Théâtre de l'Opéra-Comique, Werther, Werther (M. Ibos), se jetant aux pieds de Charlotte (Mlle Delna), au 3e acte, dessin d'Édouard Zier, 1893.
Musique de Jules Massenet sur un livret d'Édouard Blau, Paul Milliet et Georges Hartmann, d’après le roman épistolaire de Johann Wolfgang Gœthe, créé en 1892, à Vienne, Hofoper.
Werther est tombé amoureux de Charlotte. Mais celle-ci a promis à son père mourant d’épouser Albert, ce qu’elle ne manque pas de faire. Le temps passe et Werther est toujours amoureux et Charlotte, mariée, toujours vertueuse. Werther finira par se suicider et mourra entre les bras de Charlotte qui avoue aussi, enfin, son amour pour lui.
Encore un cas de gentil qui fait tout pour que la femme trompe son mari. Ce n’est pas bien, hein ? Mais ne vous en faites pas, il est tellement torturé, notre gentil, qu’il ne peut que mourir à la fin de l’opéra. Et puis la femme est tellement « honnête » que même si elle aurait bien aimé tromper son mari, elle n’y arrivera jamais. Ce qui compte c’est que finalement il n’y a pas d’adultère, puisqu’ils ne couchent pas ensemble — à peine deux baisers, un pour provoquer le suicide de Werther et l’autre pour aider le protagoniste à mourir. Ça va. Tout a été finalement respectable. Et puis dans le public, nous avons tous pu rêver de nos amours impossibles (qui n’en a pas une ou deux ?), nous avons pu nous identifier à notre pauvre Werther ou à la vertueuse Charlotte.
Notons que, d’un point de vue musical, Charlotte, qui avec la collaboration de son légitime mari, Albert, a sa ration de sexe régulière — suppose-t-on — a pendant tout le deuxième acte une attitude sereine, calme. Werther, au contraire, privé de sexe et de tendresse, a du deuxième au dernier acte une attitude — et une musique — fébrile, presque hallucinée. Ce n’est qu’au troisième acte que le « roc Charlotte » se brise — est-ce le mariage qui se révèle plus éprouvant ou moins « satisfaisant » qu’elle ne l’avait conçu ? L’interprétation « sexuelle » pourrait aller jusqu’au bout en supposant que, le temps passant, au troisième acte, Charlotte n’a plus chez elle la sensualité qu’il lui faudrait, et que de cela naît une certaine tendance à la dépression.
Jules Massenet, Werther, « Werther, Werther ! Qui m'aurait dit la place » par Elena ObraztsovaOh, tout cela est bien mesquin de la part de votre serviteur. D’autant plus que, quand elle est bien interprétée, la musique de Massenet est enivrante.
Jules Massenet, Werther, « Pourquoi me réveiller », Jonas Kaufmann, Opéra Bastille 2010, sous la direction de Michel Plasson.Werther, affiche de 1893.
Frédéric Léolla
19 ocrobre 2024
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Vendredi 18 Octobre, 2024 23:04