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1er mars 2024 — Frédéric Norac

Deux Te Deum pour le prix d’un

Te Deum : Charpentier, Desmarest, Jehanne Amzal (soprano), Eugénie Lefebvre (soprano), Clément Debieuvre (haute-contre), François-Olivier Jean (haute-contre), François Joron (taille), Jean-Christophe Lanièce (basse-taille), David Witczak (basse-taille), ensemble Les Surprises, sous la direction de Louis-Noël Bestion de Camboulas. Alpha 2024 (Alpha 1018).

On ne présente plus le Te Deum de Charpentier. L’utilisation des huit premières mesures de l’introduction pour le générique de l’Eurovision l’a rendu célèbre, même chez les publics les plus éloignés de la musique baroque. Il n’en va pas de même de celui de Desmarest dont cet enregistrement constitue une première mondiale. Postérieur à celui de Charpentier que la musicologie situe dans les années 1690, il date sans doute de 1717 et serait celui qu’aurait entendu Maria Lesczinska lors de son passage à Verdun en 1725 alors qu’elle se rendait à Versailles pour épouser Louis xv. À cette époque, le compositeur, banni, était réfugié en Lorraine. Si les deux œuvres nous renvoient à l’esthétique des grands motets de la chapelle royale et de l’ère Lully, celui de Desmarest plus long, découpé en plus de vingt séquences, contre neuf chez Charpentier, montre une liberté d’invention, avec de longs moments méditatifs, multipliant les interventions des voix solistes qui en renouvellent sans cesse l’intérêt. Le chœur chez lui n’intervient pratiquement que dans l’introduction et la conclusion. Celui de Charpentier, plus ancien, paraît plus formel, plus compact, reposant sur de petits ensembles de deux ou trois voix que vient régulièrement soutenir l’ensemble choral.

Les solistes de l’ensemble Les Surprises s’y distinguent particulièrement, et plus encore dans le second qui les met très en valeur, notamment le baryton (basse-taille) Jean-Christophe Lanièce et les sopranos (dessus) Eugénie Lefèvre et Jehanne Amzal mais la haute-contre de François Joron, d’une grande clarté et le ténor central de Clément Debieuvre souple et caressant méritent également mention. Le chœur bien sûr — seize voix incluant les solistes est parfaitement équilibré — donne tout leur relief aux passages brillants, notamment aux deux chœurs d’entrée. Si la pièce de Charpentier cumule depuis sa redécouverte dans les années 1950 une discographie pléthorique, la version des Surprises, claire, vive, aérée tant au plan vocal qu’instrumental le ravive de ses brillantes couleurs. Quant à celle de Desmarest, elle comblera les amateurs de chant par la richesse et la variété de ses petites formes dans un ensemble de très grande qualité et constitue à n’en pas douter l’intérêt majeur de ce CD, révélant une facette supplémentaire d’un musicien à l’inspiration très personnelle.

plume_07 Frédéric Norac
1er mars 2024
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Vendredi 1 Mars, 2024 2:49