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13 septembre 2025 — Frédéric Léolla

Sexe et opéra (XIX 9.) : Tosca

Affiche d'Adolf Hohenstein, 1899.Affiche d'Adolf Hohenstein, 1899.

 

Opéra en 3 actes, de Giacomo Puccini, sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa d’après la pièce de Victorien Sardou, créée 14 j janvier 1900, Rome, Teatro Costanzi.

Nous aurions dû peut-être l’inclure dans la catégorie viol, mais la phrase de Scarpia « Violenza non ti farò » nous incline à penser que Tosca est bien forcée à se prostituer, mais qu’il ne s’agît pas là d’un viol puisqu’elle pourrait partir — certes en perdant la vie de Mario, mais partir quand même. Le marché, donc entre Scarpia et Tosca, « vous couchez avec moi et moi je vous paye en graciant votre amant Mario Cavaradossi » est bel et bien une forme de prostitution, toute forcée et tout accidentelle qu’elle soit. Et c’est là tout l’enjeu de la fin du deuxième acte de cet opéra remarquable. De là Puccini tire tout le pathétique de l’air de Tosca Vissi d’arte. Et de là Sardou tire le ressort dramaturgique et psychologique pour faire de son héroïne une homicide. La figure de la prostitution donne encore des fruits. Car cette prostitution forcée permet que le spectateur considère l’homicide de Scarpia comme « tout à fait légitime ». Le spectateur et la spectatrice peuvent encore s’identifier à l’héroïne pendant l’acte suivant.

Giacomo Puccini, Tosca,  « Vissi d’arte », Montserrat Caballé, Orquesta Sinfónica de Barcelona, sous la direction de Carlo Felice Cillario, 1964.

Meta Seinemeyer (1895-1927), dans le rôle de Tosca, Staatsoper Dresden, avril-août 1925. photographie d'Ursula RichterMeta Seinemeyer (1895-1927), dans le rôle de Tosca, Staatsoper Dresden, avril-août 1925. photographie d'Ursula Richter.

Ainsi, la pénibilité de la prostitution, même accidentelle, est évoquée dans le livret, et encore plus dans la musique, par les accents désespérés de la protagoniste. Et par son élan rageur au moment de l’assassinat de Scarpia. La prostitution est donc bel et bien signalée comme la dernière des humiliations, la pire des violences que l’on peut faire à une femme et pas du tout comme une aubaine ou comme une source de plaisir. Ceci, contrairement donc à d’autres opéras antérieurs de la même époque, où seul le point de vue du plaisir masculin est retenu quand on aborde le thème (voir Louise de Charpentier). D’autant plus que, après l’assassinat, la pieuse Tosca essaie de pardonner et d’accomplir certains devoirs religieux envers le mort. Ce qui permet par ailleurs un superbe passage orchestral.

Giacomo Puccini, Tosca, scène finale, Angela Gheorghiu, Roberto Alagna.

Voir : Sexe hors mariage

plume_04 Frédéric Léolla
13 septembre 2025

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