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Wien, le 2 octobre 2024 —— Jean-Luc Vannier.

Sonya Yoncheva à la Wiener Staatsoper : « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre »

Sonya YonchevaSonya Yoncheva (Soprano). Photographie © Wiener Staatsoper - Michael Pöhn.

Dans une salle comble de touristes venus pour la plupart de « l’étranger lointain » — Colombie, Qatar, Russie, Arabie saoudite, Chine, Nouvelle-Zélande pour ne citer que celles et ceux que nous avons pu croiser dans le foyer —, la Staatsoper de Vienne proposait mardi 1er octobre dans le cycle « Grandes Voix », un récital exceptionnel de la soprano Sonya Yoncheva. Récital qui n’était pas sans rappeler — d’où l’extrait, inséré dans le titre de notre recension, de « Mon rêve familier » signé Paul Verlaine (1866) — celui qu’elle avait donné en mars 2019 à l’opéra de Monte-Carlo. Elle était cette fois-ci accompagnée au piano — dans une rare complicité dont elle a su finement jouer — par Malcolm Martineau.

Alors que le monde opératique s’apprête à célébrer le centenaire de la disparition de Giacomo Puccini, il était logique que la cantatrice débutât la soirée par une série de mélodies composées par cet auteur : « Sole e amore » (1888), « Terra e mare » (1902), « Mentia l’avviso » (1883) et « Canto d’anime » (1904). Le léger voile qui a couvert les tout premiers airs s’est fort heureusement dissipé pour nous offrir en deux ou trois phrases E l’onda è il vento, E la notte che mi reca… de « Mentia l’avviso » une extraordinaire palette de nuances vocales. Vinrent ensuite, sur un très émouvant O dolce notte, o pallide stelle misteriose, le « A’l Folto Bosco »du compositeur et transcripteur pour piano des œuvres de Giuseppe Verdi Giuseppe Martucci (1856-1909) puis « L’ultima Bacio » et « Ideale » de Paolo Tosti (1846-1916). Si l’interprétation de ce « répertoire » puccinien nous a quelque peu laissé — trop gâté sans doute que nous sommes — sur notre faim, les trois airs pour voix et piano tirés des Seste Romanze I (1838) et Seste Romanze II (1845) de Verdi auront, en revanche, permis à Sonya Yoncheva de montrer toute la richesse, toute la prodigalité lyrique de sa ligne de chant, passant de la densité plaintive dans « In solitaria stanza » à la plus incarnée dans « L’Esule ». Pourquoi une telle différence d’interprétation entre ces deux compositeurs ? Nous n’en savons rien mais la puissance de l’éprouvé — physiquement discernable jusques et y compris dans la gymnique de la diva où elle se montrait plus à l’aise — a réussi à transmettre au public une enivrante sensibilité qui avait fait jusque là défaut.

Après l’entracte, ce sont quatre grands airs dont un « Vissi d’arte » extrait du second acte de Tosca qui, reconnaissons-le, ne nous aura pas laissé un souvenir impérissable : relatif monolithisme du timbre, aigus légèrement forcés. Étonnamment, Sonya Yoncheva s’éclipse juste après alors qu’elle venait d’entamer sa seconde partie pour céder la place à son accompagnateur : lequel a « meublé » comme il l’a pu cette absence apparemment non programmée. La soprano est revenue pour un « Donde Lieta Usci », un des grands airs de Mimi dans La Bohème avant de nous subjuguer par « Un bel di, vedremo », aria de Cio-Cio-San au deuxième acte de Madame Butterfly.

Ovationnée à l’issue de la représentation, il était impensable de ne pas gratifier le public de trois bis dont une « Habanera », jouant « l’oiseau rebelle » avec le pianiste, de Carmen de Georges Bizet avant l’inévitable « O mio babbino caro » extrait de Gianni Schicchi et d’un « Adieu ma petite table » du Manon de Jules Massenet. « Adieu » tout provisoire puisque Sonya Yoncheva a annoncé au public « viennois » qu’elle « sera sur la scène de la Staatsoper dans deux mois ».

Jean-Luc Vannier
Wien, le 2 octobre 2024


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Vendredi 4 Octobre, 2024 20:40