, ils ont peut-être servi de carrière pour la construction de la Basse-Œuvre. Très peu de maisons à pan de bois et en torchis ont été sauvées du bombardement et de l'incendie en 1940.

La cathédrale de Beauvais. Photographie © musicologie.org.

Beauvais : Basse-Œuvre et Haute-Œuvre. Photographie © musicologie.org.

Beauvais : Basse-Œuvre amputée et Haute-Œuvre dont on voit le départ de la nef obturée. Photographie © musicologie.org.

Beauvais Une maison médiévale miraculeusement préservée. Photographie © musicologie.org.

Les membres de l'association qui font vivre le festival de violoncelle de Beauvais, aiment à l'évidence l'histoire de leur ville, et les élus sont à juste titre fiers de la réhabilitation de la Maladrerie, merveilleux ensemble de bâtiments médiévaux ayant été à l'origine ceux d'une léproserie. L'ensemble a été préservé en intégrant après la Révolution et jusque dans les années 1960 une exploitation agricole. Un beau jardin à la médiévale, très habilement entretenu, ajoute au charme du lieu. Le grand bâtiment, transformé en salle d'événementiel, d'une bonne acoustique a été particulièrement bien aménagé, avec un côté chaleureux qui n'est pas toujours an rendez-vous dans ce genre de réalisation.

Le jardin de la Maladrerie de Beauvais. Photographie © musicologie.org.

Bâtiments de la Maladrerie de Beauvais. Il y a encore à faire ! Photographie © musicologie.org.

La grande salle de la Maladrerie de Beauvais. Photographie © musicologie.org.

Cette année, centenaire de la déclaration de la Première Guerre mondiale, le festival, sous la direction dynamique et enthousiaste d'Emanuelle Bertrand, est traversé par le thème de la paix (donc de la guerre aussi).

Sur scène Lluís Claret (violoncelle), Stéphanie Marie Degand (violon) Pierre-Henri Xuereb (alto) et Carmen Martinez (piano) font des raccords pour le concert de la soirée, tandis que Didier Sandre, silencieux et concentré prend ses marques. Ce mercredi 20 mai 2014, ils vont assurer le concert d'ouverture.

Beauvais Dernières mises au point pour le concert d'ouverture. Photographie © musicologie.org.

Rendez-vous pour le concert d'ouverture dans quelques instants.

Jean-Marc Warszawski
27 mai 2014