17 janvier 2025 — Frédéric Léolla
Jacques Offenbach, Les Contes d'Hoffmann, Gravure colorée (certainement de Louis Ausbourg pour les éditions Choudens), 1881.
Musique de Jacques Offenbach, sur un livret de Jules Barbier d’après la pièce de Jules Barbier et Michel Carré, à son tour d’après les contes de E.T.A. Hoffmann, créés en 1880, Paris, Opéra-Comique.
Hoffmann, poète pauvre, mais génial qui prétend à l’amour de la chanteuse Stella, pendant que celle-ci interprète Don Giovanni, raconte trois histoires à une audience ébahie : celle où il serait tombé amoureux d’une automate, Olympia, « détruite » par une querelle entre ses créateurs. Puis celle où il serait tombé amoureux de la sensible Antonia, morte d’avoir voulu chanter alors que sa santé le lui empêchait. Puis celle où le poète se serait épris de la courtisane Giulietta qui pour prix de ses faveurs lui aurait demandé de lui céder son reflet dans le miroir. Les trois histoires finissent mal pour Hoffmann et pour ses trois amoureuses, car dans les trois un méchant intervient. Lorsqu’il a fini de raconter ses histoires, Hoffmann est ivre. Il ne peut donc partir avec Stella qui s'en va avec le conseiller Lindorf, incarnation des trois méchants des histoires racontées par le poète.
Jacques Offenbach, Les Contes d'Hoffmann, divertissement du 2e acte, illustration de 1881.
Quatre femmes pour un seul homme. De quoi paraître dans bien de rubriques de ce petit livre. Eh bien, non. Les quatre femmes, doit-on supposer, n’en font qu’une. Et des trois histoires que le protagoniste raconte, il n’y en a qu’une qui a le droit d’entrer dans notre répertoire, celle de la courtisane à Venise, Giulietta, que l’on voit en action : au prix d’un diamant que lui offre le méchant Dapertutto, Giulietta se charge de voler le reflet de Hoffmann dans le miroir. En principe pas de sexe, à moins que cette histoire de reflet ne soit une image poétique pour parler de « l’innocence » d’Hoffmann, que Giulietta se chargerait de ravir. Ou encore pour parler de la santé d’Hoffmann, vu que la transmission de maladies vénériennes était à l’ordre du jour. Mais ce sont des suppositions, et ce n’est pas sûr que le public de l’époque — et encore moins celui d’aujourd’hui — y ait vu du sexe dans cette histoire de reflet. Et pourtant il est clair qu’Hoffmann voudrait bien du sexe avec Giulietta. Sinon, à quoi rimerait-il le chant bacchique qu’Hoffmann lance au tout début de l’acte ?
Jacques Offenbach, Les Contes d'Hoffmann, « Les oiseaux dans la charmille », Patricia Janečková (1998-2023), Nouvel an dans le style viennois, Philharmonie Janáček d'Ostrava, sous la direciton d'Heiko Mathias Förster, 7 janvier 2016, Ostrava. Frédéric Léolla
17 janvier 2025
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