Affiche, lithographie de Mansion A. d'après François Flameng, 1901.
Musique de Jules Massenet, sur un livret d'Armand Silvestre et Eugène Morand, d’après la pièce des mêmes auteurs, d’après un conte de Boccacio, créé eb 1901, Paris, Opéra-comique.
Le mari de Grisélidis parie avec le Diable sur la fidélité de sa femme. Celui-ci va la tenter par tous les moyens, notamment par le biais de son ancien amoureux, le berger Alain. Finalement l’inébranlable fidélité de Grisélidis sera étalée au grand jour, et tout le monde remerciera Dieu — sauf le Diable.
Pourquoi une histoire passablement idiote et passablement rancie comme celle de Grisélidis a-t-elle été retenue par Massenet pour en tirer un opéra ?
Le conte du xive siècle, signé par Boccaccio puis repris par Perrault au xviie siècle, avait déjà servi pour des opéras d’Alessandro Scarlatti, de Vivaldi, de Piccini… Au début du xxe siècle, pouvait-il encore intéresser le public ?
Certes, les mélodies de Massenet sont toujours jolies. Il est inspiré. Et il réussit à faire de Grisélidis un personnage en chair et en os, au-delà d’une pure incarnation de la fidélité et du sacrifice. À un certain moment, elle est tentée de pécher en revenant avec son amour d’enfance. En ce sens elle est très proche de Thérèse, du même compositeur (Thérèse, Massenet/Claretie). Mais si celle-ci revient au bercail et rachète sa « pensée coupable » par un « sublime sacrifice » (complètement inutile, cela dit en passant), Grisélidis est ramenée sur la « bonne voie » grâce à son fils. La mère en Grisélidis évite l’adultère : autrement dit, la maternité comme fondement de la fidélité et de l’institution maritale, bases de la société. Et le tout finit par une exaltation de la croix. On ne peut espérer mieux comme tableau moralisateur. D’autant plus pour un non-croyant comme Massenet.
— Ce à quoi répondrez-vous « non-croyant, certes, mais fin commerçant », Massenet cherchant le succès là où il pût se trouver.
Jules Masenet, Grisélidis, acte 2 « Je suis l'oiseau que le frisson d'hiver... » (Alain), Rolando Villazón, Orchestre Philharmonique de Radio France, sous la direction d'Evelino Pidò. Frédéric Léolla
23 octobre 2024
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