bandeau texte 840 bandeau musicologie 840
16 novembre 2025 — Frédéric Léolla

Sexe et opéra (XIX 17.) : Adiós a la bohemia

Adieu à la vie de bohême

Maquette de scénographie pour Adiós a la bohemia, par Emilio Burgos (1911-2003), 1972.

Musique de Pablo Sorozábaln, sur un livret de Pío Baroja, (16 novembre 1933, Bilbao, Teatro Arriaga ?), 21 novembre 1933, Madrid, Teatro Calderón.

Sorozábal, un des plus notables compositeurs espagnols de zarzuelas, pilier du renouveau du genre dans les années 1920, s’attache ici à deux pauvres êtres, deux jeunes qui ont « mal tourné » : Ramón, le peintre qui n’a pas réussi à faire carrière et Trini, la fille qui a voulu profiter de sa jeunesse et a fini « sur le trottoir ». Comme si le public assistait à une dernière rencontre, une sorte de « 10 ans après », de Musetta et Marcello, les personnages de La Bohème de Puccini et Illica et Giacosa.

L’auteur du livret, Pío Baroja est un écrivain extraordinaire presque inconnu, hélas, au-delà des frontières hispanophones, et dont l’amour pour l’opéra n’était pas un secret. On y trouve un mélange de sarcasme, de douceur et de vivacité.

Pablo Sorozábaln, Adiós a la Bohemia, « Recuerdas Aquella Tarde », Teresa Berganza.

La partition peut parfois paraître cucu, il faut en convenir, mais elle est toujours efficace et touchante, et, par moments, admirable. Et pour un petit opéra des années trente en Espagne, cela est étonnant de voir toute la compréhension, toute la tendresse, voire l’admiration, que librettiste et compositeur portent au personnage de la prostituée de basse étoffe. Ainsi, le génial Baroja confrontait le public opératique à son éternelle contradiction : vous êtes touchés sincèrement par le personnage incarné par la chanteuse (ici la Musetta de Puccini), mais vous rendez-vous compte que, chaque fois que vous croisez dans la vie réelle une sœur de Musetta, vous ne manquez pas de la condamner ?

C’est peut-être pour cela même que le personnage du vagabond, dans une sorte d’anti-prologue de Pagliacci (Leoncavallo), introduit ce petit opéra (« ópera chica » l’appellent compositeur et librettiste, « opéra de poche » pourrait-on traduire) avec un rejet du réalisme qui ne génère que tristesse.

plume_04
Frédéric Léolla
16 novembre 2025.

[suite] [sexe et opéra : index]


publicité section biographiespublicité section actualités publicité section textespublicité section encyclopédie

logo grisÀ propos - contact |  S'abonner au bulletinBiographies de musiciens Encyclopédie musicaleArticles et études | La petite bibliothèque | Analyses musicales | Nouveaux livres | Nouveaux disques | Agenda | Petites annonces | Téléchargements | Presse internationale| Colloques & conférences | Collaborations éditoriales | Soutenir musicologie.org.

Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil. ☎ 06 06 61 73 41.

ISSN 2269-9910.

imagette bas de page no 5

Dimanche 16 Novembre, 2025 0:49