26 mai 2025 — Frédéric Léolla
Tannhäuser und der Sängerkrieg auf Wartburg / Tannhäuser et le concours de chant de Wartburg, crayon et aquarelle, Anton Brioschi, 1909; Hof-Operntheater (Staatsoper) Wien.
Musique de Richard Wagner, sur son propre livret, créé en 1845, Dresde, Semperoper.
Le chevalier poète Tannhäuser se sent prisonnier à Venusberg, le royaume de Vénus, où la bacchanale bat son plein. Après une longue discussion avec la déesse, ce n’est qu’en invoquant la vierge Marie que le preux Tannhäuser réussit à quitter Venusberg et à retrouver les terres de la Wartburg où il avait laissé la femme qu’il aimait, Elizabeth, la nièce du Landgrave. Les amoureux Elisabeth et Tannhäuser peuvent enfin se retrouver. Et tout de suite après a lieu un concours de chant poétique. Lors du concours, alors que Wolfram von Eschenbach chante les joies de l’amour « pur », Tannhäuser ne peut se retenir de le railler en évoquant l’amour sensuel et en avouant qu’il a vécu au Venusberg. Le scandale est tel que Tannhäuser ne pourra plus revenir sans avoir reçu le pardon du pape. Au troisième acte, Tannhäuser revient exténué de son pèlerinage à Rome : le pape a refusé le pardon tant que son bâton papal ne reverdirait pas. Lorsque Tannhäuser apprend en plus qu’Elisabeth est morte en l’attendant, il meurt aussi. Mais, en mourant, les pèlerins apportent une nouvelle miraculeuse : le bâton du pape a reverdi, signe que le pardon a bien été concédé par Dieu à Tannhäuser.
Tannhäuser est un opéra éminemment « sexuel ». Il se base sur la fameuse dichotomie entre « amour pur » et « amour sensuel » chère aux romantiques. S’il ne manque donc pas d’allusions au sexe, c’est en particulier la Bacchanale qui suit directement l’ouverture dans la version de Paris, qui nous intéresse ici.
Richard Wagner, Tannhäuser, « Le Chœur des pélerins », Ponte London Orchestra Singers and Orchestra, sous la direction de Stephen Lam Lik Hin.Tannhäuser im Venusberg, WWilhelmine Schröder-Devrient et Josef Tichatschek lors de la première de Tannhäuser à Dresde en 1845, Dessin certainement de Paul Ludwig Philipp Wilhelm Tischbein, 1845.
L’histoire de cette bacchanale, racontée par Baudelaire, est bien connue. Wagner avait écrit son opéra pour Dresde et sans ballet. Or, grâce à la princesse Metternich, il était possible de le présenter à l’Opéra de Paris. Mais, pour l’opéra de Paris, il était absolument indispensable qu’il y eût un ballet. Wagner a donc décidé d’en composer un pour le tout début, une orgie qui aurait lieu à Venusberg. C’est une des plus ravissantes musiques qu’il n’ait jamais composées. Une des plus ravissantes qu’on n’ait jamais composées.
Hélas, le ballet étant situé au premier acte, les habitués du Jockey-club parisien qui avaient l’habitude d’arriver au deuxième pour assister directement au ballet et admirer les ballerines, ont été frustrés, voire se sont sentis arnaqués et ont décidé de faire de ce Tannhäuser un vrai four.
Dans tous les cas, il nous reste aujourd’hui une musique terriblement sensuelle — devrait-on dire « érotique » ? — qui enchaîne directement avec l’ouverture.
Frédéric Léolla
26 mai 2025
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